Nous étions au milieu de la nuit, et la tension était palpable au commissariat.

Dans le silence le plus total, plusieurs officiers regardaient tour à tour leurs montres et leurs téléphones.

Kumadani fit alors irruption dans la salle avec quelques jeunots derrière lui.

Kumagai

— M. Ôishi, on a les résultats de l'autopsie ?

Pépé est là-bas !

Je suis prêt !

On peut partir pour Gifu, quand vous voulez !

Ôishi

— Nounours, il y a des complications.

Il semblerait que l'identification du corps soit très difficile.

Kumagai

— Quoi, ils n'ont qu'un morceau ?

Ôishi

— Hmmm, en fait...

Le macchabée a été cuit et recuit jusqu'à être bien sec.

C'était une formulation peu sérieuse, mais qui en disait long sur l'horreur que c'était.

Les autres officiers poussèrent de longs soupirs.

Kumagai

— Quoi, du crâne jusque tout en bas ?

Ôishi

— Oui, carbonisé comme il faut.

Il doit schlinguer à mort.

Les pauvres collègues de Gifu vont puer pendant des semaines.

Aucun effet personnel, et complètement carbonisée.

Et en plus, jetée dans la nature dans une autre province...

Si ça se trouve, sans ce gros coup de bol, on aurait mis une semaine à la retrouver et à faire le rapprochement.

C'était une aubaine d'avoir pu la tracer en une nuit.

Ôishi

— En ce moment, Komiyayama a pris quelques jeunots pour réveiller tous les dentistes de la région.

On n'a pas le choix, il nous faut trouver son dossier médical et comparer ses empreintes dentaires.

Ôishi

... Ah, dites ?

Quelqu'un peut aller acheter deux paquets d'ultra mild ?

Un des jeunots se leva illico et courut au prochain distributeur.

Kumagai

— Cette année, on l'a trouvée.

Si ça se trouve, les victimes disparues des autres années ont subi le même sort, vous croyez pas ?

Ôishi

— Nan, ils l'auraient enterrée.

Ou bien lestée et balancée dans la mer ou dans un lac.

Kumagai

— Mais alors pourquoi ?

Jusqu'à présent, il y avait un mort et une personne disparue à chaque fois...

Ôishi

— Nounours, la victime a été retrouvée carbonisée dans un vieux baril en fer, sans marques de séquestrations.

Je pense qu'ils l'ont cramée exprès après en avoir fini avec elle,

quitte à ce qu'on trouve le corps.

Kumagai

— Mais alors... cette année, ils n'avaient pas l'intention de la cacher ?

Ôishi

— Nan, je pense qu'ils ont essayé de faire complètement autre chose, en fait.

J'ai presque l'impression qu'ils veulent qu'on sache qu'ils l'ont tuée.

Kumagai

— Ahan. Une tentative d'intimidation, alors ?

Je croisai les bras et poussai un long soupir de frustration.

Ôishi

— Si on avait trouvé le corps dans le coin, je dirais pas.

Ôishi

Mais là, c'est vachement loin, c'est carrément une autre province.

S'ils avaient voulu nous intimider, ils l'auraient balancée près de Hinamizawa.

Ôishi

Ils veulent nous montrer qu'ils l'ont tuée, mais le lieu du meurtre est trop éloigné pour faire un effet dramatique.

Cette année, j'ai bien l'impression que la déesse Yashiro sait pas trop ce qu'elle veut,

Ôishi

c'est pas sérieux comme travail !

Le silence lourd fut interrompu par la sonnerie d'un téléphone.

L'un des officiers décrocha.

Détective

— Chef,

c'est Komiyayama !

On l'a !

Un traitement pour les dents de sagesses il y a trois ans à la clinique d'Okinomiya !

Ôishi

— Comment est le dossier médical ?

Détective

— On a une radio avec une empreinte très nette !

Ôishi

— Pouh, je suis désolé d'avoir dérangé le dentiste du coin en pleine nuit, mais ça nous aide bien.

Nounours, va chercher le dossier médical et reviens, on y va !

Kumagai

— À vos ordres, Chef !

Détective

— Ah, Chef !

Merci d'être venu travailler si tard.

Takasugi

— Désolé Ôishi, je suis en retard.

Où en est-on ?

Ôishi

— Hmmm, je dirais que les choses sérieuses vont commencer.

Je brûle de savoir ce qu'il va se passer maintenant !

Éhhéhhéhhé !