Délinquant

— Pourquoi c'est nous qu'on se fait arrêter, merde !

Délinquant

— Lâche-moi,

sale bouffon !

Ôishi

— Nounours, tu peux arrêter de les maintenir.

Allons, allons, asseyez-vous, je vous en prie.

L'officier Kumadani, surnommé “Nounours”, relâcha la pression qu'il exerçait sur le jeune homme devant lui. Ses collègues en firent de même, et les trois compères se mirent à rouler des épaules pour faire passer la douleur.

Ôishi

— Éhhéhhéhhé...

Ne vous méprenez pas, hein ?

Ôishi

Officiellement, nous ne vous avons pas arrêtés.

Ôishi

Nounours ?

Tu peux leur servir des boissons fraîches du réfrigérateur ?

Ôishi

Vous préférez quoi, du thé noir avec ou sans mousse ?

Ôishi

Hmmm ?

Assis sur le sofa dans la salle de réception, nos trois garçons cessèrent enfin de hurler, mais tiraient toujours une tête pas possible.

Aaah, si je pouvais à nouveau avoir vingt ans...

Ôishi

— Si vous ne buvez pas, tant pis, mais moi j'ai soif, alors vous m'excuserez ?

Alors alors, elles sont bonnes ces bières ?

Ôishi

MmmMMM !!

Ôishi

Rah, une bonne bibine pendant le service, y a pas à dire, c'est vraiment agréable !

Mon petit manège fit de l'effet. Ils se regardèrent puis prirent chacun une canette.

Ils étaient encore sur leur garde, mais ne voyaient aucune raison de refuser.

Chacun leur tour, ils ouvrirent leur canette et prirent une gorgée.

Ôishi

— Et donc, d'où venez-vous ?

Vous n'êtes pas du coin, je me trompe ?

Éhhéhhé !

Ils se regardèrent à nouveau, ne sachant pas s'ils devaient en parler ou pas.

Ôishi

— Vous êtes quoi, étudiants ?

C'est une sortie entre amis ?

Vous êtes en voyage à moto.

Je vous envie, vous savez !

Délinquant

— ... ... ...

Ôishi

— Vous habitez plutôt loin, non ?

Vous êtes venus depuis où ?

Ôsaka ?

Délinquant

— Qu'est-ce-ça peut vous faire ?

Ôishi

— Allons, allons, pas la peine de me regarder comme ça.

Si je vous avais laissés là-bas, vous auriez eu de sacrés ennuis, vous savez ?

Je peux lire sur leurs visages qu'ils se remémorent ce qu'il s'était passé.

On peut malheureusement faire l'expérience d'un groupe d'élèves ou d'une bande de loubards qui vous prendraient à partie.

Mais se faire entourer par des gens si disparates, ce n'est pas commun.

Je n'avais aucun mal à m'imaginer la peur qu'ils avaient dû ressentir.

Ôishi

— Si vous étiez du coin, vous sauriez qu'il ne faut jamais, au grand jamais chercher des ennuis à quelqu'un de Hinamizawa.

Ils sont bizarres, les gens de là-bas.

Ôishi

Ils ne sont pas du genre à faire intervenir les parents dans les bagarres des gosses, non, ils sont pires.

Si vous touchez à un seul d'entre eux, tous les habitants du village vous attendront au tournant.

Ôishi

Ah non, mais sérieux, je ne suis pas en train de vous raconter des histoires.

Aucune réponse.

Ils l'avaient vécu, ils savaient que je disais vrai.

Ôishi

— À ce propos…

Par ici, quand on cherche des poux à quelqu'un de Hinamizawa, on risque de s'évaporer dans la nature, d'un seul coup, sans laisser de traces.

Ôishi

Les gens du coin appellent ça “l'enlèvement des démons”.

Ôishi

Si vous disparaissiez, vous auriez de la famille qui lancerait un avis de recherche ?

Si vous n'en avez pas, ce n'est pas bon pour nous.

Nous serons obligés de considérer que vous avez fait une fugue.

Éhhéhhéhhé !

D'ailleurs, vous avez de la chance que nous soyons intervenus à temps tout à l'heure.

Un peu plus tard, et je n'aurais pas donné cher de votre peau. S'ils vous avaient entraînés dans une ruelle à l'écart, vous ne seriez pas assis sur ce sofa, mais couchés à la morgue.

Éhhéhhé ! Mais je plaisante, voyons...

Enfin bon.

Je pars du principe que nous aurions la chance de retrouver vos corps. Ce n'est pas toujours le cas dans ce genre d'enlèvements, malheureusement.

Ôishi

— Et donc finalement, vous êtes venus ici comment ?

En train ?

En moto ?

Délinquant

— ... En moto.

Ôishi

— Ouh, c'est pas bon pour vous, ça.

Elles sont restées là-bas, non ?

Si vous y retournez, vous pouvez être sûrs de retomber sur eux, et là ils vous attaqueront tous ensemble !

Délinquant

— Quoi ?

Ha, qu'ils ramènent leurs tronches, on va les exploser !

Mais qu'ils se calment, bon sang...

Les jeunes d'aujourd'hui, vraiment... Toujours à beugler l'un plus fort que l'autre.

Ôishi

— Vous ne voudriez quand même pas en découdre avec tous ces gens ?

Donnez-nous les numéros des plaques,

j'enverrai une patrouille les récupérer pour vous.

Nounours, ramène le véhicule de la fourrière.

Kumagai

— À vos ordres, chef !

Délinquant

— Nan, vous fatiguez pas !

On se débrouillera !

Ôishi

— Dites voir, vous avez sérieusement l'intention d'aller vous faire encercler ?

Nous n'arriverons peut-être pas à temps la prochaine fois !

Délinquant

— ... ... ...

Délinquant

— On va leur mettre une dérouillée !

Qu'ils se pointent !

Ôishi

— Bon eh, vous voulez jouer aux cons ?

Très bien.

Ôishi

Vous venez de boire du thé qui mousse, j'ai des témoins.

Ôishi

Allez sur vos motos et osez voir seulement mettre le contact,

Ôishi

je vous boucle illico pour conduite en état d'ivresse, c'est compris ?

Délinquant

— Roh l'enflure !

Ôishi

— Je suis en train de vous dire que les services de l'État vont se bouger les fesses pour vous rendre service, et vous m'envoyez chier ?

Donnez-nous les numéros de vos plaques, foutez-vous assis et fermez-là, bande de p'tits cons.

Ils y mirent un paquet de mauvaise volonté et me sortirent une histoire ahurissante.

Comme quoi ils les avaient achetées très récemment, et qu'ils n'avaient pas encore vraiment retenu leurs numéros.

Bah, je me doutais bien que c'était pas les leurs. Haaa la la la la...

Ôishi

— Nounours ?

Prends le véhicule de la fourrière et ramène les motos.

Il y a une Yamaha rouge carmin et une autre avec le feu arrière droit cassé.

Et une blanche avec un chewing-gum sur le siège.

Ce sont celles-ci.

Ôishi

C'est bien les vôtres ?

Ils me répondirent par un silence gêné. Bonne réponse, donc.

Kumagai

— Monsieur Ôishi, la fourrière est là, je les accompagne.

Ôishi

— Oui, va, je te fais confiance.

Ah encore une chose, Nounours, viens par ici.

Kumagai

— Oui, chef ?

Ôishi

— Demande au central de vérifier les numéros des plaques.

Il ne faudrait surtout pas embarquer des motos si ce ne sont pas les bonnes...

Les trois gamins devinrent pâles.

Ils sont vraiment facile à lire, ceux-là...

Ôishi

— Bah, installez-vous pendant que la fourrière récupère vos motos.

On a encore des bières, si vous voulez ?

Ôishi

Il doit y avoir des petits trucs salés dans le coin, aussi.

Ôishi

On a aussi la télé si vous préférez ?

Ôishi

Enfin, à cette heure-ci, il n'y a généralement rien de bien folichon.

Délinquant

— Nan, nan, il faut qu'on y aille.

On peut pas passer la soirée ici non plus !

Comme par hasard, six policers en service se trouvaient debout dans les parages.

Du regard, ils leurs intimèrent de rester assis.

Délinquant

— Quoi ?

Qu'est-ce qu'on a fait ?

Vol de véhicule et racket, hein ?

Les jeunes n'ont vraiment que ça à foutre, il faut croire...