C'était Rena.
Elle était là, debout devant nos grilles, à ne rien faire.
Mais depuis quand est-ce qu'elle se tient là-bas ?
Ce n'était pas comme si elle avait sonné et que quelqu'un devait venir lui ouvrir la porte. Elle n'avait pas sonné.
Mais elle restait quand même devant chez moi, à attendre.
Elle devait sûrement se poser la question des risques qu'elle encourait. Elle n'arrivait pas à se décider.
Mais alors... Elle est peut-être là depuis un fameux moment ?!
Je la vis se cacher et tourner en rond de temps à autre. Elle avait l'air mal en point.
Je descendis les escaliers, mis des sandales et bondis dehors.
Rena eut l'air très surprise par mon apparition bruyante.
— Rena,
c'est toi ?
Renaaa !
— ... ... ...
Rena eut un bref soupir de soulagement en me reconnaissant, mais elle redevint très vite triste, et baissa les yeux.
— Eh... Ça fait combien de temps que t'es là ?
— Je sais pas.
Depuis le soir. Depuis qu'il fait sombre, je pense.
Rena était déjà dehors depuis deux jours.
Et pas pour faire de la randonnée et du camping.
Elle était constamment sur les nerfs, persuadée d'être pourchassée par des assassins.
Elle avait l'air d'avoir du mal rien qu'à se tenir debout.
Elle avait plusieurs pansements sur le cou, donc apparemment elle avait essayé de soigner la blessure.
Mais les motifs mignons sur les pansements rendaient l'image d'autant plus éprouvante.
En l'observant un peu mieux, je me rendis compte qu'elle s'était grattée jusqu'au sang un peu partout.
Elle avait plus de blessures qu'hier.
— Écoute, rentrons à l'intérieur.
Je parie que tu n'as pas dû manger grand'chose ces deux derniers jours, je me trompe ?
Alors que je lui faisais signe de la main pour l'inviter, Rena eut un regard un peu bizarre, et elle décina mon offre silencieusement.
Ce n'était pas parce qu'elle ne voulait pas. J'avais l'impression qu'elle pensait qu'elle... qu'elle n'en était pas digne...
— ... Il est trop tard pour moi, Keiichi.
Là, en ce moment,
j'ai des asticots
partout dans le corps.
J'ai envie de me gratter partout... pour les faire sortir.
— Rena, écoute-moi, je suis sûr que c'est une sorte de maladie.
S'il te plaît, repose-toi chez moi, dors chez moi ce soir. Demain matin, à la première heure, on ira voir le Chef à la clinique.
Je suis sûr que lui, il comprendra ta situation, il ne dira à personne que tu es venue te faire soigner.
— Non, Keiichi...
C'est trop tard, je te dis. Je le sais, je le sens.
Tu sais, je comprends maintenant comment M. Tomitake est mort.
Il m'arrive la même chose ; mais pour l'instant, j'arrive encore à me retenir.
... Rena semblait persuadée que quelqu'un lui avait injecté un produit bizarre qui allait la conduire à s'arracher la carotide, tout comme M. Tomitake.
Elle était en train de se persuader toute seule qu'elle devrait le faire, tôt ou tard.
Mais que pouvais-je lui dire ? Elle n'écoutait rien.
Ce qui ne l'empêchait pas d'espérer de tout son cœur que quelqu'un viendrait la sauver.
C'est peut-être ça, sa maladie : celle de voir le mal même dans la main tendue.
C'est une maladie horrible et déchirante...
— ... Je ne sais pas exactement comment ça va se passer, mais... je sais que je n'en ai plus pour très longtemps.
— Mais non, faut pas dire ça !
Tu es l'une des meilleures dans le club, tu ne peux pas mourir d'un petit truc de rien du tout !
— Ahahaha... Merci, Keiichi.
... Enfin bref.
Je... Avant de mourir, je voulais absolument m'excuser.
— T'excuser ?
Mais de quoi ?
— Je... Hier. Hier, j'ai dit quelque chose de vraiment méchant. J'ai dû te faire mal.
Elle faisait sûrement référence à ses dernières accusations d'hier soir.
J'imagine qu'elle avait dû se sentir trahie lorsque l'inspecteur lui avait révélé mes secrets.
Et alors, ma gentillesse avait dû lui paraître louche...
... Je la comprenais.
Moi aussi, j'avais fait exactement pareil...
— Tu sais, moi aussi... Avant, je veux dire, avant de venir vivre ici, j'ai...
fait des choses pas très jolies.
Beaucoup de choses pas très jolies.
— ... Ah ouais ? Je vois...
— Et pas du petit lait comme toi, je n'ai pas tiré sur des gens avec des jouets.
J'ai frappé des gens tellement fort que je leur ai brisé le crâne.
Ils étaient vraiment gravement blessés.
... Et puis aussi, je suis allée à l'école pour casser toutes les vitres. Et puis aussi...
Je sais, Rena... Je sais tout ça.
Mais c'est pas important !
C'était Reina, c'était celle que tu étais avant.
C'est pour ça que tu as changé de nom en déménageant, tu as voulu devenir une autre, “Rena”, n'est-ce pas ?
Pour moi, tu n'étais qu'une fille gentille, qui m'avait beaucoup aidé à me repérer dans le village. Tu étais aussi l'une de mes meilleures amies.
C'était la seule chose qui comptait.
Après tout, peu importait de savoir comment tu étais par le passé...
— ... Tu vois ?
J'ai fait bien pire que toi.
Je n'avais pas le droit de dire que tu n'étais plus mon ami...
— Mais tu sais, Rena... J'ai fait pareil.
— ... ?
— Moi aussi... au début...
quand j'ai su ce que tu avais fait…
j'ai eu peur de toi.
— Oh...
Alors, tu savais ?
Son rire se fit de plus en plus faible.
Elle avait visiblement un choc d'apprendre que son passé qu'elle croyait secret était en fait connu de tous.
— Mais je me suis dit, “Et alors ?”
— ... Quoi ?
— Ben ouais, OK, tu étais une méchante avant de déménager, mais même si c'était le cas.
Tu as vécu aussi après, tu as pleuré, tu as ri. Et depuis que tu vis à Hinamizawa, tu te comportes de manière irréprochable !
Même si tu n'as pas été très sage là où tu vivais avant, tu t'en es repentie, non ? Tu fais attention, maintenant, non ? Alors franchement, ton passé, qu'est-ce qu'on en a à foutre ?
Au bout du compte, tu as changé, tu es devenue quelqu'un de formidable ! Alors ton passé, c'est pas un problème !
Et j'aurais dû m'en rendre compte beaucoup plus tôt.
Rena était Rena.
C'est parce qu'elle était cette fille-là qu'elle était Rena Ryûgû.
J'aurais dû me douter de quelque chose depuis le premier jour, depuis qu'elle m'a demandé de ne pas l'appeler “Reina” !
— Toi aussi, tu as entendu des choses sur moi, non ?
J'étais un connard avant.
Un gamin.
J'ai vraiment regretté ce que j'ai fait, c'était tellement stupide de ma part.
Alors quand nous avons déménagé, je me suis dit que c'était une super occasion pour faire table rase du passé et pour recommencer une nouvelle vie.
Alors à Hinamizawa, je me suis comporté de façon à être fier de moi.
J'imagine que t'as fait pareil, non ?
C'est pas important, ce que tu faisais à Ibaraki !
Ce qui compte, c'est la Rena Ryûgû qui vit à Hinamizawa !
Moi, Reina Ryûgû, je m'en fous !
— ... ... Hmm...
Moui, c'est... Peut-être que tu as raison, oui.
— On a le droit d'avoir plusieurs nouveaux départs, dans la vie !
Mais c'est grâce à ça que l'on vit et que l'on grandit, en faisant des erreurs, en se blessant, en se cherchant désespérément une personnalité, suffisamment bien pour pouvoir se regarder dans la glace tous les matins !
La vie, c'est compliqué, il arrive de tomber sur le chemin, c'est comme ça !
Il ne faut pas en avoir peur. Il faut se relever, plus grand, plus fort.
On ne peut pas regarder les genoux sales de quelqu'un de formidable et décréter qu'il est répugnant ! Ce serait dégueulasse !
On a le droit d'avoir des accidents de parcours !
Et si l'on vit des choses terribles, il faut essayer d'être d'autant plus gentil avec les gens par la suite !
Pas besoin d'aller fouiller pour connaître le passé des autres ! Et si jamais on l'apprend, eh bien, pas la peine de changer sa manière de se comporter avec eux !
Sauf que Rena et moi étions des idiots, et que nous n'avions pas été capables de nous en rendre compte tout seul.
Mion l'avait su, elle, à l'instinct ! Elle trouvait que ça tombait sous le sens !
Nous étions vraiment stupides.
Nous nous sommes fait du mal l'un l'autre pour rien... Tant de larmes versées pour rien...
— Pour moi, Rena Ryûgû a toujours été une amie formidable, elle l'est toujours, et elle le restera toujours !
Si un jour t'as des problèmes... Je serai là pour t'aider. Alors j't'en supplie, Rena, fais-moi confiance...
— Merci, Keiichi.
Je crois qu'à toi, je peux te faire confiance.
... C'était triste à dire, mais Rena était en train de me mentir.
D'ailleurs, elle ne s'en rendait pas forcément compte.
Mais elle ne me faisait pas réellement confiance.
Elle m'avait écouté, mais le message n'était pas passé.
Lorsqu'elle, elle m'avait demandé de lui faire confiance, je l'avais attaquée.
Et elle avait eu beau se répéter encore et encore,
je l'avais frappée derechef,
sans l'entendre, sans comprendre ce qu'elle essayait de me dire.
— ... Comme je te l'ai dit, je me sais condamnée, et c'est pour très bientôt.
Mais je donnerai tout ce qu'il me reste pour sauver ce village. Pour te sauver, toi.
Non, Rena, tu ne comprends pas...
— Je ne les laisserai pas prendre le contrôle du village.
Je me battrai pour retrouver la paix et l'insouciance des dernières semaines.
Crois-moi, je mettrai un terme à leurs plans, tu verras...
J'avais là ma preuve : elle avait beau dire, elle ne me faisait pas confiance.
Je pourrais lui dire mille fois que cette histoire de complot n'était qu'un mensonge de madame Takano, elle ne m'écouterait pas !
— ... En tout cas, merci de m'avoir pardonnée, Keiichi.
Ça veut dire beaucoup pour moi.
Oui, je te pardonne, bien sûr que je te pardonne...
Alors s'il te plaît, toi aussi, pardonne-moi...
— Tu verras, je sauverai Hinamizawa.
... Alors, Keiichi…
Tu veux bien m'aider à le faire ?
À toi, je veux bien faire confiance.
Avec toi, je me sens capable de sauver ce village.
— ... Rena... Renaaaa...
Je savais très bien à quel point elle était poussée à bout par la situation.
Quand j'étais dans sa position, j'avais ma batte tout le temps avec moi, et tous ceux qui me parlaient devenaient automatiquement mes ennemis.
Et celle qui, le plus, a essayé de m'aider, c'était Rena. Et elle est devenue ma pire ennemie.
Mais elle...
Elle était au bout du rouleau, et pourtant…
elle croyait que j'étais de son côté !
Alors que moi, je ne l'ai pas écoutée, je ne l'ai pas comprise ! Je l'ai frappée jusqu'à la mort !
Et pourtant, maintenant que les rôles étaient inversés, elle me faisait confiance ?
Mais pourquoi ?
Comment fait-elle ?
Comment
fait-elle...
— ... Pourquoi tu pleures, Keiichi ?
— ... Pardonne-moi, Rena.
Je te promets que plus jamais, je ne te trahirai.
Je te ferai confiance.
Alors je t'en supplie, pardonne-moi...
— ... Je ne comprends pas trop de quoi tu parles, Keiichi.
Tu me fais confiance, n'est-ce pas ?
Alors je te rends la pareille.
Ce n'est pas une méprise de ma part, quand même ?
J'ai raison d'avoir confiance en toi, n'est-ce pas ? Tu me crois ?
Je me mis à pleurer à grosses larmes.
À travers mes sanglots, je dis oui à Rena, encore et encore, répondant à ses questions.
Rena aussi en eut les larmes aux yeux.
Avant que je ne me rendisse compte de la situation, nous étions en larmes, front contre front.
— Écoute, je...
J'ai trouvé le moyen de gagner cette bataille.
— ... Vraiment ?
— Oui.
Oh, mes chances de gagner sont infimes, mais je pense que c'est la méthode la plus efficace qu'il me reste.
— Rena,
je sais pas comment tu comptes t'y prendre,
mais quand ce sera fini,
est-ce que tu peux me jurer que tout redeviendra comme avant ?
— ... ...
— Tout reviendra comme avant, hein ?
Parce que sinon, je ne veux pas !
Je ne te laisserai pas partir !
— Ahahahaha ! Allons, n'aie pas peur, Keiichi.
C'est un dernier coup, désespéré, mais il nous permettra d'inverser la vapeur.
Je ne voyais pas du tout quelle méthode elle comptait employer.
C'était une idée qui partait de ses délires, et qui devait y retourner.
Si je l'excitais trop avec d'autres idées encore plus folles, elle finirait par croire que je l'agresse.
En tout cas, moi, j'avais été comme ça.
J'avais interprété tous leurs gestes bienveillants de travers.
C'est pourquoi j'avais décidé de ne pas rejeter en bloc ce que Rena racontait.
C'était sa bataille à elle.
Elle devait se battre toute seule contre les illusions qui l'avaient rendue folle.
Si j'essayais trop fort de l'aider, cela ne ferait qu'empirer les choses, elle penserait que je lui veux du mal.
Mais je voulais rester à ses côtés !
Pour pouvoir lui tendre la main dès qu'elle me demanderait de l'aide.
Alors, je ne dis plus qu'une seule chose encore.
— Je suis de ton côté, et je serai de ton côté jusqu'au bout, Rena.
Jusqu'au bout...
Je savais que dans son état, elle aurait beau dire, elle ne me croirait probablement pas.
Je le savais pertinemment, mais je voulais quand même le lui dire.
Et même si elle doit par la suite essayer de m'exploser la tête, même littéralement, eh bien, jusqu'à mon dernier souffle, je continuerai de le lui dire.
Je lui devais bien ça !
— Merci à toi, Keiichi...
Je pense que tout finira demain.
Et je pense qu'on gagnera.
Et alors, on pourra rejouer avec les autres, comme avant.
Tous ensemble.
Et ce sera super, comme avant.
C'était terrible de voir
que je n'arrivais pas à dissiper les ténèbres qui obscurcissaient son esprit...
— Bon... Eh bien, je vais y aller, tout doucement.
J'ai des choses à préparer pour demain.
Je n'avais pas envie de la laisser partir.
Je savais que je devais l'arrêter, la retenir par les bras ou n'importe.
Et pourtant, je savais que ça ne suffirait pas à l'arrêter.
Si je lui prends le bras maintenant, elle perdra toute confiance en moi.
— Attends, Rena,
de quoi tu parles ? Quels préparatifs ?
— ... C'est un secret.
D'ailleurs, j'aurai peut-être besoin de ton aide, demain. Tu voudras bien m'aider ?
— Ouais, bien sûr, pas de problème !
J'acquiesçai encore et encore. Elle devait absolument comprendre que j'étais de son côté.
Mais pour l'instant, je n'avais pas la moindre idée de ce qu'elle avait imaginé pour retourner la situation.
Je pensais que le plus réaliste serait qu'elle attaquerait les Sonozaki, vu qu'elle les considérait comme les grands méchants.
C'est pourquoi, après le départ de Rena, je téléphonai immédiatement à Mion pour la prévenir.
Elle eut un rire désabusé. Pourquoi les gens les prenaient toujours pour les méchants ?
— Mais tu sais, je ferais peut-être mieux de me comporter comme les grands méchants.
On pourrait l'attraper et l'emmener de force dans un hôpital ou une clinique.
— ... ... Oui, si vraiment les choses tournent mal, pourquoi pas.
... Mais j'aimerais bien lui faire confiance.
Le plus longtemps possible.
Tu sais, même dans l'état où elle est, elle a encore la force de croire en moi.
Elle n'est pas comme moi !
Avec un peu de chance, elle pourra se rendre compte qu'elle débloque...
— ... Tu sais, p'tit gars, en ce moment, j'ai vraiment du mal à suivre ce que toi et Rika vous dites.
Vous avez eu des problèmes récemment ?
Oui, récemment, c'est le mot.
Je crois que je t'ai tuée quelques jours après la fête de la purification du coton.
— Ahahahaha, je m'excuse si on parle de choses incompréhensibles.
Mais surtout, j'espère juste que... tu changeras pas d'avis sur Rena.
OK ?
— Mais non, voyons !
Tout le monde a parfois, comment dire, un peu comme un rhume de l'âme.
C'est un peu ça, Rena est pas tout à fait dans sa tête.
Bon, OK, elle a une sacrée poussée de fièvre en ce moment, mais c'est rien, elle s'en remettra. Un jour, on pourra en rigoler !
La situation n'est pas aussi catastrophique que tu sembles l'imaginer.
Ôishi a dû reconnaître qu'il s'était emballé un peu vite.
Il ne se rend d'ailleurs même pas compte de ce qu'il a déclenché chez Rena.
Je pense qu'au bout du compte, Rena s'excitera toute seule dans le vide et tout retombera.
— Tu crois ?
Vraiment ? Ça te paraît réaliste ?
— La grande Mion Sonozaki, future héritière du clan, en a décidé ainsi, alors c'est ce qu'il va se passer, je te prie de me croire !
Ce soir, j'ai été parler à l'inspecteur pour lui expliquer la situation en tête à tête.
Il est ressorti de là complètement groggy.
Je dois dire, je suis assez fière de moi sur ce coup-là !
Elle se mit à rire haut et fort. Elle fanfaronnait, clairement.
Un peu trop, d'ailleurs. Elle était en train d'exagérer sur les résultats obtenus...
En tout cas, une chose était désormais claire : même si Rena se pensait en grand danger, les gens autour d'elle ne se faisaient pas trop de souci.
Il n'y avait plus qu'à lui faire remarquer qu'elle se faisait des idées ! Et alors, nous pourrions à nouveau couler des jours heureux.
Nous attendions désormais tous que Rena nous tendît la main.
C'était la même chose que l'autre jour, en fait, quand elle s'était confessée à nous sur cette carcasse de voiture...
Rena...
Moi, dans ta situation, j'ai perdu les pédales et ça a très mal fini...
mais toi !
Toi, en fait,
tu as peut-être une chance de gagner et de t'en sortir !
Alors oui, c'est vrai que la victoire dont je parle n'est pas la même que celle que Rena s'imagine obtenir.
Mais Rena vaincra.
Et alors, tout redeviendra tranquille et amusant... comme avant.