Lorsque j'allumais la lumière dans ma cabane, celle-ci ne transparaissait nulle part ; l'endroit était vraiment bien placé, protégé des yeux curieux par les montagnes de déchets.

Mais j'avais beau savoir pertinemment cette information, je décidai de ne pas allumer la lumière, par simple précaution.

Passer la nuit en silence dans le calme et l'obscurité de ma cabane s'avérait être très dur pour mes nerfs.

Si je pouvais faire quelque chose, je pourrais tromper ma peur.

Mais honnêtement, je commençais à fatiguer. Mon cerveau ne tournait plus aussi vite que d'habitude, et je ne me sentais vraiment pas l'âme de me forcer.

Et en même temps, je n'avais pas non plus le courage de m'allonger pour récupérer des forces.

Je ne pus que trembler et attendre dans l'angoisse à chaque bruit bizarre, le regard tentant de discerner dans la nuit.

Encore et encore.

L'inspecteur Ôishi m'avait crue pour la menace des Sonozaki.

Mais sans preuve, il ne pouvait sûrement pas faire tout ce qu'il devrait faire.

Pour en trouver, il lui faudra découvrir et prendre le contrôle du laboratoire dans lequel ils ont développé ce parasite...

mais je ne voyais vraiment pas où ce laboratoire pouvait se cacher.

Pour sûr, la clinique Irie était le soupçon le plus logique, mais je n'avais aucun élément pour le justifier.

Et puis, ils ne sont pas stupides, ils ne vont pas faire leurs recherches dans un lieu auquel je pourrais penser.

Ils ont sûrement réaménagé un ancien bunker de la seconde guerre mondiale pour le transformer en laboratoire.

D'ailleurs... Il y avait un bâtiment strictement interdit au public dans le santuaire Furude, non ?

Si, si, il s'appelle... le temple des reliques sacrées.

D'après les recherches de Miyo, le sanctuaire Furude est l'épicentre du culte de la déesse Yashiro.

Et le temple des reliques sacrées sert à vénérer les objets du culte, entre autres ceux qui servent à la fameuse purification du coton.

Cette cérémonie avait un sens médical en plus d'être religieux. Avec les restes de la personne infectée, on pouvait tenter de créer un vaccin pour se prémunir des souches les plus virulentes.

Mais ça pourrait vouloir dire que les objets utilisés dans la cérémonie ont une utilisation médicale ?

Si c'est le cas, le temple des reliques sacrées devait avoir une haute importance non pas pour son caractère sacré, mais pour son utilité...

Ce qui est plutôt louche.

Est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir une salle de recherches dans ce temple ?

Rah, et merde !

Évidemment que ce n'est pas la clinique, le temple est tout indiqué pour ce genre de choses !

Mais pourquoi est-ce que ça ne m'est pas venu à l'esprit tout à l'heure, au téléphone ?

Bah, si j'ai de la chance, l'inspecteur y pensera à ma place, mais...

Je devrais peut-être le rappeler ? Retourner à la cabine ?

Alors que j'étais en train d'essayer de me décider, j'entendis le bruit d'un moteur qui s'approchait d'ici. Je retins aussitôt ma respiration.

Il n'y avait jamais de voiture par ici, alors ce n'était pas ce soir que ça allait devenir normal.

J'eus un mauvais pressentiment. Je me mis à trembler de peur et de nervosité...

Puis, après plusieurs instants, je vis les phares d'une voiture éclairer la façade des anciens baraquements du chantier.

La voiture de tout à l'heure a dû visiter le bureau des travaux.

Mais là-bas, tout était parfaitement vide.

Ce n'était pas le genre d'endroits susceptibles d'occasionner des visites nocturnes.

J'observais les ténèbres en silence. Le moteur fit silence. Deux hommes sortirent de la voiture, et la lumière erratique de leurs lampes de poche prit le relais.

Les deux rais de lumière se dirigèrent à l'intérieur des préfabriqués.

Je parie qu'ils vérifient si je ne suis pas là-dedans.

Je retins mon souffle et restai cachée, immobile, jusqu'à leur retour au dehors.

Avec le peu de lumière qui parvenait jusqu'ici, il m'était impossible de discerner clairement les personnes devant moi.

J'imagine que ce sont des hommes de main des Sonozaki.

Ils ont su que j'avais fui la maison. Ils me cherchent partout dans le village, je parie...

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais c'est toujours quand vous devez rester immobile et silencieuse que ça vous gratte le nez ou que vous avez besoin d'étendre vos jambes.

En plus, avec la chaleur étouffante, je transpirais comme une folle. Depuis tout à l'heure, mes coudes, mes genoux et mon cou me démangeaient, et c'était particulièrement énervant.

En grattant un peu, je me rendis soudain compte que mes ongles faisaient beaucoup de bruit sur ma peau. Surprise, j'arrêtai tout.

Pourtant d'habitude, quand je gratte les piqûres de moustique, ça ne fait pas autant de bruit !

Je pense que c'est parce que je suis extrêmement nerveuse, mes sens sont hyper-affûtés.

Bah, je suis loin d'eux. Et je retiens mon souffle.

Je parie que je pourrais éternuer et ils ne remarqueraient rien.

... Préférant ne pas faire le moindre bruit, je restai pendant quelques instants à résister stoïquement face aux démangeaisons. Mais la seule chose que ça m'apporta, ce fut que je dus me gratter beaucoup plus fort lorsque ma résolution céda.

Quand je pense que c'est ma première nuit ici et que j'en ai tellement d'autres devant moi ! Ça ne va clairement pas être possible, je ne tiendrai jamais le coup.

Il me fallait être plus confiante en moi, ne pas flipper à la moindre alerte.

Je détendis mes jambes et gardai mes doigts sur mon cou, que je grattai consciencieusement, malgré la sueur collante qui ne partait pas.

Je commençai soudain à avoir très faim.

Mon estomac se mit à crier famine.

C'était quelque part la preuve que je m'étais un peu détendue.

Mais si je me mettais à manger, je ferais du bruit.

Je ne pouvais donc rien faire tant que ces deux personnes ne seraient pas parties.

Allez, cassez-vous, bon sang !

J'ai envie de casser la croûte, moi !

Mes pensées eurent un effet immédiat : je vis les deux faisceaux s'arrêter de bouger près des préfabriqués.

Sauf que je devais avoir pensé trop fort...

Les rais de lumières se braquèrent dans ma direction.

C'est pas vrai, ils m'ont remarquée ?

Non…

Ils viennent vers chez moi !

Je me mis sous la couverture et affinai mon ouïe.

... Après un moment, enfin, je pus entendre le bruit de leurs pas sur le sol.

Ils avaient l'air de se diriger directement vers ma cabane. J'eus la désagréable impression qu'ils savaient que j'étais là.

Mais normalement, non...

S'ils avaient su pour ma cabane, ils n'auraient pas inspecté les anciens préfabriqués, ils auraient su que c'était une perte de temps.

Et s'ils pensaient m'avoir découverte, ils n'iraient pas aussi lentement.

C'est donc uniquement le hasard qui les conduit ici...

Ayant la couverture sur moi pour me cacher, je ne pouvais évidemment pas voir qui c'était.

Je ne savais pas non plus où leurs lampes de poche étaient braquées, donc je ne pouvais pas mettre la tête près de la fenêtre pour les observer.

Tant que je ressentirai leur présence, je devrai rester immobile et muette comme une tombe.

Une fois tout près de ma cabane, ils s'arrêtèrent brusquement.

Je pus entendre leur conversation.

Gangster des Sonozaki

— ... Nan, elle est pas là.

Gangster des Sonozaki

— Bon, on fait le tour ?

Tu prends par là.

Les bruits de pas se séparèrent, et je compris qu'ils faisaient le tour des montagnes de détritus.

J'ai construit ma cabane en modifiant une carcasse de voiture.

De prime abord, ça a l'air d'un bête véhicule abandonné.

Mais s'ils jettent un coup d'œil à l'intérieur, ils verront bien que quelque chose cloche.

S'ils me découvrent, je suis foutue...

D'après leur conversation, ils me cherchent, sans aucun doute.

... Mais alors... Ce sont des assassins ?

S'ils me trouvent, je suis morte !

Je suis la mieux placée au monde pour savoir combien cet endroit se prête aux meurtres.

J'ai ôté des vies humaines ici, par deux fois.

Si moi, j'ai réussi à le faire, alors des pros, ils n'auront aucun problème !

Je ne pouvais rien faire.

Je ne pouvais que prier. Espérer. Bon sang, mais qu'ils s'en aillent !

J'entendis alors un sifflement électronique.

Gangster des Sonozaki

— Ici Atsushi, je vous reçois 5 sur 5.

... ... Oui.

... Quoi, à Gogura ?

Oui, à vos ordres.

Gangster des Sonozaki

— Qu'essi s'passe ?

Gangster des Sonozaki

—  Apparemment Rena Ryûgû est à Gogura.

Un témoin oculaire affirme l'avoir vu.

Gangster des Sonozaki

— Oh la vache... C'est bon, quoi, arrêtons là.

Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ?

Gangster des Sonozaki

— T'as entendu le patron, il faut tout faire pour l'arrêter et la ramener chez nous.

Il faudra la suivre partout, même tout au nord du pays, à Sapporo, ou tout au sud, à Hirota.

Gangster des Sonozaki

— On n'y arrivera jamais, voyons.

... On est vraiment obligés ?

Gangster des Sonozaki

— ... Hmmm, le patron veut absolument récupérer les cahiers de Miyo Takano.

Et t'as vu sa tête ? Il avait l'air de les vouloir à tout prix. Ils sont importants, c'est clair.

Gangster des Sonozaki

— Et donc OK, mais on fait quoi, nous ?

Gangster des Sonozaki

— Ben, comme d'habitude, on laisse une équipe pour surveiller sa maison et on part là-bas.

Allez viens, on rentre boire un thé. Avec un peu de chance, ce sera du thé qui mousse.

J'entendis à nouveau leurs bruits de pas. Ils s'éloignaient. Puis, plus tard, un bruit de moteur.

Je sortis enfin de sous la couverture.

Je vis les lumières des phares : la voiture faisait demi-tour. Je la vis repartir.

Puis, après quelques instants, même le bruit du moteur se perdit dans la quiétude de la nuit...

Alors, d'un seul coup, j'expulsai l'air vicié dans mes poumons, je toussai et me râclai la gorge,

passai une main sur mon cou et mes jambes pour en enlever la sueur, et me grattai là où ma peau me démangeait.

J'avais pu suivre leur conversation.

Aucun doute, ils faisaient partie des Sonozaki.

Ce qu'ils avaient dit rejoignait ce qu'avait dit l'inspecteur Ôishi.

Et surtout, ils avaient dit quelque chose de terriblement important.

Ils avaient dit que ce qu'ils voulaient, c'étaient les cahiers.

J'avais jusqu'à présent supposé que les gens me surveillaient car ils me soupçonnaient d'avoir les carnets de Miyo en ma possession, mais désormais, je savais que c'était pour ça.

Avant, j'aurais pu encore me persuader que c'était dans ma tête, que je me faisais des idées.

Mais ils l'avaient dit sans ambages !

Ils avaient clairement dit qu'ils devaient arrêter Rena Ryûgû.

Que leur patron voulait récupérer les cahiers de Miyo Takano !

Ils avaient aussi dit qu'ils laissaient une équipe ici pour surveiller ma maison.

... Bah, c'est normal.

Si j'étais à la poursuite de quelqu'un, je m'arrangerais pour bloquer sa maison.

Je dois absolument éviter de rentrer chez moi désormais.

... ... Mais ils avaient dit quelque chose d'encore beaucoup plus important.

Ils avaient dit

que Rena Ryûgû avait été vue à Gogura.

Dans une situation normale, ils se diraient que l'on a sûrement confondu quelqu'un d'autre pour moi.

... Mais la situation n'était pas normale.

Miyo était déjà morte, et pourtant elle avait été là, à la fête.

Et moi, bien que je sois ici, je suis aussi à Gogura.

... Cela prouvait exactement la partie la plus impossible à croire des cahiers de Miyo.

Alors donc, enfin, “ils” faisaient aussi leur entrée...

Ça commençait à faire trop pour mon cerveau.

Je risquai fort de me faire manger toute crue, incapable de décider si je devais me battre ou m'enfuir.

... Non, non, non ! Je ne veux pas, JE NE VEUX PAS !

Je ne me laisserai pas faire, même si je dois en crever !

Si je ne peux pas gagner, je m'enfuirai.

Si je ne peux pas m'enfuir, je me battrai !

Je serai heureuse, je finirai par redevenir heureuse !

Je n'abandonnerai jamais... JAMAIS !

Il n'empêche... Les ennemis prophétisés dans les cahiers de Miyo sont là, désormais. Ils s'approchent de moi et me dévorent petit à petit.

Si jamais je devais disparaître ici, dans la décharge, à l'insu de tous...

Alors mon clone apparu à Gogura pourrait prendre ma place et faire comme si de rien n'était.

Les autres ne découvriraient jamais la supercherie.

Même mon père, même mes amis n'y verraient que du feu.

Mais alors,

si ça se trouve, “ils” ont déjà remplacé des gens dans mon entourage, et je suis la seule idiote à ne pas les avoir remarqués ?

Mais oui...

Et puis finalement, l'attaque bactériologique des Sonozaki, cela n'était qu'une distraction pour cacher “leurs” véritables intentions.

Les souris possédées par leurs comparses n'ont plus peur des chats.

Alors lorsqu'elles voient un chat, elles ne s'enfuient plus.

Alors elles se font manger, et leurs comparses contrôlent le chat.

Les souris ne sont qu'un outil entre leurs mains. Ce ne sont pas elles qui décident d'arrêter d'avoir peur du chat pour les aider.

Les Sonozaki sont sûrement dans la même situation.

On pourrait croire qu'ils agissent selon leur propre volonté, mais en fait non. Ils sont placés là où il le faut, comme des pions, sans savoir ni comprendre pourquoi.

C'est ça, la réalité des faits de leur parasitisme.

Pour eux, nous ne sommes que des souris.

La plupart d'entre nous sont stupides et ne se rendent pas compte de leur existence. Elles vivent toute leur vie en croyant dur comme fer avoir une volonté propre, mais ce n'est pas le cas.

... Et puis de temps en temps, l'une des souris naît avec un sens de l'intuition un peu plus développé.

Cette souris-là se rend compte de ce qu'il se trame, et elle découvre leur existence.

Oh bien sûr, personne ne la croit, donc ce n'est pas un problème.

Avec le temps, la souris intuitive finit toujours par se dire qu'elle a dû rêver.

Mais encore plus rarement, il naît une souris intuitive, mais qui en plus n'a pas oublié d'être intelligente. Alors elle analyse la situation et amasse des preuves.

Cette souris, c'est Miyo.

À leurs yeux, cette souris-là était extrêmement dangereuse.

C'est pourquoi ils ont dû la retirer de force de ce monde.

La méthode employée est brutale, mais elle est connue.

Sauf que les autres souris n'y réfléchissent jamais sérieusement. Elles la tournent en ridicule.

C'est parce qu'elles sont contrôlées pour ne pas y croire.

“Ils” ont supprimé Miyo Takano.

Puis “ils” ont tenté de prendre sa place.

Sauf qu'ils ont fait une grave erreur : le cadavre de la vraie Miyo a été retrouvé.

Ils n'ont donc pas pu continuer à la remplacer.

... Je suppose qu'ils vont tenter de faire la même chose avec moi.

Ou bien alors ils prendront la place de mes amis, pour pouvoir m'approcher.

Leur apparence extérieure sera exactement la même... mais l'intérieur sera totalement différent. À l'intérieur, il y aura une présence supérieure, un être qui dépasse l'humain.

Je dirais même

qu'ils sont déjà probablement

apparus sur Terre.

Le clone de Miyo est apparu 24h après sa mort.

Mon clone à moi est déjà en place à Gogura.

Il en apparaîtra d'autres.

Ils me veulent, coûte que coûte, sans se soucier du reste.

Alors il en apparaîtra encore d'autres. Beaucoup d'autres...

Soudain, j'entendis à nouveau les bruits de quelqu'un qui descendait la montagne de détritus.

Je me refis petite et tendis l'oreille dans la direction du bruit.

... Il n'y avait qu'une seule lampe de poche.

Sûrement une seule personne.

... Mais qui ?

Qui pouvait bien vouloir venir ici à une heure pareille ?

La silhouette était petite. Ça ne pouvait déjà pas être un adulte.

Je sentis à nouveau des frissons de peur m'assaillir.

La lampe de poche éclairait les environs. Les bruits de pas se rapprochaient.

... À la différence des gens d'avant, cette personne-là savait que je me cachais ici.

Non... Non, c'est un hasard.

Allez, je dois me cacher.

Elle passera sans me voir.

Ça a marché tout à l'heure, non ?

Allez, vite, faut que je me cache !

Je me recouvris de la couverture et restai immobile comme une statue de marbre.

Et pourtant, implacablement, les bruits de pas se rapprochèrent, très lentement...

Puis...

Il y eut un coup sec,

puis un autre,

comme si quelqu'un

toquait à la porte.

Les yeux grand ouverts, je ne savais plus quoi faire. Je me mis à suer à grosses gouttes.

Ma tête essayait de raisonner. Ça ne pouvait pas être quelqu'un qui toquait à la porte !

Et pourtant, encore une fois, des coups réguliers résonnèrent dans l'habitacle.

Je sentis de la lumière à travers la couverture.

C'est pas vrai... Elle pointe sa lampe de poche directement sur ma tête !

Non, je devais cacher ma peur.

Si je restais immobile, elle partirait sûrement. Je me retins de trembler et me mis à prier de toutes mes forces...

???

— ... ... Hmff. Hahahaha...

Un rire moqueur retentit.

La personne savait que j'étais là, et elle savait que je faisais semblant de ne pas être là. Elle savait sûrement aussi que j'avais peur.

Mais je devais absolument rester immobile.

Si je sortais maintenant...

???

— ... Bon, alors ? Pas la peine d'avoir peur !

Hahaha...

Rena

— W...Woooooooooooohhhhhhhh !!!

D'un seul coup, j'enlevai la couverture et hurlai de toutes mes forces vers la silhouette inconnue !

... C'était... Rika.

Je dois avouer que je m'attendais à tout, sauf à elle, surtout ici.

Nous étions au milieu de la nuit... Dans la décharge ! Rika n'avait rien à faire ici ! Elle ne pouvait pas être ici !

Alors, je sus.

La Rika qui était devant moi...

n'était pas vraiment Rika.

C'était son clone. “Ils” en avaient fait un autre exemplaire.

Cela faisait donc maintenant Miyo, moi et Rika.

C'en était trop. La peur menaçait de me faire perdre la raison. Je décidai de me montrer agressive.

Rena

— ... C'est toi, Rika ? Vraiment ?

Rika

— ... Miaou☆!

J'ai l'air d'être quelqu'un d'autre ?

Rika me répondit comme elle m'aurait répondu d'habitude.

Mais je savais que ce n'était pas possible.

Elle ne pouvait pas être là à une heure pareille, c'était absolument impossible, n'importe qui mais pas elle !

Rena

— ... Je sais la vérité.

... Vous n'êtes pas vraiment Rika, n'est-ce pas ?

Rika

— ...

Rena

— Désolée de vous gâcher votre petit plaisir, mais je ne suis pas dupe.

Rena

Même si en apparence vous lui ressemblez comme deux gouttes d'eau, vous n'êtes pas Rika.

Rena

Vous n'êtes pas Rika Furude, ma camarade de classe.

Rena

Alors QUI êtes-vous ?

Rika

— ... ...

Rika resta immobilisée par la surprise.

Elle donnait l'impression de ne pas comprendre de quoi je parlais.

Mais son silence...

se fit anormalement long.

Si elle n'avait pas compris ce que je venais de dire, elle aurait depuis longtemps posé la question ; or, elle restait obstinément silencieuse.

Puis, enfin...

elle fit tomber les masques.

Rika

— …Mpff

eh

eh

eh

eh

eh.

Elle se mit à rire.

Comme si ça l'amusait de rencontrer quelqu'un pouvant voir à travers son déguisement.

Rena

— ... Alors ?

Qui êtes-vous ?

Elle ne répondit pas tout de suite. Elle était trop occupée à rire.

Puis elle chercha mon regard et je pus alors voir une lueur que je n'avais jamais vue dans ses yeux. Alors, elle parla.

Rika

— Tu sais, ça commence à faire un paquet d'années que je vis sur cette terre,

Rika

mais je crois bien que tu es la première personne à avoir compris que je n'étais pas Rika.

Rika

Je savais depuis le premier jour que tu avais une sacrée intuition, mais là, tu m'épates...

Rika

Ahahahahahaha !

Rena

— ............... !!!

Assommée par l'énormité de cette révélation, je pense que j'ai dû rester à la regarder comme une idiote, bouche bée.

Elle avait confirmé sans sourciller les choses dont j'avais le plus peur.

C'était comme si elle avait su que j'avais peur de ces révélations, et qu'elle avait fait exprès de les confirmer en des termes non-équivoques, au mot près...

Rika

— Mais juste pour te faire chier, je préfère que tu m'appelles Rika.

Après tout, ça fait un bail que c'est mon nom, maintenant.

Rena

— ... Ah ouais ?

Un bail ?

Combien de temps, à peu près ?

Rika

— Oh, je ne sais pas, pas tant que ça, finalement.

Peut-être un peu plus de 100 ans.

Rena

— ... Hein ?

Mais t'es pas bien ?

Mais tu racontes n'importe quoi, ma parole ?!

Mes émotions étaient contradictoires.

Je savais que ce n'était pas Rika devant moi, et pourtant, je refusais d'admettre son existence.

... Tant que l'être humain sera assailli par ces contradictions, il ne se rendra jamais compte de l'existence d'autres choses.

C'était d'ailleurs en se servant de ce trait de caractère qu'“ils” étaient restés cachés dans l'ombre pendant tout ce temps.

Rika

— Pas la peine d'avoir peur, va.

Tu es à l'intérieur,

je suis à l'extérieur.

Je ne peux pas t'attaquer, mais toi non plus.

C'est plutôt un bon compromis, non ? Ça nous arrange toutes les deux.

Rika

J'ai beau avoir, moi, 100 ans et des brouettes, n'oublie pas que Rika Furude n'est qu'une gamine.

Rika

Je n'ai pas la prétention d'avoir plus de force physique que toi.

Rika

... Je t'avouerai d'ailleurs que c'est moi qui ai peur de toi -- qui sait ce que tu me ferais si tu pétais les plombs maintenant ?

L'étrange créature qui avait les traits de Rika n'était là que pour parler avec moi. Quelque part, c'était rassurant.

Mais de quoi pouvait-elle bien vouloir discuter ?

J'avais la Mort en face de moi.

Je n'avais plus le temps de faire de sentiment.

J'attendis patiemment son prochain geste. Après un bref instant, elle se mit à parler.

Rika

— ... Tu as peur de quelque chose.

...J'ai raison, n'est-ce pas ?

Je n'aimais pas sa façon de parler.

Je n'arrivais pas à croire que le visage de Rika pouvait se déformer en un rictus aussi malsain.

Tentant par tous les moyens de réprimer l'angoisse qu'elle déclenchait en moi, je lui répondis sans me dégonfler.

Rena

— ... Ouais.

Merci de t'en préoccuper.

Rika

—  ... Et ?

De quoi as-tu peur, au juste ?

Rena

— Comme si tu ne le savais pas !

Rika

— ... ... Hmff hf hf hf hf...

Elle avait dit que nous étions protégées l'une de l'autre,

mais il semblait évident que j'étais en bien plus mauvaise posture qu'elle.

Je parie que l'un de ses complices fait le tour pour me prendre à revers.

Gardons une oreille alerte...

Rika

— Allons, n'aie pas peur.

Je suis venue te sauver.

Ahahahaha...

Rena

— Me sauver ?

Ah ouais, carrément ? Et comment ?

Rika

— Eh bien, tu vois, tu es un peu... comment dire, malade.

C'est pas une maladie ordinaire, alors avec un médicament un peu spécial, tout ira mieux.

... Si je te disais que je t'ai apporté ce médicament, ça t'intéresserait ?

Rena

— Un... médicament ?

Le clone parfait de Rika chercha quelque chose dans sa poche, puis en sortit une petite boîte.

Il l'ouvrit et m'en montra le contenu.

Lorsque mes yeux comprirent ce qu'il y avait à l'intérieur, je ne pus m'empêcher de pousser un cri.

Rena

— Une...

Une seringue ?

Ce n'était pas le genre d'objet habituel que l'on transportait sur soi sans raison.

Les événements prenaient une tournure décidément surnaturelle.

Mais il n'y avait aucun doute possible.

Rika tenait une seringue dans les mains.

Rika

— Regarde.

Avec cette piqûre, tu iras beaucoup mieux.

Rena

— J'irai mieux comment ?

Rena

Oh !

Rena

Je SAIS ce que c'est !

Rena

C'est avec ça que Tomitake est mort, hein ? C'est cette drogue qui l'a tué !

Rena

C'est le parasite que vous avez recréé, celui qui est aussi puissant qu'autrefois !

Rena

Celui qui donne des poussées d'asticots !

Rika

— Oui, le produit qui a tué Tomitake, effectivement, il servait à ça.

Mais dans cette seringue, c'est un sérum pour te soigner.

Vraiment, je t'assure.

Elle se remit à rire doucement.

Je n'avais pas peur de la voir rire.

J'avais peur de ce qu'elle venait de faire : elle avait avoué que j'avais raison pour la mort de M. Tomitake !

Elle avait avoué que c'était ÇA qui avait provoqué la poussée d'asticots !

Rena

— ... Tu as envie de me supprimer de la même manière, c'est évident !

Rena

Et comme ça après, la Rena apparue à Gogura pourra prendre ma place, ni vue ni connue.

Rena

J'ai raison, n'est-ce pas ?

Rena

Tu me prends pour une buse ou quoi ? Je n'accepterai jamais cette piqûre !

Rika

— ... Bah, je me doutais bien que tu n'en voudrais pas.

Cette proposition paraîtrait louche à n'importe qui.

Rena

— Eh bien alors, si tu le sais ?

Tu comptes faire quoi, maintenant ?

Faire comme pour Tomitake, me plaquer au sol de force et me l'injecter quand même ?

L'autopsie de Tomitake avait révélé qu'avant de subir la blessure qui allait lui être fatale, il s'était battu et débattu contre plusieurs personnes.

Ce qui signifiait que l'on lui avait injecté le produit de force, qu'il n'avait pas été d'accord.

Rika

— ... Je dois dire que j'aimerais bien te faire cette piqûre de force, mais j'ai déjà essayé dans le passé et ça ne m'a jamais réussi.

Rika

Alors je préfère oublier cette idée.

Rika

Je te laisse le choix, à toi de décider si tu acceptes cette seringue ou non.

Rena

— Tu te fous de ma gueule ?

Tu crois sincèrement que je suis assez conne pour l'accepter ?

Rika

— ... Tu sais, j'ai beaucoup hésité à ce sujet.

Je me suis longtemps demandé comment te convaincre ou te calmer.

Je savais que la force brute ne marcherait pas, et que tu refuserais de m'écouter.

Rika

Au bout du compte, il se trouve que je n'ai pas le choix : je suis obligée de te laisser libre de prendre cette seringue ou pas. Alors c'est ce que je fais, c'est tout.

Rena

— La question ne se pose même pas !

Le piège est tellement évident ! Personne ne serait assez stupide pour la prendre, cette seringue !

Rika

— ... ... Mouais. Bah, je ne suis pas surprise, hein.

Je ne me faisais pas trop d'espoirs, de toute façon.

Elle poussa un soupir d'exaspération, puis me regarda avec un sourire méprisant.

Comme si elle regardait un être inférieur qui ne comprenait pas la chance qu'elle lui accordait.

Il était évident qu'elle essayait de m'énerver pour me pousser à vouloir la contrarier.

Rena

— Rentre et dis à tes complices que ça n'a pas marché !

Je ne m'avouerai pas vaincue !

Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle !

Rena

Je ne sais pas ma probabilité de gagner, mais je saisirai ma chance et je réduirai vos plans à néant !

Rika

— ... Ah oui ?

Tant mieux pour toi, grand bien t'en fasse.

De toute façon, ce monde court à sa destruction, il n'y en a plus pour très longtemps.

Ahahahaha...

Rena

— Ça va bientôt être la fin du monde ?

Rika

— Et qu'est-ce que ça peut te foutre ?

Tu n'es que la grenouille au fond du puits. À quoi ça t'avancerait de te préoccuper de ce qu'il se passe hors du puits ?

Ahahahaha...

Mine de rien, ce qu'elle me disait là était très important.

Je ne savais pas trop ce qu'elle voulait me dire par là, mais c'était sûrement très important. Je cherchai frénétiquement quel sens pouvaient bien avoir ses paroles...

Rena

— Que comptes-tu faire de moi ?!

Rika

— Qui, moi ? Mais... rien du tout, pourquoi ?

Fais ce que tu veux.

Rena

— ... Hein ?

Cette réponse n'était pas celle à laquelle je m'attendais.

Normalement, c'est ce que l'on dit lorsque l'on ne ressent aucun intérêt, ou lorsqu'on relâche son prisonnier. Elle ne pouvait pas avoir dit ça, ce n'était pas logique.

Ou bien alors, c'est moi qui ne vois pas l'évidence, et elle veut me dire autre chose ?

Alors que je restais silencieuse, analysant ses mots, elle se répéta.

Rika

— Fais ce que tu veux, je m'en fous.

Tu ne m'intéresses plus.

J'espère que la prochaine Rena Ryûgû sera plus facile à approcher.

Et j'espère aussi qu'elle aura une intuition moins développée que la tienne.

Rika

Ahahahahaha !

J'étais terrorisée. Ses mots résonnaient comme une peine capitale dans le prétoire.

Rika

— Tu sais, au début, il y a très, très longtemps maintenant, à chaque fois que je constatais une différence, je faisais des pieds et des mains pour réparer “l'anomalie”.

Rika

Et puis, à force, au bout d'un moment, j'en ai eu ras le cul.

Rika

Ce village de Hinamizawa ne m'intéresse plus,

Rika

c'est pourquoi j'ai décidé d'en chercher un nouveau.

Rika

Mais pour toi, il n'y a que ce village-ci qui existe.

Alors vis ta vie autant que tu peux. Je te souhaite bien du plaisir.

Je compris juste qu'elle disait des choses absolument terribles.

Elle parlait clairement de l'apocalypse finale. Elle savait pertinemment que la fin était proche...

Mon clone était déjà prêt pour me remplacer.

Tout avait déjà été préparé pour qu'il pût me remplacer au pied levé, sans se faire remarquer.

La chose la plus terrible pour un être humain, c'est de perdre sa valeur aux yeux des autres.

Et quand on vous dit en face qu'il y a suffisamment de gens pour vous remplacer, on est clairement en train de nier toute valeur quelconque à votre vie.

C'est un peu une mise à mort par procuration !

Le clone de Rika reprit la seringue et la rangea dans sa boîte, puis rangea celle-ci dans sa poche.

Puis elle tourna les talons et se mit à gravir le talus.

Une fois tout en haut, elle se retourna une dernière fois, un sourire maléfique aux lèvres, pour me décocher une dernière remarque cinglante, d'une voix froide comme la Mort.

Rika

— Allez, salut.

Ou plutôt adieu, Rena Ryûgû.

J'espère que la prochaine toi sera sympa.

Rika

... En même temps, la plupart du temps, nous finissons par devenir de bonnes amies.

Ahahahaha...

Rena

— Il n'y aura pas de “prochaine” Rena !

Je suis moi et pas une autre, il n'y en a qu'une seule sur cette planète !

Ça ne se passera pas comme tu l'entends, je te préviens !

Jamais !

JAMAIS !

Je ne sais pas si ma dernière remarque l'atteignit ou pas.

Elle me regardait d'un œil morne,

comme on somnole devant une émission de télé rébarbative.

Rika

— En tout cas, de temps en temps, ces conversations peuvent être très amusantes.

Mpff…

AHAHAha...

Ha

ha

ha

...!

Ha

ha

ha

ha

ha

...Aha

ha

ha

ha

ha

ha

ha

ha

......

Son rire se fit graduellement plus faible, puis finit par disparaître.

Rika aussi -- ou plutôt son clone -- finit par se fondre dans la nuit noire.

Il ne restait plus que moi.

On m'avait clairement dit que ma présence n'était plus d'aucune importance.

Que je n'avais qu'à me rebeller si ça m'amusait. Que mon existence n'avait aucune influence sur le reste.

“Ils” avaient déjà prévu un corps pour me remplacer. Je n'avais plus ma place dans “leur” Hinamizawa.

Lorsqu'enfin l'énormité de cette révélation me frappa,

je me rendis compte que tout du long, cette cabane secrète dans la décharge me servait de tombeau.

Reprenant peu à peu mes esprits, je finis par me rendre compte que cet endroit n'était pas si secret que ça.

Il me fallait partir d'ici, le plus vite possible.

Alors comme ça, j'avais le droit de faire ce que je voulais ?

Eh ben c'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde, bande de fils de pute !

Je devais rassembler mes affaires.

Replacer tout dans mon sac à dos et partir, immédiatement.

Incapable de faire cela à la lueur d'une lampe de poche, j'allumai la lumière dans ma cabane.

Encore une fois, le monde se découpa en ombres, à l'encre de chine.

Lorsqu'enfin je remontai la tirette de mon sac à dos, je remarquai un détail qui me laissa sans voix.

Ma main était pleine d'un liquide rouge visqueux.

Je pensais m'être essuyée la sueur tout à l'heure, quand j'étais dans le noir, mais apparemment, ce n'était pas de la sueur...

Mais alors…

D'où venait tout ce sang ?

Je ne mis pas longtemps à savoir.

Je n'avais pas arrêté de gratter mon cou à cause des piqûres de moustiques tout à l'heure -- et maintenant je saignais.

Me rendant enfin compte de ce qu'il se passait, je cessai immédiatement -- et enfin, la douleur me parvint.

Sentant encore une fois de fortes démangeaisons au cou, je me remis à gratter.

Encore une fois, du sang colla à ma main.

N'ayant pas de miroir ici, je ne savais pas ce qui me démangeait autant, mais mon cerveau, lui, s'en souvint.

D'ailleurs, le souvenir des asticots déclencha en moi d'autres démangeaisons, dans mes coudes et mes genoux.

J'imagine que des gens qui ressentiraient cela pour la première fois mettraient cela sur le compte de la fatigue et de leur imagination.

Mais moi, malheureusement, je savais exactement ce qu'il se passait.

Rena

— ... Pourquoi ?

Mais comment est-ce possible ?

C'était injuste !

Pour quoi ici et maintenant, après tous mes efforts ?

Aucun doute possible : c'était la poussée d'asticots.

Si j'avais des lames de rasoir, je pourrais le vérifier : je parie que mes veines en sont pleines.

Mais enfin, ce n'est pas normal ! Personne ne m'a fait de piqûre !

Mais peut-être la piqûre n'est-elle pas obligatoire. Il y a sûrement d'autres moyens d'administration.

On me l'a peut-être refilée en douce...

Je ne pense pas que le produit a pu se retrouver dans ce que j'ai fait à manger à la maison.

Mais à l'école, nous mettions nos paniers-repas en commun. C'est sûrement à cette occasion !

L'autre Rika m'avait éclairée avec sa lampe de poche, tout à l'heure.

Elle savait que je me grattais jusqu'au sang.

Ça n'a pas l'air de l'avoir spécialement inquiétée. Elle a même dit que je n'en avais plus pour très longtemps.

... Mais bien sûr... C'est parce qu'elle le savait qu'elle ricanait tout le temps...

Ça me grattait vraiment, mais je devais absolument me retenir. Si je ne me retiens pas, je finirai comme M. Tomitake !

Merde, merde, merde, MERDE !

Est-ce que les démangeaisons seraient passagères ou chroniques, je n'avais aucun moyen de le savoir.

Elles empireraient peut-être en allant...

Incapable de savoir quoi penser, je pris la résolution de ne plus me gratter du tout, coûte que coûte.

Plaçant une serviette autour de mon cou, je serrai les dents et fis des moulinets pour occuper mes mains ailleurs.

Je sentais la zone me brûler.

C'était à devenir dingue. Je mordis dans un coin de la serviette pour ne pas céder.

Je finis par me gratter ailleurs pour tromper mon corps, mais cela n'eut pas l'effet escompté.

Finalement, à part fermer les yeux et prier pour que ça passe, je n'eus aucune idée vraiment efficace.

À force de rester sans bouger, à respirer très fort, la sentation de démangeaison finit par s'estomper légèrement.

Je pris une profonde inspiration et me lançai à toute vitesse dans les préparatifs du départ.

C'était ça le plus dangereux, rester ici.

Je devais partir au plus vite !

Pendant que je rassemblais mes affaires, je compris quelque chose.

Lorsque Rika avait parlé de la fin du monde, j'avais automatiquement pensé que je survivrais jusque là.

Mais désormais, je n'en étais plus aussi sûre.

Je risque fort de finir comme M. Tomitake,

beaucoup plus tôt que je ne l'imaginais.

La sueur qui coulait m'écœurait.

Je sais, je sais.

Ce n'est pas de la sueur.

Mais pour l'instant, imagine que ce n'est que de la sueur !

Essuyant encore une fois mon cou, je hâtai le reste de mes préparatifs...