Mon père avait commandé les vestes dans une boutique plutôt chic.

Elle ne dégageait absolument pas l'atmosphère du genre de magasins dans lequel mon père irait.

C'est Rina qui l'a emmené ici de force, c'est sûr et certain.

Je passai le bon de commande à la réception. Quelques instants après, le chef du magasin sortit de l'arrière-boutique, un sourire crispé aux lèvres.

Vendeur

— Madame Ryûgû, je suis extrêêêmement désolé,

Vendeur

mais voyez-vous, le camion qui devait nous livrer est bloqué en ce moment sur l'autoroute, pris dans l'embouteillage causé par un accident.

Vendeur

Mais je suis sûr qu'il va bientôt arriver, ne vous en faites pas...

Il lui fallut bien cinq minutes pour me dire qu'en fait, il avait pris une sortie d'autoroute et faisait le reste du chemin par les petites nationales, et qu'il arriverait dans une heure.

Ce n'était pourtant pas la fin du monde ?

Alors que je lui demandai si je devais plutôt revenir un autre jour,

il m'empressa instamment de m'asseoir sur leur grand canapé pour attendre la livraison.

Mais comme ce n'était vraiment pas mon type de magasin, je lui répondis que j'irais passer le temps en ville, et sortis aussitôt.

Il me suffirait d'aller manger un morceau dans un fast food.

Mais si mes souvenirs sont exacts, il n'y a rien dans le coin, je vais devoir retourner jusqu'à la gare.

Promenant mon regard au hasard, je vis la devanture d'un café.

La porte était teintée, rendant tout regard à l'intérieur strictement impossible. Ce n'était vraiment pas rassurant.

Par contre, aujourd'hui était un jour spécial : les femmes payaient moitié prix. C'était indiqué sur un petit panneau.

Bah, c'est juste une heure, même pas.

Après avoir un peu hésité, je saisis la poignée de la porte et poussai le battant...

La première impression qui se dégageait du café, dès le premier pas à l'intérieur, c'était qu'il empestait le tabac.

Même si rien, dans les règles, n'empêchait les gens de fumer au bistrot,

Rena ne put s'empêcher de regretter être entrée.

Alors qu'elle se demandait si elle ne devrait pas plutôt tourner les talons et chercher ailleurs, le patron lui adressa la parole -- malgré ses manières frustes, Rena se résolut à s'asseoir.

L'intérieur ne donnait pas cette impression d'un salon mondain dans lequel les clients dégusteraient un bon café. C'était plutôt le genre de tripots dans lesquels les loubards s'entassaient.

Rena n'était franchement pas habituée à ce genre d'endroits, et puis surtout, il y avait ce couple qui rigolait fort -- et surtout bizarrement -- installé sur la banquette au fond du café, contre le mur. C'était particulièrement énervant.

Rena s'assit à une place en grande partie cachée par l'un des grands pots à plantes de la décoration. C'était peut-être la place qui la protégerait le plus des bruits ambiants, et surtout de ces rires.

Mais lorsque Rena eut finit son thé, le dégoût lui intimait depuis longtemps déjà l'ordre de partir le plus vite possible d'ici.

La cloche de la porte sonna encore, indiquant d'autres clients.

C'était quand même dingue de voir que ce café avait du monde malgré la piètre ambiance qui régnait ici.

Curieuse, Rena se pencha avec circonspection pour observer qui pouvait bien vouloir venir ici.

Il y avait là deux clients.

Les deux hommes n'étaient pas du genre fréquentables, assurément. Ils avaient l'air sérieux, le regard noir, presque grave.

Le patron les salua, mais ils l'ignorèrent et se dirigèrent au fond du café, vers le couple bruyant.

Arrivés devant eux, ils baissèrent la tête pour les saluer, clairement mal à l'aise, certainement peu habitués à ce genre de politesses.

Teppei

— Oh, salut vous deux !

Ben alors, z'avez mis le temps ?

Allez, foutez-vous assis.

Les deux hommes tirèrent leurs chaises, un peu maladroits, et se mirent assis en face du couple devenu silencieux.

Teppei

— Et ?

C'qui s'passe ?

Homme

— Désolé, mais y aurait pas moyen de...

Teppei

— J'veux pas l'savoir, gamin,

allonge les biftons et magne ton cul !

Les deux nouveaux venus se regardèrent, puis sortirent chacun une enveloppe usée de leurs vestes et les posèrent sur la table.

L'homme se jeta sur les enveloppes et les déchira immédiatement.

À l'intérieur, des billets de dix mille yens étaient entassés, maintenus par des élastiques.

L'homme vida les deux enveloppes sur la table et balança le tout sur les genoux de la femme à ses côtés.

Teppei

— Compte.

Rina

— Oh vas-y, tu me parles autrement, copain ! Je suis pas ton chien, moi !

Et de toute, c'est mon fric, je te signale !

Teppei

— Rah putain, c'est bon,

compte et ferm'-la, merde !

La femme lui lança un regard noir, puis lécha son index et se mit à compter les billets avec un doigté expert.

Les deux clients restaient assis, la tête basse.

L'homme s'alluma une cigarette et sembla attendre patiemment le résultat.

Homme

— ...

Rina

— Ouais, OK. Le compte y est.

La femme donna une dernière pichenette sonore dans le dernier billet, marquant la fin du compte.

Les deux jeunes voyous poussèrent un soupir de soulagement.

Par contre, est-ce que l'homme n'était pas content ou quoi, il regardait fixement les tas de billets que sa femme rangeait avec des yeux féroces.

Teppei

— Ritsuko,

y avait combien là-dedans ?

Rina

— Ben, y avait tout ?

Teppei

— Tout, tout, ça veut dire quoi, tout ? Y avait combien, j'te d'mande !

Rina

— Ben j'te dis, espèce d'âne, va, y avait tout ! Toute la somme que je leur ai prêtée !

Teppei

— Et ben alors, pauv' cloche !

J'te d'mande si y a les intérêts !

La fameuse Ritsuko et son homme (?) se mirent à se crier dessus l'un l'autre.

C'était tout sauf discret, mais personne parmi les nombreux clients ne daigna faire comme s'ils entendaient la moindre chose.

Teppei

— Ben alors, vous deux ?

Vous avez ramené 2 millions pile ?

C'quoi c'bordel ?

Pour toute réponse, il ne reçut que des soupirs évasifs et des “euh...” poussifs.

Au bout d'à peine quelques secondes, il se mit dans une colère noire.

Teppei

— Bon alors, commô qu'c'est ?

Z'allez répondre, oui ou merde ?

Son cri résonna à l'intérieur du café.

On entendit ses mains frapper la table, puis un verre rempli de glace tomber par terre. L'atmosphère se tendit instantantément.

Homme

— Je... Pardon ! On est désolés !

Teppei

— Vous pouvez vous les carrer, vos excuses !

Vous voulez qu'on appelle les flics ? Non parce que nous, les poulets, y a pas de problèmes, hein !

Homme

— Nan, déconnez pas, tout mais pas ça !

Apparemment, les deux jeunes étaient dans un sacré pétrin.

Leurs fronts touchaient presque la table.

Teppei

— C'est bien pour qu'on oublie cette histoire que j'vous ai appelés ici, bande de moules !

Alors qu'est-ce vous foutez, hein ?

Homme

— Pardon ! On est vraiment désolés !

Ce n'était vraiment pas facile à regarder, mais ni les uns, ni les autres n'avaient l'air dignes de confiance, il était donc difficile de prendre parti...

Puis, enfin, Ritsuko se mit à parler, d'une voix plutôt douce.

Rina

— Allez, Tetsu,

c'est pas la peine de leur gueuler dessus comme un putois.

Éscusez-le, hein, quand il s'agit de sous, à chaque fois il me chie une pendule.

Teppei

— Ben bien sûr, maintenant je passe pour un rapiat, moi !

J'te signale que si j'gueule, c'est pass'que j'aime pas la manière qu'ils te traitent !

Rina

— Oh, arrête un peu, la flatterie te mènera nulle part avec

mHhhmmmm, hmmm...

L'homme l'avait prise par les hanches pour l'attirer brusquement à lui et lui rouler un patin, se moquant éperdument des regards des autres.

Le spectacle n'avait rien de la douceur pudique des couples d'amoureux, c'était sale, grossier, vulgaire, vraiment.

Leurs lèvres continuèrent encore longtemps de se séparer pour mieux se rejoindre, la respiration haletante.

Puis, enfin lassé, l'homme lâcha Ritsuko.

Rina

— Vous voyez ? Dès que ça me concerne, il devient fou.

Je sais plus quoi faire avec celui-là.

Teppei

— Ouais, et alors, où est le problème ? Ça dérange peut-être ?

T'es à moi, t'es une partie de mon corps.

Si les gens se foutent de ta gueule, ils se foutent de moi,

et moi, j'aime pas les gens qui se foutent de ma gueule !

Rina

— D'ailleurs, tiens, l'autre crâne de piaf de l'aut'jour, avec les codes barres sur la tête,

il t'a fait quoi quand vous êtes sortis ?

Teppei

— Aaah,

l'aut' guignol ?

Ha, m'en parl' pas, il m'a cherché, il a pris mon pied !

Teppei

Tu t'souviens, il faisait l'malin comme quoi “moi j'sais faire du karaté, moi”, ben il en a pris une sur la schneuss, et il a pas cherché, il s'est mis à genoux !

Teppei

J'te l'ai foutu dans les chiottes à poil, il a brossé les pissoirs avec son falzar !

Eh, je pense à la ville, moi, au moins grâce à moi, les chiottes sont propres !

Je mériterais même une médaille !

Rina

— Ooh, sérieux ?

T'es crade quand tu veux !

Ahahahahahahahahaha !

Sans gêne, le couple se remit à rire à haute voix, comme s'il était seul dans l'établissement.

Leur rire mettait les deux jeunes devant eux visiblement mal à l'aise.

Rina

— Bon, écoutez, les enfants,

aujourd'hui, Tetsu est de bonne humeur, d'accord ?

Normalement, vous seriez à poil en train de flotter dans la rivière d'Ôji.

Homme

— On s'excuse... on s'excuse !

Teppei

— Bah, c'est bon, les enfants.

OK, y a pas les intérêts, mais au moins, vous avez ramené les brouzoufs, et en entier, et le jour prévu !

Y a pas tout le monde qu'est honnête comme vous !

Rina

— Et puis vous savez,

Tetsu fait toujours une facture trop salée sur les intérêts.

Aujourd'hui, il y en aura pour cinq doigts --

Rina

enfin, cinquante plaques, hein, n'ayez pas peur --

mais pour le reste, je vais vous proposer un truc.

Tetsu, je t'aime, mais là, ça pas être possible, tu veux bien nous laisser seuls ?

Teppei

— Rah, fais chier...

Ouais, c'est bon.

Il se leva d'un air exaspéré, mais à peine arrivé derrière les deux gamins, il se mit à sourire. Il se dirigea ainsi vers les toilettes.

Il paraissait évident que tout avait été planifié ainsi à l'avance.

Ritsuko suivit son homme du regard jusqu'à ce qu'il eût disparu dans les toilettes, puis sortit de son sac à main un contrat roulé en tube, qu'elle étendit sur la table.

Rina

— Vous êtes encore si jeunes.

Vous ne voulez quand même pas rester toute votre vie à payer des dettes envers les Yakuzas ?

Rina

Alors je vous conseille de payer ses intérêts tout de suite, aujourd'hui encore.

Comme ça au moins, vous ne l'aurez plus lui sur le dos.

Homme

— Ouais, non mais ça d'accord,

mais où est-ce qu'on va trouver 500 000 yens, nous ?

Rina

— Oui, c'est vrai aussi, j'imagine que vous avez dû déjà avoir du mal à rassembler les deux millions.

Je suppose que vous n'avez plus personne pour vous filer encore cinquante plaques.

Homme

— ... ... ...

Il était clair que l'argent qu'ils avaient rapporté ici était le maximum qu'ils avaient pu faire.

Baissant la tête, ils confirmèrent les soupçons de Ritsuko :

ils étaient sur la paille.

Rina

— Je le savais.

Regardez, je vous ai préparé ça.

Homme

— ... ... Oh putain...

Ce fut leur seule réaction face au texte du contrat sur la table.

Rina

— Pas besoin de caution ni de garant. Bon, les intérêts sont un peu chéros,

mais au moins, ils vous fileront la somme tout de suite,

Rina

et en plus, même avec un taux comme celui-là, c'est toujours nettement mieux que ce qu'il vous arriverait avec Tetsu. Vous en pensez quoi ?

Rien qu'à entendre tout cela, il était assez facile de deviner ce que Ritsuko essayait de leur imposer.

Rina

— Si vous signez, il vous lâchera.

Vous faites quoi ?

... Ah, si vous voulez des stylos, je vais vous en sortir.

Les deux jeunes scrutaient des yeux les petits caractères des clauses, et se regardèrent avec effarement en voyant le taux d'intérêt proprement criminel qui leur était proposé.

Ritsuko ne dit plus rien.

Elle s'alluma une cigarette et regarda par la fenêtre.

Après un long moment, l'homme revint des toilettes.

Teppei

— Ah ? Alors, z'êtes mis d'accord ?

Tirés de leur réflexion, les jeunes se regardèrent, puis prirent chacun un stylo...

Rina

— Ils comptent emprunter pour te filer les intérêts en une fois.

Cinquante plaques, en travaillant normalement, c'est remboursé, qu'ils ont dit.

Teppei

— Oh ? Eh ben les enfants, voilà une décision qu'elle est bien, là,

vous êtes des hommes, des vrais !

Il était évident qu'ils avaient voulu leur coller ça sur le dos depuis le début.

Ritsuko et l'homme se lancèrent des sourires affreux, signe que leur plan avait parfaitement fonctionné.

Visiblement, le contrat avait une tonne de trucs à remplir, car les deux jeunes n'en finissaient pas d'écrire des choses dessus.

Les deux arnaqueurs le savaient bien, et commencèrent à se faire la conversation pour passer le temps.

Teppei

— Ritsuko, au fait, il va comment ton mec de Hinamizawa ?

Rina

— Hmm ?

Oh, arrête avec ce “ton mec”, sois pas ridicule.

Teppei

— Bon, il est comment ?

Il a du fric, à ce qu'il paraît.

Tu penses pouvoir en sucer combien ?

Rina

— Ah oui, alors là, une sacrée somme, c'est moi qui te le dis !

Je savais qu'il avait eu une bonne partie de l'argent de sa femme pour le divorce, mais là !

Il a vraiment l'air d'avoir un max de pognon !

Teppei

— Un max, ça veut dire quoi ?

Rina

— Il a cinquante briques sur le compte.

Et comme pour lui, c'est de l'argent facilement gagné, il a pas mal de largesses.

Teppei

— Quoi ?

Oh putain, la vache !

Et tu penses lui prendre combien ?

Rina

— Hmmm, je sais pas trop, il est plutôt raide dingue de moi, tu sais.

Rina

Il m'achète absolument tout, j'ai juste à dire “je veux ça” et c'est bon !

Rina

C'est pas comme un certain que je connais, il est pas radin !

Rina

Je devrais peut-être penser à lui plus sérieusement...

Teppei

— Eh vas-y, sale mytho,

comme si tu pouvais êt' satisfaite par une autre que la mienne !

Rina

— Hffmm,

mmhhmm,

mais arrête, j't'ai dit, 'spèce d'âne, va !

Teppei

— Eh alors, comment tu comptes l'emballer ?

Rina

— Ben, je lui parlerai de toi en disant qu'il me faut de quoi te lâcher une bonne fois pour toutes.

Teppei

— Et tu comptes lui dire quoi ?

Rina

— *chuchote*

Teppei

— AHAHAHAHAHA !

Aaah, sacrée toi, va !

Bah, si t'as besoin d'un peu de persuasion, appelle-moi, hein ?

Je ferai un petit numéro dont il se souviendra !

Homme

— ... Euh...

Excusez-nous...

On a fini.

Teppei

— Super !

Bon, ben allons-y, alors.

Ritsuko, règle au bar, j'y vais déjà.

L'homme prit les deux jeunes par les épaules, un bras autour de chaque, puis alla à la porte du café.

Au moment où il allait sortir, il aperçut des clients devant lui, probablement, car il resta sur place, sans bouger.

Vu le passif de cet homme, il paraissait évident qu'il ne laisserait pas les gens passer.

... Et pourtant, en voyant les personnes devant la porte, il se plaça sans faire de bruit sur le côté.

Le client qui entra avait lui aussi l'air d'un homme peu honnête.

Il portait un costume complet, tout noir, et des lunettes parfaitement noires, aussi.

Il n'était pas énorme, mais son visage dur et son air imposant lui donnaient une certaine allure -- l'allure des gens qu'il vaut mieux ne pas déranger.

Si l'embobineur était l'indice d'une petite frappe, celui-là, par contre, c'était un vrai de vrai.

Il avait, par sa simple présence, imposé le silence à l'autre sans-gêne, sans rien faire ni rien dire.

Ritsuko paya l'addition puis vint elle aussi à la porte ; elle remarqua alors le nouveau client.

Rina

— Oh... Monsieur le chef-comptable ?

Mais que f- Bonjour, bien le bonjour, Monsieur !

Kasai

— ... ... ...

Le “chef-comptable” ne répondit rien. Il eut une petite moue avec son menton, qui semblait intimer l'ordre de dégager du chemin.

Ritsuko et les trois autres hommes partirent sans demander leur reste, la tête bien basse.

Le patron au bar remarqua alors qui était en train d'entrer. Il serra ses mains -- moites, sûrement, mais de quoi ? -- et adressa lui aussi ses salutations.

... L'homme était sûrement le contact local de la pègre.

Il avait l'air beaucoup plus calme et posé que les autres petits poissons, mais si les deux étaient partis la peur au ventre, c'est qu'il n'était vraiment pas commode.

D'ailleurs, personne dans le bar ne chercha à croiser son regard.

L'homme en costume regarda lentement dans tout le café, puis se mit à lire le menu affiché en hauteur.

Le patron s'approcha de lui très lentement, apeuré, craignant d'avoir peut-être les mauvaises choses dans sa carte...

Kasai

— ... Patron.

Maître

— Oui !

Oui, monsieur,

je... Que…

Y aurait-il un problème ?

Kasai

— Dans vos…

desserts du jour…

Le sou…

sveu...

sweet chose, là, vous le servez, aujourd'hui ?

Maître

— Pardon ?

Oh, ahahahaha, eh bien, euh...

en fait, pas aujourd'hui, non, mais...

Enfin, si vous insistez, bien sûr, je peux sûrement faire un geste, bien sûr...

Kasai

— Non, ça ira,

si vous ne le servez pas aujourd'hui, je reviendrai.

Shion

— Roh, Kasai !

Il t'a dit qu'il te le préparerait rien que pour toi, alors accepte !

T'as quand même pas fait tout ce chemin pour rien ?

Blindée ou simplement stupide, une voix rieuse retentit depuis l'entrée, peut-être inconsciente du genre d'endroit dans lequel elle mettait les pieds.

C'était la sœur jumelle de Mion.

Shion Sonozaki.

Shion poussa le dos de Kasai et le fit s'installer à l'une des tables.

Puis, remarquant la jeune fille installée en silence dans un coin de l'établissement, elle s'arrêta net.

Shion

— Ben ?

Shion

Eh, mais je savais bien que je connaissais cette tête ! Salut, toi !

C'est Rena, c'est bien ça ?

Bonjour !

Rena

— ... Eh ?

Oh... Shii ? C'est toi ?

Shion

— Je suis bien surprise de te rencontrer ici, ma grande.

Shion

Tiens donc ?

Et toute seule, en plus ?

Tu attends quelqu'un ?

Ma sœur ?

Oh, petite coquignou, tu attends Keiichi ?

Rena

— Euh, Shii...

Dis-moi, c'est qui ce monsieur ?

Shion

— Hmm ?

Qui, Kasai ?

Shion

Bah, c'est un peu mon garde du corps, si tu veux.

Si jamais je suis en danger, tu viendras me sauver, hein ?

Kasai

— ... S'il n'y a que ça pour vous faire plaisir, alors je vous protégerai au péril de ma vie.

Shion

— Waouh,

Kasai ! Si tu avais 20 ans de moins, j'aurais des tas d'hôtels à visiter avec toi.

Shion

Bah, comme tu peux le constater, il fait peur à voir, mais il est sympa.

Ah, elle, c'est Rena Ryûgû.

C'est une amie de ma sœur.

Kasai

— ... Je m'appelle Kasai.

Heureux de vous rencontrer, Mademoiselle.

Rena

— Euh...

Ka-

Monsieur Kasai,

je... Est-ce que vous connaissez les gens que vous venez de croiser à la porte ?

Kasai ne fit qu'acquiescer laconiquement.

Shion

— C'est qui ?

Je les ai jamais vus, moi.

Kasai

— ... L'homme s'appelle Teppei Hôjô.

C'est un tricheur au mahjong, pas très bien élevé.

En entendant son nom, Shion eut un éclair de compréhension.

Rena

— ... Et la femme ?

Kasai

— Rina Mamiya.

Enfin, je pense que c'est un faux nom, dans sa branche de métier, c'est assez courant.

Je crois que son vrai nom, c'est Ritsuko. Elle travaille dans l'une des maisons closes de la Flower Road, il me semble.

Rena

— Monsieur Kasai.

... Rina et ce Hôjô, là, ils sont quoi au juste ?

Ils ont l'air de bien s'entendre.

Kasai

— Hôjô est son proxénète, normalement.

Ils ne sont pas très recommandables, je vous conseille de ne pas les fréquenter.

Rena

— C'est-à-dire, pas recommandables ?

Kasai n'avait pas l'air très à l'aise.

Kasai

— ... Je ne me mêle pas des affaires des filles.

Rena

— Vous voulez dire quoi par “pas recommandables” ?

Kasai

— ... Je ne souhaite pas vous répondre, Mademoiselle.

Rena

— Vous voulez dire quoi par “pas recommandables” ?

Rena avait la ferme intention de poser la même question jusqu'à obtenir une réponse.

Shion décida d'intervenir.

Shion

— Kasai,

allez, dis-lui.

Je pense pas qu'elle te pose la question par simple curiosité.

N'est-ce pas, Rena ?

Rena

— ... ... ...

Kasai

— ... ... ...

Le silence entre Rena et Kasai était insoutenable.

Seule Shion semblait ne se rendre compte de rien.

Kasai finit par soupirer puis tourner la tête, et se décida à parler.

Kasai

— Ce sont deux escrocs.

Ils vivent de rackets et d'arnaques en tout genre.

On raconte aussi que la femme fait agence matrimoniale avec elle-même.

Rena

— C'est-à-dire ?

Shion

— Aah, eh ben, comment t'expliquer,

c'est une arnaque au mariage, à la base.

Shion

Elle se trouve un bon pigeon, elle le chauffe à blanc, et quand il lui est tombé tout cuit -- si j'ose dire -- son homme débarque et la récupère, avec une grosse somme à la clef.

Kasai

— Elle se laisse entretenir un moment, voit combien elle peut en tirer, et se débrouille pour leur prendre un maximum.

J'ai entendu dire que récemment, elle avait trouvé un pigeon très juteux à Hinamizawa.

Shion

— Aïe, ouh là, le pauvre.

Je sais pas qui c'est, mais j'ai de la peine pour lui.

Shion

Enfin bon, en même temps, il fallait pas laisser tremper son biscuit partout, hein ?

C'est bien fait pour sa gueule, quelque part.

Kasai

— Allons, Mademoiselle, ne dites pas ça.

Les hommes sont parfois très faciles à berner, surtout par une jolie femme.

Shion

— Ah oui ?

Shion

Mais dis-moi, tu m'as l'air très au courant, tu as eu une expérience concrète d'où tu tires toute cette sagesse ? C'était qui ?

Shion

Ah, patron, mettez un dessert pour moi, Kasai et pour Rena.

Ben ?

...

Où elle est, maintenant ?

Kasai

— Elle vient de partir.

Rena n'était plus nulle part en vue. Seule la porte teintée savait où elle se dirigeait...

Lorsque je rentrai à la maison, la porte était fermée à clef.

Après avoir ouvert la porte, j'entrai et vis un papier sur la commode dans le vestibule.

Il y avait seulement écrit que mon père avait eu une urgence, qu'il sortait et qu'il mangerait sur place.

Ce n'était pas un cas de figure isolé ces derniers temps.

Mon père ne me disait jamais rien de précis, simplement qu'il avait des choses urgentes à faire à Okinomiya.

Mais mon père ne savait pas que je l'entendais souvent parler au téléphone.

C'était probablement Rina qui l'avait invité à manger un morceau quelque part.

Je poussai un soupir déçu, puis quittai le nouveau salon -- je ne pourrai jamais m'y faire... -- et retournai dans ma chambre.

La conversation dans le café me revint en mémoire.

En étant gentil, ou pourrait dire qu'elle n'avait pas eu le choix, qu'elle avait seulement fait semblant, parce que l'homme était sûrement dangereux et qu'elle ne voulait pas prendre de coups.

Mais lorsque Tetsu était parti, elle n'avait pas hésité une seule seconde et avait extorqué tout ce qu'il était possible de prendre de ces deux jeunes loubards.

Si elle avait seulement fait semblant, ce ne serait pas arrivé.

Si elle n'avait pas été d'accord avec cette arnaque, elle l'aurait montré, elle se serait trahie.

C'est un peu comme lorsque l'on prend de l'eau dans les mains.

Même en faisant super attention, il y a des gouttes qui tombent.

Elle aurait dû laisser tomber des gouttes -- elle aurait dû montrer des émotions.

Mais il n'en avait rien été. Ses mains n'avaient rien laissé passer.

Je dirais même qu'il n'y avait jamais eu d'eau dans ses mains.

Elle n'avait eu aucune émotion.

Elle les avait arnaqués, cyniquement, méchamment.

Ce n'était pas une question de complicité tacite ou de laissez-faire de sa part.

Elle et son mec étaient activement allés chercher des pigeons pour les plumer.

... Oui...

Rina...

était une “méchante”.

Cette pensée fut accueillie par un tonnerre d'applaudissements par chaque cellule de mon corps.

Il faut dire aussi que je haïssais Rina.

Mais à cause de sa relation avec mon père, j'étais bien obligée de mettre un frein à mes émotions.

Or, maintenant, je pouvais enfin accepter cette haine...

Elle était comme ma mère, c'était une “méchante”.

Rien qu'en restant avec mon père, elle menaçait de lui faire du mal, de le priver du bonheur auquel il aspirait.

Mais je pense que même si je lui en parlais, il ne comprendrait pas.

Il est complètement raide dingue d'elle.

Il cherche à analyser chacun de ses mouvements et chacunes de ses humeurs dans le bon sens -- ou en tout cas dans un sens positif.

Il la protège et l'adule, sans vraiment trop se soucier de la vérité.

... Je ne suis plus une gamine, moi non plus.

Je sais bien comment une femme peut se mettre un homme dans la poche.

Ce n'est pas une relation de pleine confiance qui règne entre les partenaires.

C'est plutôt une prolongation du besoin animal de contrôler l'autre, d'en faire son esclave.

Et tous les hommes sont pareils, même mon père.

Il suffit d'y mettre les moyens et ils tombent tous dans le panneau, c'est automatique.

Ils n'y peuvent rien, c'est engraîné en eux, dans leur cerveau -- parce qu'ils sont des hommes.

Ils ont beau dire, ils sont incapables de ne pas s'y soumettre.

C'est bien pour cela que les femmes qui usent et abusent de ce stratagème dans leur profession sont méprisées.

Et c'est pour ça que je n'ai jamais pu aimer Rina.

Et même en admettant l'existence d'une relation fusionnelle qui serait uniquement basée sur le sexe et sur rien d'autre, je ne pourrais l'accepter que si réellement, elle était due à l'amour.

Mais là, il n'y a pas d'amour.

Ce n'est qu'une méthode comme une autre d'extorquer des sous.

C'est pire que tout, ce n'est digne que du mépris le plus profond...

La conversation me revint mot à mot en tête.

Rina avait parlé des largesses de Papa.

Et c'était vrai que depuis qu'il l'avait connue, il avait commencé à dépenser.

Au début, je pensais que je devais me réjouir de voir mon père s'intéresser à la mode et aux choses mondaines, mais maintenant... je n'en étais plus aussi sûre.

Les finances de la famille, c'est mon père qui les gère, mais comme c'était moi qui faisais les courses, je prenais souvent notre livret pour aller retirer de l'argent à la banque.

C'est pourquoi je savais où est-ce que Papa rangeait tout ça.

Je cherchai le tiroir fermé à clef du petit secrétaire de mon père.

Je savais où était la clef, et je connaissais aussi la combinaison du coffre.

Je devins nerveuse en l'imaginant rentrant pendant que je cherchais dans ses affaires.

Mais il me fallait absolument savoir...

Ouvrant le petit tiroir, je vis plusieurs bons, reçus, livrets et autres papiers.

Prenant le livret du compte principal, je poussai un cri de surprise.

En dessous, il y avait une liasse de billets de 10 000 Yens.

Elle était entourée d'un papier portant l'insigne de la banque.

Et il y avait plusieurs de ces papiers qui traînaient dans le tiroir,

ce qui signifiait qu'il y avait eu ici plusieurs liasses d'un million de yens, déjà ouvertes et entièrement utilisées...

Je sais qu'il n'aime pas aller retirer trop souvent, c'est pour ça qu'il retirait toujours une grosse somme en une seule fois.

Mais d'habitude, il ne retirait que 100, voire 200 000 Yens.

Là, il s'agissait de plusieurs millions. C'était complètement autre chose.

Rien qu'à voir ces billets, mon cerveau avait compris qu'il se passait un truc louche.

Mes doigts se mirent à trembler ; je n'avais curieusement plus tellement envie d'ouvrir le livret pour regarder les prélèvements.

Je sentis quelque chose en moi, une émotion qui voulait nier la réalité des faits devant moi et ceux du café, tout à l'heure.

Ce n'était pas pour protéger l'image innocente que j'avais de leur relation.

C'était parce que je refusais de croire que mon père pouvait être le “mec de Hinamizawa” qui était en train de se faire plumer...

J'ouvris le livret.

Je l'avais vu pour la dernière fois il y avait déjà quelques mois, mais depuis, mon père avait fait d'innombrables retraits.

Normalement, les chiffres ne parlaient pas, ils étaient anodins.

Mais là, ces nombres étaient vraiment impressionnants, ils en disaient long tout en ne disant rien.

La spirale mathématique était cruelle et implacable.

Au début, il s'agissait encore de sommes compréhensibles, des restaurants, des sorties improvisées.

Et puis, les nombres ont commencé à tous se ressembler, ils commençaient par 5 ou par 10.

On voyait tout de suite que mon père avait voulu toujours avoir de l'argent sur soi, chaque fois qu'il la rencontrerait.

Et puis, parmi eux, soudain, un nombre bien différent.

... Plusieurs centaines de milliers de Yens. Ce n'était clairement pas une soirée au restaurant.

Je regardai la date et me mis à fouiller dans ma mémoire.

... Aaah,

oui...

Rina m'avait dit qu'elle avait déménagé... Il me semble bien que c'était dans ces eaux-là...

Je calculai quelques sommes d'après les loyers en vigueur aux abords d'Okinomiya.

Oui, deux mois de caution et deux mois en cadeau.

Ça correspond, oui.

Papa a payé tous les frais de son déménagement.

Et puis, juste après, des nombres élancés, fougueux, impétueux, des nombres de jours de fête.

Les retraits se firent de plus en plus gros.

Il ne s'agissait plus d'avoir de quoi faire face aux dépenses du quotidien, il s'agissait d'avoir tout le temps une grosse somme sur soi pour faire des folies.

Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose.

Mon père avait perdu le sens de la valeur de l'argent.

Alors que le solde rapetissait à vue d'œil et que je me demandais comment cela pouvait continuer, il y eut soudain un apport de capital colossal.

... D'où est-ce que Papa a pu bien recevoir cet argent ?

Ne me dites pas que...

Je pris un autre livret, d'une couleur différente, et l'ouvris.

Les chiffres représentaient un petit puzzle, un puzzle extrêmement facile à faire.

Les pièces étaient tellement grosses qu'au premier regard, on voyait quel morceau allait à quel endroit.

... Mon père avait pioché dans les économies qui devaient assurer sa retraite.

Cet argent, c'était la somme extravagante qu'il avait obtenue lorsque Maman avait divorcé.

Cet argent, il était sale, maudit.

Je comprenais, quelque part, que mon père voulût s'en servir pour célébrer un nouvel amour dans sa vie.

Mais ce n'était qu'une excuse pour entamer cet énorme capital.

L'argent, ce n'est que de l'argent.

Qu'il vienne d'un divorce ou d'ailleurs, ces sommes étaient un capital amassé pour faire face aux vicissitudes du futur.

Ce n'était pas parce qu'il venait de son divorce qu'il fallait le dilapider au plus vite.

Des sommes folles commencèrent à apparaître.

Plusieurs fois de suite, des centaines de milliers de yens.

À bien y réfléchir, cela pouvait correspondre au prix d'équipement pour la cuisine, ou pour des meubles.

Je devinai sans problème que mon père avait voulu offrir tout ce que Rina désirait.

Si elle avait l'intention de l'arnaquer depuis le début,

elle a sûrement tenté de savoir jusqu'où elle pouvait pousser le bouchon.

Et comme mon père payait pour tout sans broncher, elle s'est rendu compte que c'était un pigeon idéal.

Les chiffres ne mentaient pas.

Je regardai à nouveau les dates, et à nouveau, mes souvenirs furent formels.

C'était à cette époque-là qu'elle a commencé à dormir chez nous de temps en temps.

Avant ces dates, mon père n'était qu'un amant dépensier,

mais après, c'était un pigeon, une cible à plumer.

C'est à cette époque-là que mon père a cessé de parler de “son amie qui vit à Okinomiya” et qu'il m'a parlé d'elle en tant que “Rina”.

Il était vraiment ridicule...

Mais en même temps, j'avais de la sympathie pour lui, je savais ce qu'il avait enduré avec la trahison de ma mère.

Et puis, j'étais un peu responsable aussi.

Je ne pouvais pas laisser la faute reposer entièrement sur lui.

Et puis... Papa n'était pas exactement un beau gosse.

Il n'avait pas dû avoir beaucoup d'expérience avec les femmes ;

la première femme à l'approcher et à ne pas être trop farouche alors qu'il avait le moral au plus bas avait dû lui paraître la plus parfaite des saintes.

Il était devenu fou d'elle et le reste ne comptait plus.

Elle l'avait apprivoisé, elle l'avait éduqué en ce sens, donc forcément...

Je replaçai le tout dans le petit coffre et le refermai.

L'état de ce coffre, c'était celui du cœur de mon père.

Il était rongé par Rina, de plus en plus !

Bon sang, mais qu'est-ce que je peux faire ?

Calme-toi, Rena, réfléchis ! Il faut réfléchir, vite et bien !

Est-ce qu'il faut lui parler des plans de Rina et de son mac ?

Non, ça ne servirait à rien, probablement.

Les animaux domestiques sont ceux qui ne s'enfuient pas quand vous les libérez.

Mon père ne bougerait pas, même si j'ouvrais la porte de sa cage.

Confronter Rina alors qu'elle est avec mon père ?

Non, ça reviendrait au même.

Rina fuirait la confrontation, se recroquevillerait sur lui.

Et lui, il la couvrirait.

Il suffit de presser vos tétons dans le dos d'un homme pour qu'il se mette en tête de vous protéger -- ça marche à tous les coups.

Cette histoire devient dingue, ce n'est pas une guerre entre moi et mon père.

Moi, à la base, je veux le protéger d'elle.

Si nous ne nous serrons pas les coudes, Rina pourra s'en servir pour nous monter l'un contre l'autre.

Mais alors... Ça veut dire que je ne peux rien faire pour le convaincre.

Si je ne peux pas le convaincre de rompre les liens avec Rina...

Il faut que je lui parle à elle pour lui demander de ne plus jamais venir.

... Oui. Je ne dois pas monter mon père contre elle.

Je dois monter toute seule au créneau et me battre.

Mais comment faire ?

Me battre, d'accord, mais comment au juste ?

... Je sais. Je vais demander conseil à cet homme, Kasai. Il les connaissait, il saurait quoi faire.

Il faudrait le rencontrer à nouveau, par n'importe quel moyen.

Il faisait peur, mais Shion lui a dit que j'étais une amie de Mii.

Normalement, Mii est une personne importante dans la région.

Il ne devrait rien m'arriver...

Si j'arrive à les menacer en leur faisant comprendre que je savais ce qu'ils manigançaient...

Avec un peu de chance, elle arrêtera de venir d'elle-même...

Mais oui, mais ça me dit quand même pas comment je vais le rencontrer, moi, Kasai !

Et puis, j'ai pas envie d'expliquer à Mii pourquoi je dois le voir...

De toute façon, c'est un problème qui ne concerne que la famille Ryûgû.

Personne d'autre ne devrait mettre son nez dedans.

Je dois me battre, et je dois le faire seule.

J'ai eu suffisamment de regrets lorsque mes parents ont divorcé.

Je me suis lamentée suffisamment souvent de ne pas avoir agi pendant qu'il était encore temps pour éviter la catastrophe.

Alors cette fois-ci... Je ne veux pas avoir à me lamenter encore une fois.

J'ai une chance de rattraper le coup, et je ne la laisserai pas passer.

Il n'y a plus qu'à se sortir les doigts du cul... et à tendre la main pour saisir le bonheur...