Par une belle journée, lors de la pause midi...

Bong

Clang

Plassshhh !

Keiichi

— Ouh là,

qu'est ce qu'il se passe ??

Rena

— Ça venait du couloir !

Vite, allons voir !

Vite, allons voir !

En sortant de la classe, nous pûmes voir le Chef, un seau d'eau renversé sur la tête !

Mion

— Chef, ça va ?

Irie

— Hrmmm,

je crois que je me suis bien fait avoir...

Bonjour, tout le monde.

Il nous salua, mais sans sa verve habituelle.

Keiichi

— Eh ben alors, Chef, que faites-vous là ?

On vous voit rarement à l'école, d'habitude.

Irie

— Oui, mais bon, c'est pour le travail, je viens ici une fois par semaine.

Et comme cela fait plusieurs fois qu'il n'y avait pas eu de pièges, j'ai baissé ma garde...

Rena

— Ahahaha...

Oui, c'est toujours comme ça avec Satoko...

Et sinon, c'est pas trop grave pour vos habits ?

Irie

— Oh, ce n'est rien, c'est juste de l'eau, ils ne sont pas en sucre. Et puis, par une telle chaleur, c'est rafraîchissant.

Mion

— Sacré vous !

Vous n'êtes pas du genre à vous énerver pour un oui ou pour un non !

Vous avez l'âge de raison, je suppose.

Oui, c'est vrai après tout.

Si c'était moi, je serais en train de courir après Satoko pour lui faire manger le seau.

Cela rendait humble de voir quelqu'un réagir aussi calmement à ces mauvais tours.

Irie

— Maebara,

il suffit de peu de choses, avec ce genres de mauvaises blagues, pour s'énerver ou pour s'en amuser.

C'est juste une question de tact, en fait.

Keiichi

— ... Faut absolument que vous me donniez le truc pour ne pas vous énerver après un seau de flotte sur la figure, vraiment.

Irie

— Par exemple, prenons le cas d'une vieille maison traditionnelle, bâtie à l'ère Meiji, au siècle dernier.

Keiichi

— Oui, je vois. Et ?

Irie

— Imaginons que dans cette grande maison, il y ait une armée de servantes et de domestiques.

Irie

Bien sûr, comme c'est une grande batisse, il y a certaines servantes qui travaillent ici depuis longtemps, et d'autres qui sont plus jeunes et plus nouvelles.

Vous les visualisez ?

Allons, un petit effort d'imagination♪!

Irie

 Alors♪?

Une aura rose s'élargit en cercles concentriques depuis le chef, et des servantes en rubans, coiffes et autres jaretelles apparurent sous nos yeux ébahis...

Irie

— Les jeunes servantes sont encore toutes fraîches et inexpérimentées, et veulent bien évidemment s'attirer les faveurs du maître !

Mais les servantes déjà en place ne veulent pas le leur permettre !

Irie

Et elles sont méchantes avec elles, à chaque fois que c'est possible !

Eh bien alors, il reste de la poussière ici !

Oh, je suis confuse, excusez-moi...

Eh bien. recommencez !

Et une gifle !

Irie

Et par dessus, elle lui verse le seau d'eau sur la tête !

Et la jeune servante est toute mouillée, ses habits blancs sont sales, elle est sur le point de pleurer, mais elle retient ses larmes, et elle reprend sa tâche, courageusement...

Irie

Ooowiiiiiiiiii♪♪♪

Rena

— ... Hauuu☆

Mais c'est super, tout ça !

Elles sont mimi, les servantes... Oh oui, très mimi♪

Mion

— Raaah, non,

vous n'allez pas embarquer Rena avec, quand même !

Et toi, p'tit gars,

allez, arrête de rêver !

Satoko

— S'il n'y avait pas toutes histoires de domestiques, le chef serait quelqu'un de si respectable...

Irie

— Oh !

Satoko Hôjô !

Eh bien mademoiselle, regardez-moi ce désastre !

Il reste encore de la poussière !

Vous serez punie, châtiée !

Si, si, si, châtiée comme il se doit !

Satoko

— Quoi ?

Mais ?

Maiiiiiis !

La jetant sur ses épaules comme un vulgaire sac de pommes de terre, le chef se mit à lui donner une fessée.

Rena

— Ahahahahahaha !

Mais regardez-la comme elle est mimi !

Ahahahaha !

Keiichi

— J'arrive pas à comprendre comment elle peut savoir la réaction des gens pour placer les pièges et tomber elle-même dans le panneau.

Rena

— Je ne pense pas qu'elle soit tombée dans le panneau.

À mon avis, elle voulait finir comme cela !

Keiichi

— Elle l'aurait voulu ?

Mais comment ?

Rena

— Quand tu fais ce genre de coups vaches aux gens, tu peux être sûr qu'ils te pourchassent, non ?

C'est une forme de communication.

Keiichi

— Eh ben c'est pas très plaisant.

Elle peut pas dire bonjour, comme tout le monde ?

Rena

— Voyons, Keiichi,

tu ne sais pas que les enfants turbulents qui ne font que des bêtises sont ceux qui se sentent seuls et qui veulent attirer l'attention sur eux ?

Rena avait un sourire très calme et très tendre en disant cela.

Rena

— La prochaine fois que tu tomberas dans l'un des pièges de Satoko,

n'oublie pas de t'énerver et de lui courir après, d'accord ?

Rena

C'est un peu comme un animal qui fait semblant de te mordre et qui s'enfuit... C'est mignon, non ?

Satoko

— Je suis sûr qu'il arrivera ici et qu'il fera un saut en arrière, pour l'éviter.

Et donc, je vais placer cela ici, et je suis certaine que le piège fera son effet !

Satoko était en train de refaire certains pièges dans la forêt de la montagne.

Si Rena avait vu juste et que Satoko posait des pièges pour qu'on s'occuppât d'elle,

alors les innombrables pièges placés dans la montagne devait aussi réfléter ce sentiment.

Je suppose qu'elle était venue ici avec Rika et que depuis le jour où elle avait placé tous ces pièges,

elle attendait le moment où quelqu'un tomberait dedans.

Sauf que personne ne passait jamais par ici.

Elles avaient sûrement passé leur temps à se demander quelles seraient les réactions des victimes, en fait.

Elle avait été séparée de son frangin adoré, depuis, son “Totoche”.

Et elle refusait obstinément d'avouer qu'elle voulait le voir revenir le plus vite possible.

Mais ces dizaines et ces centaines de pièges étaient la preuve de sa terrible solitude.

Satoko

— Mais, est-ce que vous m'écoutez, mon cher ?

Voyons, Keiichi !

Keiichi

— Ah, euh, désolé.

Tu disais ?

Satoko

— Regardez donc, un simple clou pas trop enfoncé dans un tronc peut faire un piège tout à fait excellent !

Si la personne tombe ici, elle roulera et donc frappera sa tête bien dessus, cela lui fera très mal, sans aucun doute possible !

Keiichi

— Hmmm, alors ce serait la tête de la victime qui servirait de marteau ?

Ouais, elle se ferait sûrement très mal...

Satoko

— Ce piège servira à punir une personne très méchante !

Je me demande bien quel être répugnant ce sera !

Keiichi

— ... Pourquoi tu me regardes comme ça ?

Tu veux que ce soit moi ou quoi ?

T'es folle, je veux pas me blesser.

Je préfère que tu l'enlèves, celui-là...

Satoko

— ... Vous pensez vraiment ?

Oui, en effet, ce n'est pas un piège posé avec amour.

Eh bien, je vais modifier l'angle du clou, pour lui laisser une chance de se repentir par la suite...

Elle s'affaira devant l'arbre.

Des pièges posés avec amour, hein ?

Le Chef avait peut-être raison, finalement.

Selon la manière dont on les regardait, ils prenaient une toute autre signification.

Mais alors... le fait de tomber à chaque fois dans ses pièges, c'était peut-être aussi une forme de communication.

Satoko

— Bien, j'en ai terminé !

C'est parfait !

Qu'en pensez-vous, mon cher ?

Keiichi

— Ouais,

ici, c'est parfait.

J'espère qu'il viendra vite un méchant pour se prendre le piège.

Satoko

— Hohhohhohho !

Ne soyez pas stupide, je préfère ne jamais tomber sur une personne méchante, pour commencer !

Il avait l'air de faire mal, ce piège, mais la prochaine fois que je passerai par ici, je vais essayer de tomber dans ce piège, juste pour lui faire plaisir...