Keiichi

— Moi, je vous le dis.

Si Satoko devait un jour se retrouver assiégée dans les montagnes, elle pourrait se débarrasser de tout un commando de bérets verts.

Mion

— Oh, je n'en doute pas.

Elle a été instructeur dans les camps d'entraînements russes.

Rena

— Bon, arrête ton char et sors-moi de là !

Je ne comprenais toujours pas comment nous avions pu nous mettre dans ce pétrin.

Mion était tombée dans un trou très étroit mais si long que seule sa tête en dépassait.

Ne pouvant pas sortir les épaules, elle ne pouvait pas partir de là.

Rena avait un seau sur la tête dont l'anse lui bloquait les bras, et elle n'arrivait pas à se l'enlever.

Elles avaient toutes les deux l'air parfaitement ridicule, mais elles étaient plus ou moins debout, leurs pieds touchaient terre, c'était une situation encore tenable.

Mion

— Et toi, p'tit gars ?

Tu penses pouvoir te délivrer ?

Sors de là où tu es et viens m'aider !

Keiichi

— Non, c'est toi qui vas venir !

Tu veux que je fasse quoi, je suis saucissonné à une corde et je pends en l'air !

Oui, j'étais en ce moment la tête à l'envers, à environ 2m du sol.

Il faudra vraiment que je lui demande comment est-ce qu'elle a placé ses pièges pour que l'on se retrouve dans ces positions !

Toute cette débandade avait commencé lorsque les filles avaient décidé de m'emmener dans la montagne pour m'apprendre quelques petits trucs sur la vie à la campagne, moi qui n'avais jamais connu cela, n'étant qu'un idiot de citadin.

Rena

— Mais tu sais, je connais pas trop l'arrière-pays non plus, hein ?

Je crois bien que je risque de me perdre...

Hau.

Mion

— Ouais, les forêts de montagne, ça fait un bail que je n'y vais plus.

J'y allais quand j'étais gamine,

et puis je me suis perdue une fois, et c'était pas piqué des hannetons.

Satoko

— Oh, si ce n'est que ça, laissez-nous vous guider !

Rika et moi y jouons tous les jours, c'est un peu notre jardin.

N'est-il pas, ma chère ?

Rika

— Miaou !

Keiichi

— Ah ouais ?

C'est super pratique, dites donc.

Ben alors, on peut faire une petite randonnée en montagne, non ?

Rena

— Euh, Keiichi, tu as lu les recommendations pour les vacances d'été ?

Ils disaient de ne pas aller jouer dans la montagne, le chemin est trop dangereux, et puis on s'y perd très facilement.

Rika

— ... Allons bon, nous ne sommes pas encore les vacances d'été, ce n'est pas grave.

Et puis, je connais le chemin, soyez tranquilles.

Satoko

— Nous le connaissons comme notre poche !

C'est notre jardin !

Tous les petits sentiers et les raccourcis n'ont aucun secret pour nous !

Elles n'avaient pas menti : ELLES connaissaient le chemin...

Et grâce à elles, j'avais vu des choses que je n'aurais jamais vues en restant au village, je me suis oxygéné comme jamais !

Mais en chemin, tout était devenu bizarre.

Satoko

— Ah, au fait.

Mes chers amis, votre attention s'il vous plaît.

Je vous conseille de bien mettre les pieds là où je vais mettre les pieds pendant les quelques prochains mètres.

Keiichi

— Pardon ?

Mais qu'est-ce que tu racontes ?`

Rika

— ... À votre place, je ne poserais pas de question et j'obéirais.

Rena

— Tiens ?

Dis vois, Mii, regarde voir ça, là-bas.

Tu sais ce que c'est ?

Je tire dessus ou pas ?

Je tire ?

Il y eut le bruit d'une corde trop tendue.

Puis le contrecoup, un élastique qui se relâche,

et enfin quelque chose de gros qui se déplace !

Le fil que Rena avait décroché fit s'abattre devant elle une pluie de lances taillées dans du bambou.

Mion

— Wouoh, eh !

Wouoh !!

C'est quoi, ça ?

Mais ?

Eh !

Aaaah !

Rika

— Ouah, c'est vieux, tout ça...

Tu l'as installé quand on était en CE1, non ?

Satoko

— Vous avez eu chaud, ma chère.

J'avais mis des excréments de chien sur les lances, si elles vous avaient blessée, vous auriez pu avoir la gangrène.

Keiichi

— Mais bordel, on n'est pas au Viêt Nam !

D'après ce que Rika m'expliqua, Satoko s'était découvert une passion pour la pose de pièges peu après le début de sa scolarisation.

Et elle avait donc passé de nombreuses heures à placer des pièges un peu partout dans les forêts de la montagne...

Rena

— Keiichi, je parie que si les randonnées sont interdites par ici, ce n'est pas parce que les gens perdent leur chemin, mais parce que c'est dangereux, tout simplement...

Mion et moi acquiescèrent sans attendre. Cette théorie semblait plus que probable…

Satoko

— Bon !

Eh bien, reprenons notre route.

Il va bientôt faire nuit,

et lorsqu'il fait nuit, même moi je ne suis pas à l'abri de mes pièges !

Mais elle est dingue ou quoi ???

Et puis d'abord, pourquoi est-ce qu'elle pose des pièges mortels ?

Après cela,

nous avions perdu Rika et Satoko de vue, et quelques secondes plus tard, nous étions tous les trois tombés chacun dans un piège.

Mion

— Que quelqu'un me sorte de là,

je dois aller au chiottes !

Rena

— C'est pas grave ça !

Que quelqu'un m'enlève ce seau !

Moi je ne vois plus rien devant moi !

Hau !!

Keiichi

— Rena, arrête de bouger,

je peux voir ta petite culotte d'ici...

Rena

— H-Hauuuu !!!

Tu l'as regardée ?

Tu as maté, hein ?

Tu l'as matée, sale porc !

Hauuuuuu !

Smash, crash, smash, smash smash crash bash!!!

Keiichi

— Eh, menteuse,

je croyais que tu voyais rien avec le seau sur la tête ?

Hé !

Ooolé !

ohbff

Malgré le seau, Rena avait réussi à me frapper plusieurs fois. Mion se mit à pleurer.

Rika

— Haaa la la, pauvres choux.

Satoko

— Enfin, mes amis, je vous avais pourtant prévenus !

Ne vous éloignez surtout pas de moi !

C'était un peu tard, mais j'eus une révélation.

Si Satoko avait insisté pour nous emmener ici aujourd'hui, c'était uniquement pour nous montrer ces pièges dont elle était si fière.

La prochaine fois, qu'elle se contente de nous les montrer de loin.

Je n'avais plus jamais envie d'y goûter !

Rika nous caressa la tête à tous les trois, l'un après l'autre, le visage resplendissant de bonheur...