— Au fait Rena, tu as le même âge que moi, hein ?
— Oui.
En effet.
On a aussi le même signe astrologique.
C'est normal, non ? Si on est de la même année, ce serait bizarre si le signe chinois était différent...
— Ah, mais justement.
Tout va dépendre de la date précise de la naissance. Il est tout à fait possible que vous ne soyez pas de la même année chinoise !
— Hein ?
Oh... Ah ouais...
Bien vu, Mion !
— Ahahahahaha.
Et donc, tu es de quel mois ?
Moi je suis née en juillet !
J'ai l'impression qu'elle fanfaronne.
Ne me dites pas que...
Elle a quand même pas l'intention de se la péter si elle est plus vieille que moi ?
— Heh !
Abandonne, Rena.
À ce jeu-là, tu as perdu d'avance.
Mais si tu y tiens, on peut parier 100 yens par mois de différence.
Hein ?
Quoi ??
Mais... Pourquoi ?
Pourquoi ?!
Rena était clairement déroutée.
Me basant sur sa réaction, je pouvais affirmer qu'il ne lui restait presque plus d'argent de poche ce mois-ci.
Il n'empêche... que d'excitation pour de simples dates de naissance !
— Ah, laisse-moi deviner, tu es d'avril ?
— Précisement !
Pas de chance, Rena !
Je suis déjà à l'année suivante depuis un bail, moi !
— Oh !
Je vois, je vois...
Tu as donc le même âge que Mii !
— Oui, enfin bon, juste pendant quelques mois, hein !
Je reprendrai de l'avance sur lui dans pas longtemps !
Je regardai Mion ricaner fièrement.
Y a pas de quoi être fière, tu sais...
mais bon, j'ai fait la même chose avec Rena, donc je ferais bien de la fermer...
— Tiens, j'y pense... Mion, tu es une classe au-dessus de moi, n'est-ce pas ?
— Si tu ne t'excites que sur les plus jeunes que toi, je peux faire semblant si tu veux ?
— Mii, parfois tu dis des trucs que j'ai du mal à comprendre...
Elle veut faire croire ça à qui, avec son teint rouge tomate ?
— Et donc Satoko et Rika sont une classe en dessous.
En fait, elles sont même plusieurs classes en dessous...
— Euh... Keiichi, je crois que c'est pas très bien de les préférer trop jeunes...
Enfin, c'est que mon avis...
Euh, là c'est moi qui ai du mal à suivre...
Dans le doute, je lui chopai la tête et ébouriffai ses cheveux.
— Méééé euuuuuh !! Aaaarrêêêêteuh !
— Dites, je me demande un truc, ça fait un moment que ça me trotte dans la tête, en fait.
Pourquoi les classes sont-elles ensembles, ici ?
— Ben, déjà, il n'y a pas assez de pièces, à la base.
Donc on n'a pas vraiment le choix, hein ?
Et puis, l'école squatte un bâtiment des Eaux et Forêts, alors bon...
Maintenant qu'elle le dit...
C'est vrai que cette école est bizarre.
La cour de l'école est en gravier, il y a une grosse tractopelle tout le temps garée dedans, et en plus le bâtiment lui-même contient des pièces qui n'ont rien à voir avec le reste.
— Mais pourquoi elle est ici alors ?
Qu'est-ce qu'il est arrivé à la vraie école ?
— C'était une vieille bâtisse, qui datait de bien avant la guerre...
Le temps a fait son effet, quoi.
Elle est tombée en ruine.
Je parie que l'ancien bâtiment avait de la gueule.
— Et bref, les élèves ont dû aller à l'école en ville, mais bon, elle est loin, quand même, tu trouves pas ?
— Elle est où, cette école ?
— Je sais pas si tu vois, quand tu prends le virage après la rue de la gare à Okinomiya, il y a l'hôpital, tu continues et quand tu tournes encore, plus loin il y a une pédiatrie, et ben juste en face, le bâtiment, là, c'est une école.
— Non, mais t'es malade ?
C'est super loin !
Perso je voyais pas du tout où c'était, mais à voir la réaction de Rena, je supposais que c'était pas la porte à côté.
— Oui, enfin bref.
Les gosses qui ne voulaient pas aller jusque là-bas se sont retrouvés ici.
— Ça fait, quoi, allez, la moitié des enfants à Hinamizawa ?
Les autres se lèvent très tôt et partent en vélo.
— Il faut dire, une école comme la nôtre c'est quand même pas le meilleur endroit pour bien démarrer dans les études.
— Mais non, faut pas dire ça, Mii.
Il suffit d'y mettre du sien !
— C'est exactement ça.
Tout à fait d'accord, Rena !
— Ah, tu vois ?
Alors courage !
Il faut y croire !
— Oui, c'est ça, bon courage.
Je serai derrière vous et je vous soutiendrai...
— On ne parle pas de nous, on parle de toi, Mion !
C'est toi qui auras les examens cette année !
Avec ta moyenne, ton avenir me semble bien compromis !
— Maaaais non, t'inquéquette donc pas.
Au pire, si je ne trouve rien, je signerai un contrat à vie chez toi, mon p'tit Kei, au moins j'aurai de quoi manger !
— Un-un con-contrat à-à-à vie ?
Mai-mais ça veut dire quoi ?
— Bon hé !
Au fond, taisez-vous !
Silence pendant les heures de permanence !
On s'est fait caler...
On a l'air fin, maintenant.
Satoko nous regardait et se mit à rire.
Je lui répondis en lui tirant la langue.
En fait, Mion avait raison.
Cette école n'était pas faite pour former des bûcheurs.
Mais je sentais qu'en contrepartie, elle pourrait nous apporter des tas de choses qu'aucune autre école ne nous aurait apprises.