Plusieurs jours passèrent.

Pendant ceux-ci, tous les jours, le club ne put pas continuer ses activités, car soit Mion, soit Rika manquait à l'appel.

Quand je pense qu'à chaque fois, c'est tellement ardu que je me dis que je ne veux plus jamais y participer ! Et pourtant, au bout de quelques jours de répit, je devais avouer que ça me manquait.

Il faudrait me décider si j'aime ça ou pas... ...

Enfin bref, aujourd'hui était un grand jour.

C'était le retour de la vengeance du fils du club d'après les cours.

Qui plus est, nous allions en faire l'un des événements les plus importants de l'année !

“La bataille explosive sur cinq fronts en pleine fête de la purification du coton”. Quel nom de dingue, quand même...

Maman de Keiichi

— Keiichi,

il te va encore, ce yukata ?

Mets-le pour voir ?

Ma mère tenait un vieux kimono d'été un peu poussiéreux dans les mains.

Keiichi

— Un yukata ? Non, arrête...

J'y vais habillé normalement, ça ira.

Maman de Keiichi

— Pour une fois ! C'est la fête annuelle du village, tout de même !

Keiichi

— Rena a dit que je pouvais venir habillé comme tous les jours !

Et de toute façon, si j'y vais en kimono, je vais prendre la honte !

J'enfilai ma veste fétiche.

Keiichi

— Les autres seront là aussi,

donc tu n'as pas besoin de m'accompagner jusque là-bas.

Maman de Keiichi

— Comme tu veux.

Je viendrai avec ton père quand il sera réveillé.

On entendait mon père ronfler. Il était enroulé dans une couverture, sur le canapé du salon.

Keiichi

— Encore une nuit blanche ?

Maman de Keiichi

— Oui, il vient de faxer un texte qu'on lui a commandé en urgence.

Il est possible qu'il ne se réveille pas...

Mon père écrivait parfois des textes pour une colonne spéciale dans un magazine d'art.

Je n'en ai jamais lu un seul, mais bon, il paraît qu'il tient une colonne.

Je me demande si mon père serait pas un artiste de renom, en fait.

Ça paraît bizarre de dire ça, parce que bon, je suis son fils quand même, mais j'ai pas l'impression qu'il vende tellement que ça.

Ça n'empêche pas qu'il arrive à nous faire vivre, et plutôt bien même, je dirais.

Si ça se trouve, il est super connu, et je suis le seul à ne pas le savoir !

Ding-dong !

Rena

— Keiichi, tu es là ?

Merde ! C'est déjà l'heure ?

Quand je pense que j'ai fixé le rendez-vous dehors exprès pour qu'elle ne vienne pas chez moi !

Maman de Keiichi

— Ah, tiens, Rena !

Merci pour tout ce que tu fais pour notre fils...

Rena

— Ah... oh, bon-bonjour Madame, je... euh... ce-ce n'est rien, il est toujours en train de me rendre service...

Pourquoi est-ce qu'elle est obligée de rougir en baissant les yeux !?!?

Keiichi

— Mais t'es pas bien, arrête de rougir !

Ma mère va s'imaginer des trucs !

Allez, on y va !

Je pris sa main et l'attirai dehors.

Maman de Keiichi

— Rena !? Occupe-toi bien de mon fiston !

Rena

— Oui, oui madame ! Comptez sur moi !

Dussé-je y perdre la vie !

Aaaah, mais faites-la taire, quelqu'un !

Rena faisait de grands signes de la main à ma mère, pendant que je l'entraînais de force sur le chemin du sanctuaire.

Mion

— Hi, Kei !

J'espère que tu as faim ?

Aujourd'hui, c'est stands à go-go !

Keiichi

— Quoi, tu as cru que je me laisserais mourir de faim pour pouvoir gagner aux concours de bouffe ?

Mion

— Ben j'espère bien !

Keiichi

— Où sont Satoko et Rika ?

Déjà au sanctuaire ?

Rena

— Bien sûr ! Rika est membre du comité d'organisation, donc forcément elle y est.

Satoko est avec elle.

Keiichi

— Je vois...

...

OK !

Aujourd'hui, on va faire un boucan de tous les diables !

魅音

— OUAIIIIIS !

Nous étions déjà trois à avoir pété un câble.

Le sanctuaire Furude était comme transformé. Il y avait de l'agitation partout !

Cela faisait plaisir de voir toutes ces lanternes colorées, ces rangées de stands et surtout tous ces gens !

Keiichi

— Wouah, le peuple qu'il y a !

Je savais pas qu'il y avait autant d'habitants à Hinamizawa !

Rena

— Ah, mais tout le monde vient pour la cérémonie de la purification du coton.

En tout cas plus de la moitié des habitants vient.

Mion

— Oh mais pas seulement ceux de Hinamizawa.

Il y a aussi des gens qui viennent d'Okinomiya. Surtout des enfants.

Keiichi

— Je me disais aussi...

Il y a tellement d'enfants ici,

alors que notre classe n'est pas si grande que ça...

Mion

— En même temps, une fête ne s'anime vraiment que si les enfants s'amusent et bougent dans tous les sens.

Tout à fait d'accord...

Rena

— Ah, bonsoir !

Apparemment, elles connaissaient absolument tout le monde.

Bien sûr, les gens me disaient bonsoir à moi aussi, mais je n'arrivais pas à retenir tous ces noms et ces visages.

Villageoise

— Tiens, ça va Rena ?

Merci pour les légumes l'autre jour,

les gamins m'ont dit qu'ils avaient adoré !

Rena

— Oh, mais de rien.

Je suis bien contente que ça leur ait plu.

Et dites bonjour à Kazumasa de ma part !

Forain

— Eh,

v'la-t'y pas la fille Sonozaki !

Comment ça va ? Je suis venu en traînant mon échoppe ambulante !

Mion

— Dites, vous auriez pas un peu pris des côtés ?

Faites gaffe à l'infarctus !

Forain

— Oh ? Il est nouveau, celui-là !

Comment il s'appelle, ce garçon ?

Mion

— C'est un nouveau membre du club.

J'ai placé beaucoup d'espoirs sur ses épaules ! Alors faites gaffe à lui, il pourrait ruiner votre stand en une nuit !

Forain

— Quoi, vous l'avez testé et approuvé ? Allez-y mollo avec moi, d'accord !

J'en étais sûr : Mion parlaient aux tenants des stands comme à de vieux potes.

Rena

— Mii est toujours si enjouée,

c'est pour ça qu'elle a beaucoup de succès auprès des commerçants.

Keiichi

— Tu as pas mal de succès non plus je parie,

mignonne comme tu es.

Oui enfin mignonne... Si elle n'avait pas ses moments de folie.

Mais c'était déjà pas mal de la voir rougir à tout bout de champ.

Rena

— Qui, moi ?

À qui je plais, tu crois ?

Qui ?

Keiichi

— Bah, à certains dans le lot, sûrement.

Je lui ébouriffai les cheveux pour qu'elle ne me presse pas de questions.

Mion

— Heureusement que les commerçants sont là !

Sans eux, ce ne serait pas vraiment une fête !

Keiichi

— Et donc il est de notre devoir de foutre un beau bordel dans leurs stands.

Quel que soit le défi, je gagnerai !

Rena

— Allons-y gaiement !

Satoko

— Aaaah !

Enfin ! Vous êtes en retard !

Vous n'avez pas honte de faire attendre une lady, mon cher ?

Keiichi

— Ah, un millier de plates excuses.

Mais où est donc cette lady dont tu parles ?

Satoko

— COMMENT OSEZ-vous ???

OK ! Satoko démarre au quart de tour. Elle a l'air bien remontée.

Rena

— Wouaaaah ! Regardez Rika ! Comme elle est mi-miiiiiiiiiiii !

Rena en poussait des soupirs de bonheur.

Apparemment, une vraie lady était arrivée.

Rika

— Bonsoir, vous toutes.

Bonsoir, Keiichi.

Mion

— Wow !

Trop classe !

Ça te va vraiment bien !

Rena

— Elle est trop mimi,

je la ramène chez moi !!

Rika portait un habit traditionnel de prêtresse.

Pas étonnant que Rena soit toute retournée,

ça lui va super bien !

Keiichi

— Dis-donc, il a vachement la classe cet habit...

C'est un vrai de vrai ?

Mion

— C'est ma grand-mère qui le lui a cousu,

je pense que c'est assez fidèle par rapport aux vrais.

Rena

— Rika a un rôle très important à remplir à la fin de la fête, alors il faut qu'elle porte cet habit.

Ça explique qu'elle fasse partie du comité d'organisation. Si elle doit jouer un rôle clef dans la fête...

Rika

— Mon travail ne commence que tout à la fin de la fête.

J'ai encore le temps de m'amuser.

Satoko

— Et donc, cela veut dire que nous n'avons pas une seconde à perdre !

Allons-y, mes braves !

Keiichi

— OUAIS !

C'est super de se balader comme ça en groupe, on se prend pour des caïds !

Mion nous amena à l'un des stands et proposa le premier jeu.

Mion

— Les beignets de pieuvre !

Le premier à les finir a gagné ! Vous avez tous votre plateau ?

À vos marques, prêt ? Partez !

Le grand classique : le stand de beignets de pieuvre.

Comme le voulait la tradition, il n'y avait dans les beignets de pieuvre que le nom...

Keiichi

— AAAaaaah ! H'est hhaud ! H'est hhaud !

Rena

— Keiichi, ça va ?

De l'eau, vite, de l'eau !

Satoko

— Haaaa... Quelle idée aussi de les gober tout rond, ils étaient tout frais sortis de la plaque !

Mion

— Le truc, c'est d'acheter un plateau déjà préparé depuis longtemps.

Rika

— Oui, mais froid, ce n'est pas très bon.

Le stand d'à côté préparait des glaces pilées.

C'est un peu tôt pour la saison, mais qu'à cela ne tienne !

Keiichi

— Ok, maintenant, les glaces !

Le premier à finir a gagné !

Ready,

GO !!

Rena

— Ça va pas être possible !

Satoko

— Mais si, vous n'avez qu'à la faire fondre avec la température du corps et-

c'est...  ?!

C'est froid !!!

Mion

— Vous êtes trop naïfs !

Moi j'ai demandé à avoir beaucoup de sirop,

comme ça la glace fond dès que j'ai fini de mélanger !

Vous êtes tous trop lents, bande de nullos !

Il ne faut pas la manger normalement pour gagner !

Keiichi

— Glurp !

Fini !!

Mion

— Kei ?? Comment t'as fait,

c'était super rapide !

Rena

— Ne...

Ne me dis pas que...

tu as mélangé la glace avec l'eau des poissons du stand en face ?

Rika

— Et je peux vous dire que c'est carrément immangeable...

À côté, il y avait encore un grand classique !

Le stand de barbe à papa !

Satoko

— Vous ne voudriez pas tenter ceci ?

Le premier à finir a gagné !

Rena

— Et comment on fait pour manger une barbe à papa plus vite ?

Comment !?

Au signal de départ, Satoko, Mion et moi-même nous mîmes à écraser notre barbe à papa avec le plat le main !!

Il ne restait plus qu'à mettre le bâton dans la bouche... En trois secondes chrono !

Mion

— Je ne pensais pas que tu trouverais le truc, p'tit gars ! Satoko, je me doutais, mais toi ?

Keiichi

— Il va falloir arrêter de me prendre pour un bleu !

Rika

— En tout cas, c'est pas bon...

Encore une fois, Rika avait suivi le mouvement.

Rena

— Je crois que c'est le seul endroit au monde où les gens mangent la barbe à papa de cette manière.

Je pense que la barbe à papa de Rena est la seule qui n'aura pas eu à se plaindre de son sort.

Par contre, il va falloir arrêter ces délires, parce qu'autrement on va se retrouver avec des défis à la con genre “manger un épi de maïs par les trous de nez” ou “avaler puis recracher un poisson rouge”...

Mion

— Oh, pas de problème, je suis sûre de pas perdre !

Satoko

— Mion est imbattable quand il faut manger.

Keiichi

— C'est clair, elle avale tout.

Mion

— Qu'est-ce qu'il y a, vous deux ?

Vous tenez absolument à manger des nouilles sautées assaisonnées de Blue Hawaii ?

Satoko mit les deux mains sur sa bouche pour s'empêcher de vomir et secoua frénétiquement non de la tête.

Rena

— Euh,

dites, ça vous tente un jeu où il ne faille pas manger ? Dites ?

C'était une proposition intéressante, car elle arrivait à point nommé.

Et puis de toute façon, les épreuves de gavage n'étaient pas vraiment taillées pour elle ni pour Rika.

Mion

— Très bien, Rena, à toi de choisir le prochain défi !

Tout ce que tu veux !

Rena

— D'accord !

Alors, je serai l'arbitre.

Trouver un truc mimi parmi les stands et me le ramener !

Vous avez une minute !

Satoko

— Parfait !

Je sais exactement quoi vous ramener !

Keiichi

— Moui...

... , je crois

savoir ce que je vais ramener !

Rena

— Prêts ? Partez !

... ... — Tiens ?

Ben alors, Keiichi ? Rika ? Pourquoi vous n'y allez pas ?

Mion et Satoko étaient parties à toute vitesse, mais Rika et moi avions l'air de ne pas vouloir bouger.

Rena

— Est-ce que par hasard, vous auriez déjà ce que vous voulez me montrer ?

Rika

— Exactement. Vous aussi, Keiichi ?

Keiichi

— Ouaip.

Rena

— Ooh, je me demande ce que c'est ! J'ai hâte de le savoir !

Je profitai du bref moment sans Mion et Satoko pour parler à Rika.

Keiichi

— C'est la première fois

......

que nous avons à nous affronter de cette manière...

Rika

— Oui, c'est la première fois.

Keiichi

— Rika... Tu penses gagner ?

Rika

— Je suis un membre de ce club.

Je vous renvoie à l'article 2 du règlement.

Rika me fit un sourire menaçant. Tu vas voir, gamine !

Mion et Satoko revinrent enfin, apportant avec elles leurs armes secrètes.

Rena

— Bon, eh bien alors, allons-y dans l'ordre !

D'abord, la présidente du club !

Mion

— Désolée les gars, mais je suis sûre de gagner !

Matez un peu ça !

Je me demande où elle a pu trouver ça.

C'était un panneau en forme de losange, à publicités multiples.

Mion

— Une pub du Bon Curry... des encens calmants en spirale... et de l'Oronamin C !

Qu'est-ce que vous en dites ?

Ouh là, c'est hardcore, Mion...

Bravo pour avoir trouvé un truc pareil.

Le seul problème, c'est que je vois pas en quoi c'est mimi.

Il faudra qu'on m'explique...

Quoi ?? Rena est en train de respirer très fort, et de la vapeur sort de ses oreilles et de ses narines ????

Je....

je la comprendrai jamais...

Satoko

— À mon tour !

Que dites-vous de ceci ??

C'était un dessin que j'avais vu en poster au stand des femmes au foyer.

Il était assez grossièrement dessiné.

On voyait bien que l'auteur n'avait pas l'habitude de dessiner. Cela me faisait un peu de peine de le voir...

...Bweep !!

Rena étouffa un cri et se boucha les narines, car elle en saignait du nez.

C'était une meilleure note que celle que Mion avait eue...

Je comprends pas.

Son sens de l'esthétique doit avoir cinq siècles d'avance sur l'avant-garde actuelle !

Satoko

— Ooohhohhohoho !

Ce n'est qu'un produit de masse, après tout !

Comment pourrait-il vaincre un produit artisanal ?

C'est quoi comme raisonnement, ça ??

Rika

— Bon, eh bien, à mon tour.

Mion

— Voyons voir ce que tu as en réserve, Rika.

Je me demande bien ce que tu vas lui montrer...

Ah là là, elles ne comprennent décidément rien à rien, ces deux-la...

Rika a une arme secrète toujours à sa disposition !

Elle s'éloigna d'environ 10m, puis se remit à marcher dans notre direction.

Satoko et Mion eurent un sursaut en réalisant ce qu'elle manigançait !

Satoko

— Oh, nooooon !

Trop tard !!!

Rika marcha... marcha... et se ramassa par terre, alors qu'il n'y avait rien sur quoi elle eût pu trébucher.

Rena se précipita vers elle.

Rena

— Rika ! Ça va ? Tu t'es fait mal ?

Rika s'était fait une bosse sur le front. Des larmes perlaient aux coins de ses yeux... Elle plaça ses mains près du visage, mais sans toucher les yeux. Elle fit en sorte de faire dépasser ses petits doigts

(et SEULEMENT ses doigts) des manches... et alors...

elle se mit à miauler désespérément.

Rika

...Miaou.

Rena

— HAAAAAAAAUUUUUUUUUuuuuuuuuu !

Mimiiii, mimiiii, mimmmmiiiiiii !

Je la veux à la maison !

Satoko

— Pourquoi n'y ai-je pas pensé !

C'était si évident !

Rena enlaçait Rika et se frottait fiévreusement à elle...

Keiichi

— Sacrée elle,

c'est une attaque incroyable.

Une enfant pure et sans défense !

Prêtresse !

Au bord des larmes !

Miaou !

C'était parfait !

Un simple voyage, transcendé en pur moe.

Ça, c'est ce qu'on appelle de l'art !

Mion

— Je commence sérieusement à me poser des questions sur tes préférences, p'tit gars...

Ce commentaire avait un arrière-goût acerbe, mais je décidai de l'ignorer.

Rika caressait lentement la tête de Rena, un sourire victorieux aux lèvres. Elle se tourna vers moi et dit :

Rika

— Eh bien, Keiichi ? Vous pensez pouvoir faire mieux ?

Elle fait peur quand elle sourit comme ça.

J'ai parfois l'impression que c'est plus une créature maléfique qu'une petite fille...

Mion

— Je suppose que tu as une idée derrière la tête,

mais je me demande bien ce que tu vas pouvoir lui montrer...

Satoko

— Je dois avouer que je suis curieuse de voir ça...

Rika

— Vous comptez faire un numéro ?

Je sentais leur regard sur moi.

Je chopai Rena (toujours en mode Mimiii) et la séparai de Rika.

Rena

— Hauuuu !

Nooon, elle est trop mimiii, trop mimiiiii !

Keiichi, laisse-moi près d'elle !

Keiichi

— Je vais te montrer un truc encore plus mimi qu'elle, alors amène-toi !

Rena

— Hein ?

Oh ?

Quelque chose d'ENCORE PLUS mimi ? Pas possible ?

Keiichi

— Si ! Mais bon, là, il y a un peu trop de monde à mon goût.

On va aller dans un coin plus sombre, là-bas.

Je traînai Rena jusque derrière le temple.

Satoko

— Je ne vois pas ce qu'il compte faire. Et vous ?

Mion

— On parle de Kei, je pense pas que... À moins que !

Rika

— Courage !

Te laisse pas abattre.

Je revins presque tout de suite.

Rena mit plus de temps à revenir, et marchait lentement, comme assommée.

Mion

— Ne me dites pas qu'il lui a... fait des trucs louches ?

Mion et Satoko coururent vers Rena.

Satoko

— Des trucs louches ? Qu'est-ce à dire ?

Rena était complètement dans le jazz et mit un moment à comprendre que les autres lui parlaient.

Rena

— Hein ?

Hauuu... Ah, c'est toi, Mion. Hauuu...

Mion

— Rena !

Rena ! Ça va ? Kei ne t'a rien fait, j'espère ?

Rena

— Hein ? Non... Hauu... Rien de louche... Hauuu...

Satoko

— Cela a l'air très sérieux...

Mais qu'a-t-il bien pu lui montrer ?

Rena

— Il est tellement mimii...

Mion

— Mimiii ? Qu'est-ce qui est tellement mimii, Rena ? Parle ! Que t'a-t-il montré ?

Rena eut un grand soupir.

Puis, les yeux brillants, elle dit :

Rena

— Il est si mimiiii

son petit phoque...

Pif, paf !

VLAAAMMMMMM !

En un éclair, Mion et Satoko me mirent une manchette dans la tête. Je tombai à terre, leurs coudes plantés dans la face.

Rena

— Hein ?

Haoh !?

Ben quoi ?

Qu'est-ce que vous avez !?

Mion

— Comment oses-tu lui montrer ça !

Satoko

— Espèce de pervers lubrique !

Je vais vous apprendre la soumission, moi !

Keiichi

— Nan mais arrêtez, c'est un malentendu, NOOOOOOOON !

Je vis une aura noire et difforme flotter autour d'elles.

C'est la fin ! Je suis perdu !! Elles vont me zigouiller !

Rena

— Mii ? Je crois que tu as mal compris, il n'a rien fait de mal !

Keiichi m'a...!!

Rika

— C'est un porte-clef en forme de phoque.

Pour prouver ses dires, Rika se mit à fouiller dans ma poche avant et en sortit le fameux porte-clef.

Mion

— HEIN ???

Rika

— Il l'a fait lui-même pour un projet d'école, pendant les vacances d'été, il y a quelques années.

Il n'ose pas trop le montrer, c'est tout.

Rena

— Ouiii...

Il est tout petit, il est tout mimi...

On voit bien qu'il s'est donné beaucoup de mal pour le faire, c'est trop chou !

Mion

— Aaaah, c'était donc ça !

Moi je croyais qu'il lui avait montré son... Ahahaha.. haaa !

Satoko

— Ooohhohohoho !

Sacrée coquine !

Vous avez les idées fort mal placées ! Quelle audace !

Tu peux parler, Satoko !

Quoi qu'il en soit.

Si vous pouviez enfin enlever vos talons de mon estomac...

Et sur ce, il y eut l'éclair d'un flash.

Tomitake

— Bonsoir tout le monde !

Je vois que vous avez la forme !

Je le savais ! C'était Tomitake.

J'étais par terre, KO, Mion et Satoko au dessus de moi.

Rika me caressait la tête, et Rena la regardait en transe...

Ça devait sûrement faire une sacrée photo.

Satoko

— Bonsoir, certes ! Mais je dois vous signaler que prendre une lady en photo sans son accord est contraire aux règles de la galanterie !

Keiichi

— C'est bien vrai,

mais cela veut dire que ce n'est pas à toi qu'il doit demander la permission.

Uopfff !

Satoko me remit un coup de talon dans les abdos pour faire bonne mesure.

Rena

— Bonsoir !

Il paraît que vous vous en allez demain ?

N'est ce pas ?

Vous avez réussi à prendre de belles photos ?

Tomitake

— Oui, plutôt.

J'en ai pris un bon paquet.

Mion

— C'est le dernier soir où l'on se voit, c'est ça ?

Quel dommage...

Dépêchez-vous de devenir célèbre, voyons !

Tomitake

— Toujours aussi dure avec moi, à ce que je vois !

Bizarrement, ta langue de vipère va me manquer, je pense.

Mion

— Amusez-vous bien ce soir !

Demain, vous serez déjà à Tokyo...

Tomitake

— Je ne verrai plus les étoiles, la nuit...

Ça aussi, ça va me manquer,

mais ce n'est que pour quelques mois...

Tomitake regardait le ciel en souriant, mais son sourire était teinté de tristesse.

Ce fut un moment assez tendu.

Keiichi

— Pourquoi ne pas venir vous installer vivre ici ?

À Hinamizawa.

Tomitake ne trouvait plus ses mots.

Keiichi

— Oui, je sais, c'est un coin paumé.

Pas de magasins.

Ni de lieux de loisirs... Et ce n'est pas très pratique pour beaucoup de choses, mais...

Je pense que tout le monde comprenait où je voulais en venir.

D'ailleurs, Tomitake aussi.

Rena, Mion

Satoko et Rika...

C'est pourquoi personne n'osait m'interrompre.

Keiichi

— Je suis mal placé pour parler, parce que bon, ça fait à peine un mois que je vis ici, mais...

D'habitude, je suis plutôt fortiche pour parler dans le vide, mais là, je sais pas pourquoi, j'avais du mal à parler.

J'avais l'impression que le silence se faisait autour de moi,

alors que l'agitation autour de nous était assourdissante.

Keiichi

— ... mais je suis sûr que... !

Tomitake m'interrompit d'un geste de la main.

Tomitake

— Merci,

Keiichi.

Mion et Rena,

Satoko et Rika.

Il eut un rire faible et triste.

Tomitake

— Moi aussi il m'arrive d'y penser, mais...

Il secoua la tête sans daigner finir sa phrase. J'avais parlé comme un enfant. Je n'avais pas à me soucier du toit sur ma tête ou de la nourriture dans mon assiette, car tout était préparé pour moi. Mais lui ?

Je sentis une main dans mon dos.

... C'était Rena.

Rena

— Keiichi, ce n'est pas bien de faire souffrir les gens.

Le vacarme autour de nous reprit de plus belle.

Rena

— Bon, eh bien puisque c'est comme ça,

il faut qu'on vous aide à passer une nuit formidable !

Rena sut remettre une ambiance plus joyeuse.

Tomitake

— Bonne idée ! Je veux bien me joindre à vous.

Rena

— J'ai une idée !

Mii,

dis moi ce que tu en penses !

On pourrait en faire un membre du club, non ?

Ouais, super idée !

... sauf que Mion n'avait pas l'air emballée.

Mion

— L'une des conditions de base pour être éligible, c'est de vivre à Hinamizawa...

Rena

— Oh, allez Mii, juste pour ce soir, on peut bien faire une exception ?

Mion

— Bah, et puis après tout, il vient nous rendre visite très souvent. Je veux bien le nommer citoyen d'honneur de Hinamizawa !

Rena

— Ouais ! Super !

Satoko

— Bon ! Commençons.

Est-ce que vos vieux os se sentent en mesure de m'affronter ?

Rika

— Montrez-nous ce qu'un adulte sait faire.

Keiichi

— Vous pensez que vous saurez tenir le rythme ?

Nos commentaires n'avaient pas l'air de le rassurer...

Mion

— En ma qualité de présidente de ce club, je déclare le citoyen d'honneur Tomitake membre de ce club à compter de maintenant !

Des cris et des applaudissements accueillirent cette déclaration.

Tomitake

— Et vous faites quoi exactement dans ce club ?

Keiichi

— Notre club propose de voir comment, dans des environnements changeants, avec des conditions variées et variables,

l'être humain peut se sortir de situations délicates !

Rena

— Je ne suis pas très douée, alors... ne soyez pas trop méchant, s'il vous plaît. On est dans le même bateau.

Satoko

— Si vous ne prenez pas ces jeux au sérieux, cela nous facilitera la tâche !

Keiichi

— Vous allez voir ce que vous allez voir !

On va tout vous arracher, même les poils du cul !

Rika

— Et donc en résumé, dans ce club, nous jouons ensemble à des tas de jeux différents.

Comme d'habitude, seule Rika répondit à la question...

Tomitake

— Très bien ! Pas de problème.

Je relève votre défi !

Mais allez-y mollo avec moi, d'accord ?

D'un seul coup, Tomitake avait perdu 20 ans.

Amène-toi, gamin !!

Mion en tête, nous marchions à six dans les allées des stands.

Ça avait l'air assez impressionant !

Mion

— Pour les règles, c'est comme d'habitude ! Le dernier aura un gage !

Tomitake eut l'air surpris, mais pour nous, c'était du réchauffé.

Il faut bien se dire une chose : aussi terrible puisse être le gage...

Rena

— Il suffit de ne pas perdre !

Rena avait l'air en forme.

Elle n'avait pas l'intention de perdre.

Keiichi

— C'est exact.

Je m'approchai de Rena et lui ébouriffai les cheveux. Elle se mit à rire un peu nerveusement.

Tomitake

— Je vois... C'est un reste de naïveté...

Tomitake parlait dans sa barbe.

Soudain, une voix forte résonna alentour.

Je regardai tout autour de moi et vit l'un des hommes de tout à l'heure discuter avec Mion.

Forain

— Ah !

V'la la p'tite Sonozaki ! Dis-donc, tu ramènes du monde cette année !

Mion

— On est venus tout vous piquer !

C'était un stand de tir.

Le but du jeu dans un stand de tir, c'est de viser sur les objets avec une carabine armée de balles en liège et de les faire tomber. Tout ce qui est tombé est pour le tireur.

Mion

— Les règles sont simples !

Chacun va tirer trois fois. Celui qui reçoit le plus gros prix a gagné !

Tout le monde approuva les règles.

Au vu des règles, il va falloir bien observer les objets.

Le plus gros prix que l'on puisse gagner ici...

C'est forcément celui-là !

Rena

— Oh, regardez cette peluche ! Il est mimi, cet ours...

L'ours en peluche énorme que Rena regardait avec envie portait un petit pot de miel et était placé sur une étagère qui avait l'air assez instable.

Il suffirait de bien le toucher pour réussir à l'obtenir !

Keiichi

— Il est vraiment placé pour attirer les pigeons.

Satoko

— Bravo, mon cher.

Je savais que vous ne vous laisseriez pas prendre au piège.

Tomitake

— Hmmm, je me demande si le plus simple, ce ne serait pas de viser les boîtes de bonbons et les petites poupées.

Très rapidement, les plans d'action furent décidés.

Il faut se lever tôt pour nous affronter.

Nous nous préparons comme des fous pour chaque épreuve !

Je remarquai soudain la foule qui se pressait autour de nous.

Apparemment, nos activités attirent du monde !

Rika

— Celui qui fera tomber l'ours en peluche est sûr de gagner.

Keiichi

— Oui, mais tu n'as que trois tirs.

Je ne sais pas si c'est suffisant.

Forain

— Allez, allez !

Les autres attendent,

alors dépêchez-vous de commencer !

Tomitake

— Le premier peut choisir les cibles les plus faciles, mais il devra viser un peu en aveugle car il ne sait pas comment se comportent les balles...

Eh, pas bête, Tomitake.

En tout cas, il a compris le principe du club !

Rena

— Bon, alors on va décider du premier avec pierre-feuille-ciseaux. Ça vous va ?

Mion

— Tenez-vous prêts !

Pieeeerre, feuuuuuille...

Après plusieurs matches nuls, ce fut Mion qui dut commencer.

Mion

— Ah, j'aurais voulu ne pas commencer, mais bon, il faut faire avec. Donnez-moi l'arme !

Forain

— Attrape !

Mion reçut l'arme des mains du forain et se mit à l'inspecter scrupuleusement.

Les balles aussi.

Mion

— OK.

Elle est toute neuve, cette carabine...

Pas mal du tout !

Elle arma son tir en un instant !

La préparation du tir était longue, mais le tir en lui-même fut très instinctif et donc très court !

Un tir !

Une cible bouge.

Un autre !

Une deuxième cible bouge.

Troisième tir !!

Plop.

... plop, plop.

L'une après l'autre, trois boîtes de gâteaux tombèrent.

C'était un sacré résultat !

Le public eut un cri de surprise qui se transforma peu à peu en applaudissements.

Foule

— Ouaah !

Bravoooo !

Satoko

— Elle est très douée, ma foi !

Tomitake ne s'attendait pas à ça, apparemment, car il en restait sans voix.

Rena

— Bravo Mii !

Trois paquets de gâteaux, c'est énorme !

Le taux de réussite était bien sûr excellent, mais les cibles en elles-même avaient une bonne taille aussi.

Avec ce résultat, Mion se plaçait très haut dans le classement !

Mion

— Qui veut tirer ?

Satoko ?

Fais attention, les balles sont vraiment très légères.

Satoko prit place.

Ses bras étaient minces comparées à la carabine, mais cela n'avait pas l'air de la déranger.

Satoko

— Bon, eh bien...

...

Tentons le gros lot !

Elle veut l'ours en peluche !

Elle n'y va pas avec le dos de la cuiller ce soir...

Rena

— Si tu le tombes, tu as automatiquement gagné !

Rena

— Allez Satoko, montre-leur !

Satoko visa très calmement avant de presser la gachette.

Satoko

— Effectivement, elles sont vraiment légères.

Ses deux premières balles avaient touché l'ours, mais il avait à peine bougé.

Peut-être fallait-il viser la tête ?

La troisième balle manqua l'ours mais fit tomber une boîte de caramels qui se trouvait juste à côté.

Satoko

— C'est dommage, j'aurais préféré avoir l'ours, mais apparemment, c'était un trop gros poisson pour moi.

La foule souriait nerveusement. Après avoir annoncé la prise de l'ours, Satoko avait finalement opté pour une toute petite cible...

Les gens s'imaginent peut-être qu'elle est faux-jeton ?

On voit qu'ils n'y connaissent rien !

Mion

— Satoko, tu vises de mieux en mieux. Bien joué.

Satoko topa dans la main de Mion.

Elle avait pris une décision très réfléchie !

Elle avait décidé de passer au plan B pour éviter d'arriver la dernière.

Sans honte ni honneur !!

C'était bien vu...

Satoko

— Je vous laisse l'ours, Rena.

Bonne chance !

Rena

— Pas de problème !

Merci Satoko.

Hauuuu ! Qu'il est mimii cet ours !

Au tour de Rena.

Elle ne toucherait certainement aucune cible en temps normal, mais là, elle était en mode mimii !

Tomitake

— Je me demande si elle réussira.

Espérons qu'elle touche au moins une cible.

Keiichi

— Tomitake, je crois que vous la sous-estimez...

...

Pffff.

On parle de Rena, là !

De Rena Ryûgû !

Quand elle veut un truc...

Foule

— Ouaaaaah !!

La clameur de la foule prit Tomitake par surprise. Il se retourna pour voir ce qu'il se passait.

Si cela peut lui faire gagner l'ours, Rena est capable de viser dans le milieu du trou d'une punaise !

Celle que l'on connait sous le nom de Rena Ryûgû peut le faire !

Rena

— Ohh, il bouge, il bouge ! Il est mimiii, mimmmmiiiiiii !

Apparemment, ça la met dans tous ses états. Elle ne peut plus perdre !

Satoko

— Incroyable...

Plus elle est folle...

Keiichi

— Plus elle devient forte !

Foule

— OOOOoooohhHHHHhhhh !

La foule se manifestait encore une fois.

Encore une fois, la balle avait atteint le front de l'ours !

J'avais l'impression que l'ours basculait plus que tout à l'heure.

Rika

— ... Je ne pense pas qu'elle l'aura.

Tomitake

— Bah, on ne sait jamais !

Elle est très douée apparemment, donc peut-être que ?

Tomitake et les gens de la foule étaient très excités, mais Rika restait très réaliste dans son analyse.

Avec dix balles de plus, Rena l'aurait eu, je pense.

...

Mais il se trouve qu'elle n'en avait plus qu'une seule.

...

C'est un échec.

Foule

— AAAaaaaahhH !

La foule poussa un cri déçu.

Les trois balles avaient touché le front de la peluche, mais rien n'y fit.

La foule applaudit quand même la performance.

Rena

— Noooon... l'ours mimiii... je le veux... hauuuu...

Ce fut un bel essai, mais malheureusement il était infructueux.

Ou pas ? Le forain bouscula (par accident ? Vraiment ?) une boîte de bonbons et la donna à Rena.

Forain

— Ah, mam'selle, ce qui est tombé est tombé. C'est pour vous.

Rena

— Pardon...? Vous me... vous me la donnez ?

À moi ? Hau...

Forain

— Nan mais quand même, je ne peux pas vous laisser partir les mains vides ! Vous vous êtes trop bien battue !

Les applaudissements reprirent de plus belle.

Rena était toute gênée. Je la tirai par la main hors de la foule.

Keiichi

— Ben dis-donc, bravo !

C'était très impressionnant, ton mode 'mimi' ma vraiment surpris !

Rena

— Oui, mais... je le voulais... hauuuu...

Je peux comprendre qu'elle soit déçue, surtout qu'elle ne l'a raté que de peu !

Que faire, que faire. Elle est toujours prête à m'aider, et puis elle cuisine tout le temps des trucs pour nous...

Je pense que j'ai une sacrée dette envers elle.

Keiichi

— Bon ! Tu sais quoi, si je... Euh, si je...

Tomitake

— Ne vous en faites pas, si je le gagne, je vous le donne.

Hein-que-KEWOUA ???

Mais ! Mais il a pas le droit de faire ça, c'était justement ce que je voulais lui dire !

Rena

— Oh !

Oh merci, M. Tomitake !

Bonne chance !!!

Espèce d'enflure !

Comment oses-tu, Tomitake !!!

Pendant que je fulminais de rage, une petite main se mit à me caresser la tête.

Rika

— Courage, Keiichi !

Te laisse pas abattre !

Tomitake se mit à son tour à regarder l'ours.

Il arma son tir, mais garda les deux autres balles dans la main.

Keiichi

— Tiens ?

Qu'a-t-il donc l'intention de faire ?

Mion

— ... Hmm, je vois.

Il va essayer d-

Pan !

Pan !

Pan !!

Il tire super vite !!

Il a bien compris qu'il ne servait à rien d'attendre que l'ours en peluche arrêtât de vaciller sur l'étagère.

C'est pourquoi il tentait de faire un combo !

L'ours était clairement en train de vaciller, c'était impossible à ne pas remarquer !

... ... Mais malheureusement,

il ne tomba pas. Quel dommage !!!

Rena

— Haaauuuuu... Nooooooooonnnn...

Rena avait eu un fol espoir en voyant l'ours bouger, mais elle fut vite déçue.

Tomitake

— Hmmm... J'étais pas loin pourtant...

Satoko

— Oooohhohoho !

Apparemment, les hommes n'ont pas droit à un lot de consolation !

Ce qui veut dire,

que Tomitake n'a rien gagné !

Mion

— Et donc Kei et Rika n'ont qu'à jouer la sécurité et viser des trucs faciles à faire tomber pour ne pas avoir de gage.

Keiichi

— Éviter le gage, hein ?

...

Oh, merci.

Tomitake

— Allez, à toi Keiichi. Bonne chance !

C'était à moi maintenant.

Tomitake me passa le fusil et les balles.

Si j'étais une ordure, je ferais ce qu'a dit Mion, je jouerais la sécurité.

... Mais là...

Je ne pouvais pas faire autrement.

J'avais senti quelque chose lorsque Tomitake m'avait passé le fusil.

Il m'avait passé le flambeau.

C'était à moi de faire tomber cet ours, non seulement pour faire plaisir à Rena, mais aussi pour venger l'honneur bafoué de la gent masculine.

Et entre nous, je suis partant.

Si je ne visais pas l'ours

...

je ne serais pas un homme !

Keiichi

— Malheureusement, j'ai déjà promis

à Rena...

Rena

— Hein ?

Tu m'as promis ? Mais promis quoi ?

Keiichi

— De faire tomber l'ours

pour te l'offrir.

Rena

— Oh... mais... euh... Hauuuu...

Évidemment, la foule n'en avait pas perdu un mot.

Foule

— OOOOoooh !

Vas-y p'tit gars !

Montre-lui qu't'es un homme !

Non, mais c'est pas ce que vous croyez !!!

Si je ne gagne pas cet ours, Rena est capable de sortir la hache et d'attendre le forain du stand au tournant...

Euh, non, c'est pas ce que je voulais dire !

Mais pourquoi est-ce que je n'arrive pas à me l'avouer ?

Satoko

— Fort bien, mon cher, belle attitude !

Mais comment comptez-vous faire ?

Rika

— Rena et Tomitake ont légèrement déplacé la cible, mais il y a de fortes chances pour que cela soit tout de même impossible.

Rena

— Keiichi...

Keiichi

— Il faudrait tirer plus vite ! Je pourrais optimiser l'impact de chaque tir !

Rena

— Allez, courage, Keiichi !

Je pris deux profondes inspirations, puis demandai :

Keiichi

— Je peux avoir deux autres fusils ?

Hein !?

Un murmure de surprise et d'incompréhension parcourut la foule.

Satoko

— Mais où avez-vous la tête, mon cher ?

Vous ne pouvez pas manipuler trois fusils en même temps !

Mion

— Aaaaah, j'ai compris...

Keiichi, tu te surpasses, là !

Mion avait découvert le pot-aux-roses !

Tomitake

— En fait, c'est tout simple. Ce qui fait perdre le plus de temps, c'est de charger l'arme.

Rena

— Oui, bien sûr...

Et donc si tu as déjà trois fusils chargés...

Tomitake ne dit rien. Il prit son appareil photo et cadra de façon à ce que l'on me vît avec l'ours en ligne de mire.

Je suppose que son intuition de photographe lui disait de ne pas rater ça !

La foule comprit enfin ce que je voulais faire.

J'eus droit à un concert d'encouragements.

La foule scandait mon nom !

Il me faut absolument tirer très vite.

Si je rate, tout est foutu !

Houuu, respire.

J'expirai un bon coup, et retins ma respiration.

Cela me calma.

... ... MAINTENANT !

Tout se passa au ralenti. D'ailleurs, j'ai bien cru que le temps s'était arrêté.

Je pense même que j'ai vu exactement les balles partir du canon du fusil et la courbe qu'elles décrivaient.

Allez !!!

Touchez-le !

...

Faites-le tomber !!

La première toucha la tête,

puis la deuxième,

...

... puis la troisième !

 !!!!!

Il bouge, il bouge !!

Et pas qu'un peu !

Rena

— Ouiiiiii !!!!

Tu l'as eu !!!!

Foule

— OoooooOOOOOooooohhhhhh !!!!!

L'ours n'était pas encore tout à fait tombé qu'une clameur s'élevait déjà de la foule.

Le forain attrapa l'ours au vol et me le lança.

Forain

— ... Je n'aurais jamais pensé que tu puisses l'avoir, garçon !

Je m'incline !

Tomitake

— Bravo ! Félicitations, Keiichi !

Satoko

— Vous avez enfin commencé à utiliser vos neurones !

Je suis agréablement surprise !

Keiichi

— Je ne l'ai pas eu tout seul. Vous m'avez tous bien aidé en le faisant bouger un peu à chaque fois.

Nous l'avons tous gagné, cet ours !

Mion

— Exact ! Nous avons tous participé !

Rika

— C'est bizarre, il me semblait que Mii avait tiré sur trois boîtes de gâteaux ?

Mion

— Euh...

Je portai l'ours comme un trophée, que je plaçai de force dans les mains de Rena.

Keiichi

— Tiens.

C'est la maison qui offre... Non, c'est de la part de nous tous.

Merci pour les paniers-repas.

Rena ne savait plus où se mettre. Elle restait plantée là, rouge comme une pivoine.

Rena

— Mais.... mais il fallait pas, Keiichi, cet ours, il est à nous tous... Hauuu...

Keiichi

— C'est moi qui l'ai fait tomber, OK ?

Donc, il est à moi !

Et moi j'ai envie de te le donner, alors prends-le !

Je le lui replaçai dans les mains.

Cette fois-ci, elle voulut bien le serrer contre elle.

Keiichi

— Tu me rends de sacrés services depuis que j'ai emménagé ici.

Je te dois une fière chandelle.

Merci pour tout ce que tu fais pour moi !

Rena

— Hauuuuu !

Ohhh, Keiichi !

Il fallait pas... Merci !!

Dit-elle en me sautant au cou.

Le lendemain, Mion m'assurera que Rena m'avait embrassé, mais à vrai dire, j'étais tellement nerveux que je ne m'en souviens pas vraiment.

Ce que j'avais dit à Tomitake tout à l'heure me revint soudain en tête.

Il n'y a pas grand'chose par ici.

... Mais il y a des choses que je ne pourrais trouver nulle part ailleurs.

Depuis que je suis arrivé à Hinamizawa, il m'est arrivé des tas de trucs bien.

Maintenant, tiens, par exemple.

La clameur de la foule résonna longtemps encore à mes oreilles.

Puis, enfin, on entendit le bruit sourd de grands tambours placés devant le grand autel.

C'était l'heure du grand final de la fête.

Rika

— ... Bien. Je dois y aller.

Tomitake

— Ah !

Il va falloir que j'y aille aussi si je veux avoir une bonne place pour prendre des photos !

Bon, à plus tard, vous tous.

Rika et Tomitake disparurent dans la foule.

Satoko

— Bon courage et travaillez bien, vous deux !

Fort bien.

Allons-y nous aussi !

Mion

— Hmmm, oui il est temps de voir Rika en action,

allons-y.

Keiichi

— Ok !

Euh, Rena ?

Qu'est-ce que tu fais ?

Rena

— Keiichiiii !

Miii !!! Au secouuuuuurs !

Avec sa peluche énorme dans les bras, elle avait du mal à se frayer un passage dans la foule.

Keiichi

— Qu'est-ce qu'elle fout ?

Tu me diras, elle a déjà fort à faire rien qu'à porter l'ours...

Mion

— Bon, Keiichi, je te laisse t'occuper de Rena.

Moi, je dois déjà surveiller Satoko, je peux pas tout faire.

Satoko

— Non mais dites-donc ? Qu'est-ce à dire ?

Aïeeeuh, mais lâchez donc ma main, vous me faites mal !

Je chopai Rena par le colback à toute vitesse, pour ne pas perdre Mion de vue.

Rena

— Keiichi, pas le col ! C'est pas des manières, voyons !

Keiichi

— Et quoi encore ?

Par où, alors ?

Rena

— Euh... Euh... Hauuuu....

Rena était largement assez rouge pour nous deux, ce qui me permit d'avoir l'air normal.

Je lui pris la main et me mis à courir derrière Mion.

Keiichi

— Dépêchons-nous,

ou ils vont nous laisser là.

Rena

— Bien...

Ses mains sont si graciles et si douces...

Elle devrait manger un peu plus ou un peu mieux !

... AAAAaaah, mais qu'est-ce que je raconte, bordel ???

Mes oreilles me brûlaient.

J'essayais de me calmer, mais plus j'essayais et plus mes oreilles chauffaient.

Il ne fallait surtout pas que Rena s'en aperçût, aussi je marchais d'un bon pas, toujours tourné vers l'avant.

Il y avait foule devant l'autel principal.

Les brasiers placés devant l'autel dégageaient une grande chaleur et une lumière intense. On se serait cru en plein jour.

Une grosse pile de futons se trouvait devant l'autel. Ils étaient ceints d'une cordelette de paille ointe.

Ah, c'est vrai qu'il y avait un truc à faire avec le coton des futons, non ?

Satoko

— Keiichi !

Rena !

Par ici !

Satoko nous faisait signe depuis le premier rang.

Keiichi

— Ah, désolé. Je passe...

Nous arrivâmes enfin là où Mion nous avait réservé une place.

Mion

— Alors ? Ça va, vous les avez eus, vos premiers émois ?

Keiichi

— J'en étais sûr ! C'était calculé, hein ?

Mion me répondit par un petit sourire vicelard.

Mion

— Rena, comment c'était ?

Ses mains étaient assez grandes ?

Rena

— Ha... ... ... Ha

uuuuuuuuu !!!!!

Rena, rouge écrevisse, dégageait un jet continu de vapeur par les cheveux.

Quelque chose déchira l'air. Je me retournai en vitesse et vit Mion allongée par terre, un œil au beurre noir.

Keiichi

— Euh... Mion ? Quand est-ce que tu te l'es pris ?

Mion

— Entre le Ha et le uuuuuuu !!!! si mes souvenirs...

sont bons...

Keiichi

— Rena...

Il ne faut pas frapper ses camarades pour cacher sa gêne, voyons !

Rena

— C'est pas moi ! Mais, mais-mais c'est pas moi !... Hau...

Les tambours résonnèrent un grand coup, et soudain, le silence fut.

Satoko

— Taisez-vous tous ! La cérémonie commence !

Ce fut une cérémonie religieuse très stricte.

Rika était la prêtresse de la cérémonie, et était assistée par certains vieux hommes du comité.

Dès que Rika apparut, les vieilles personnes du village joignirent les mains et se répandirent en prières ferventes et silencieuses.

Seul le bruit du flash de Tomitake était autorisé à interrompre le silence.

Keiichi

— C'est quoi le truc énorme qu'elle tient dans les mains ?

Rena

— C'est un rateau spécialement dédié aux cérémonies religieuses.

Il est considéré comme sacré.

Pour un rateau, il avait une forme vraiment bizarre. Mais bon, c'était un objet de culte, et ils sont généralement très bizarres.

Après avoir récité une prière, Rika se dirigea vers le tas de futons.

Puis elle se mit à frapper et percer les futons.

Je suppose que chaque coup et chaque geste était en fait dicté par un protocole religieux.

C'était bel et bien un rite sacré.

Keiichi

— Et là, elle fait quoi ?

Elle les tabasse ?

Rena

— Elle purifie symboliquement les futons qui ont protégé les humains pendant l'hiver en exorcisant les démons porteurs de maladies.

Mion

— Tu dis qu'elle les tabasse... ce n'est pas si faux que ça finalement.

Rika suait à grosses gouttes.

Le rateau devait être sacrément lourd.

On sentait bien que Rika était emportée par le poids de l'instrument après chaque grand mouvement.

Satoko regardait la scène nerveusement. Elle avait l'air d'encourager Rika en silence.

Keiichi

— Inquiète ?

Satoko

— Rika s'est entraînée tous les jours avec le marteau à mochi.

Je suis sûre qu'elle y arrivera.

Elle avait pourtant les mains moites et retenait sa respiration.

Keiichi

— Tu aurais pu te présenter pour être la prêtresse, Mion, non ?

Tu ne crois pas que c'est un peu trop lourd pour Rika ?

Mion

— Je l'aurais fait si on me l'avait demandé,

mais

ne devient pas prêtresse qui veut.

Keiichi

— Pas faux.

Une prêtresse se doit d'être pure, après tout.

BFFfff !!!!

Et un coup de coude dans les côtes, un !

Les tambours résonnèrent encore une fois. Rika salua les villageois et descendit de l'autel.

Elle fut saluée par un tonnerre d'applaudissements.

Les assistants prirent alors les futons et les portèrent comme une chaise sacrée.

À ce moment-là, tout le monde se leva. Les gens se placèrent derrière les prêtres et la procession se mit en route.

Ils descendirent le grand escalier menant au sanctuaire.

Keiichi

— Et maintenant, ils font quoi ?

Ils vont le laver ?

Rena

— Ahahahaha !

Il faut te l'expliquer combien de fois, dis-donc ?

La procession atteignit le marais.

Là aussi, de grands brasiers offraient une lumière éblouissante.

Les gens se rassemblèrent en un endroit.

Rena

— Allez, allez, tous à la queue.

Allez, Keiichi !

Qu'est-ce qu'il se passe ?

On va recevoir du sake d'offrande ?

Ou des beignets rouges et blancs ?

Rena

— Ahahahahha,

mais qu'il est bête, lui !

C'est la purification du coton,

alors on va recevoir du COTON.

Aaaaahhhh...

et alors c'est ce coton-là que l'on va jeter dans l'eau...

Ça y est, j'ai enfin compris.

Les membres du comité retirèrent alors le coton des futons et en firent de petites boules, qu'ils distribuèrent à tout le monde.

Rena m'en ramena une.

Tous ceux qui en avaient reçu une se dirigaient au bord de l'eau.

Rena

— Comme c'est la première fois que tu le fais, tu devrais faire comme moi. Regarde !

Elle plaça la boule dans sa main droite, fit un signe religieux avec la main gauche, puis se toucha le front, le torse et le nombril. Enfin, elle tapota ses genoux.

Rena

— Tu fais ça trois fois de suite. Dans ta tête, tu dois dire “merci à vous, Ô déesse Yashiro !” trois fois de suite.

Keiichi

— Ô déesse Yashiro ? Pourquoi, c'est la divinité à qui est dédié le sanctuaire du village ?

Rena

— Oui. C'est un peu le dieu protecteur de Hinamizawa.

Elle peut t'apporter la chance, mais elle peut aussi te maudire !

Alors sois toujours respectueux envers elle, tu as compris ?

Ouh là, pas commode, la divinité locale, dites-moi.

Enfin bon, “À Rome, il faut vivre comme les Romains”.

Et puis, j'habite à Hinamizawa, maintenant !

Comme l'avait fait Rena, je tapotai mes genoux.

Merci à vous, ô déesse Yashiro. Merci à vous, ô déesse Yashiro. Merci à vous, ô déesse Yashiro...

Rena

— En faisant ça, tu as emprisonné tout ce qu'il y avait de mauvais en toi dans la boule de coton.

... ... Et tu la places délicatement sur l'eau, et tu la regardes dériver. C'est fini !

Je plaçai ma boule de coton à côté de celle de Rena.

On aurait dit que le marais et la rivière étaient recouverts de nénuphars de coton. Gorgés des maux du village, ils dérivaient au fil de l'eau, emportant avec eux tous nos petits soucis, puis disparaissaient au loin, dans l'obscurité.

Ça n'était pas aussi beau que ce que l'on voit dans les reportages sur la cérémonie des lanternes, mais peu importait. Après avoir accompli ce rituel, je me sentais vraiment être un habitant du village à part entière, et je trouvais cette sentation très agréable.