Je me demande franchement si cette école est vraiment une école, par moment.
Surtout pendant les heures de sport.
La seule chose que l'on fait ensemble, c'est l'échauffement et les étirements.
Ensuite, plus de prof.
On fait ce qu'on veut.
— On n'a pas vraiment le choix. Les âges sont trop différents, et puis il faudrait séparer les filles et les garçons.
— La seule chose obligatoire pendant l'heure de sport, officiellement, c'est de faire travailler le corps à l'intérieur de l'enceinte de l'établissement.
Les très jeunes se contentent de courir et de crier dans tous les sens.
Moui, ils bougent, pas de doute. Ils bougent même beaucoup, m'enfin bon..
— Je parie que les inspecteurs académiques ne viennent jamais ici.
— Désolée de vous avoir fait attendre.
— Eh bien, eh bien, mes amis ? Que pourrions-nous bien faire aujourd'hui ?
— Parfait,
la fine équipe est au grand complet !
— Et donc, la déléguée, qu'est-ce que vous avez prévu de faire, aujourd'hui ?
Qu'est-ce qui est prévu ?
Mion croisa les bras et nous dévisagea tour à tour, fronçant les sourcils...
— Il nous faut de l'agilité et de l'endurance.
Dans le monde du sport, il n'y a pas de partenaire.
Tous les autres participants sont vos ennemis ! Vous ne pouvez avoir confiance qu'en vos muscles !
— Oh, c'est quoi comme trip, ça ? Tu lis trop de mangas, toi...
J'étais au taquet.
— On va faire du neuf avec du vieux ! On va jouer à un vieux jeu, mais il a le mérite de répondre exactement à tous nos besoins.
Le prince des cours de récré, le roi des batailles livrées au grand air, j'ai nommé...
Chat Perché !
Tout ça pour ça ? C'est assez mignon, chat perché...
— Je vous attends de pied ferme !
Et je parie que cette limace de Keiichi sera le premier attrapé !
— Je n'ai pas l'intention de perdre.
— Oh, mais moi aussi je vais vous montrer ce que je sais faire !
— Dites-voir, je vous trouve très enthousiastes pour un jeu pareil...
— Article trois du règlement ! Tous les membres sont obligés de participer en prenant leur pied !
— Tu veux dire que ça, c'est aussi une activité du club ?
Elles se regardèrent toutes avec un sourire malveillant en coin.
Je les trouve bien sûres d'elles.
Je suis un mec, quand même !
Je ne pense franchement pas être moins résistant phyiquement que des filles de mon âge.
Mais appremment, Mion et Satoko sont persuadées de me battre, et Rena a l'air de me prendre en pitié.
— Hmmmm... Chat perché, hein ?
Amenez-vous, bande de nazes !!!
La partie pouvait commencer.
Les règles du jeu sont les suivantes :
Celui qui réussit à fuir jusqu'à ce que la cloche sonne a gagné.
Par contre, il n'y a pas de relais pour le chat.
Les souris qui se font attraper deviennent elles aussi des chats.
Du coup, il y a de plus en plus de chats.
À la fin, c'est vraiment l'enfer pour les souris qui restent !
— Ce jeu, on l'appelle entre nous le chat zombie.
— Pas mal... Les souris qui se font manger deviennent des zombies, c'est une bonne idée.
— Ça fout la chair de poule quand même... pourquoi tu aimes tellement ce genre d'histoires ?
Pourquoi ?
— T'inquiète, si je t'attrape, je te mangerai les entrailles pendant que tu seras encore vivante.
— Baaaaah, t'es dégoûtant Keiichi, tout mais pas ça !
Rika s'approcha de Rena et plaça sa petite main sur elle.
— Pas de panique. Je te mangerai petit bout par petit bout avant que Keiichi ne puisse te trouver...
— Euh, Rika, je ne pense pas que ça la consolera...
Mion et moi-même ne pûmes qu'acquiescer vigoureusement.
— Et comment on décide qui est le chat ?
Pierre-Feuille-Ciseaux ?
— Non, comme le cours de sport est un cours, par définition, il vaut mieux que l'on fasse un mini-test.
Celui qui aura faux sera le chat !
Ça, un cours ? Avec beaucoup d'imagination, et encore...
— Comment on dit 6 en anglais ?
Pardon ???
Je dois dire que je ne m'attendais pas du tout à ce genre de questions, aussi je restai coi.
Mion répéta sa question.
— Eh bien alors ?
6 en anglais, ça se dit comment ?
— Euh, six !!
— Et chaussettes ?
— Socks !
— La troisième lettre en partant de la fin de l'alphabet, c'est ?
— X.
— Et ce qu'on a entre les jambes, ça se dit comment ? Tu sais pas je parie !
— Bien évidemment que je le sais !..
Se... S...
...
...
Satoko était rouge de honte, elle n'osait pas le dire.
Je vois... C'est une question vicieuse, ça, dans tous les sens du terme.
— Eh bien, alors, Satoko ? Je croyais que tu n'étais plus une gamine ?
Tu connais la réponse, quand même ?
— Mais, mais bien sûr !...
Si, vraiment, je sais ce que c'est !!
— Eh bien alors, dis-le !
“Ça”, tu sais ? “Ça”.
Comment on dit “ça”, hein ?
— Ooohhhh... Elle est toute rouge...
C'est trop mimi !
— Ne la ramène pas chez toi, hein ! Le rapt de petites filles, c'est un crime puni par la loi.
Il vaut mieux être ferme dès le début, autrement je suis sûr qu'elle le ferait...
Mion était en train de sérieusement cuisiner Satoko.
— Allez, allez, dis-le, dis-le à voix haute, que tout le monde t'entende !
Comment on dit “ça” en anglais ?
— Mais je sais,
je sais,
je vous dis !
...
C'est se... se...
— Zat. Euh, “that”.
— Pardon ?...
... Hmm ?
Nous fûmes tous surpris par la réponse si particulière de Rika.
Mais elle avait raison. “Ça” en anglais, ça se dit that.
Mais alors, Mion voulait...?
Si j'avais été à la place de Satoko...
Je crois que j'aurais crié le fameux mot à tue-tête.
Mion Sonozaki... Mieux vaut être son allié que son ennemi !
Elle a de la chance d'être une fille, quand même.
Parce que si un homme avait posé cette question, c'était plainte pour harcèlement sexuel et tribunal illico...
— Bon, eh bien, je suppose que je n'ai pas le choix.
Votre humble serviteur assurrera donc le rôle du premier zombie.
...
Je vous mangerai tous autant que vous êtes !
Eh ben alors, le zombie, c'est la fête du slip on dirait ?
— Il suffit de compter jusqu'à 100, c'est bien ça ?
— Ah, mais souvent, celui qui compte triche.
Je vais te poser une énigme, et quand tu auras la réponse, tu pourras nous chercher.
— Euh, Keiichi, une facile, d'accord ?
— J'ai mis 1/5 de cake, 1/6 de tarte et 1/7 de gâteau sur une assiette.
— Quoi ??
Les fractions n'ont pas le même dénominateur commun ??? Oh non...
Satoko commença à paniquer. Elle prit un bâton et dessina les gâteaux sur le sol.
— Je te les donne. Tu manges en gros un gâteau en 60 secondes. Quand tu les auras tous mangés, combien de parts est-ce qu'il te restera sur l'assiette ?
J'avais à peine fini d'énoncer le problème que Mion criait :
— Prêêêêt ? PARTEZ !
À ce signal, nous nous enfuyâmes tous, laissant Satoko à son problème.
— Bien vu, Keiichi...
Ce n'est pas un vrai problème, n'est-ce pas ?
Dès qu'elle avait commencé à réfléchir sur les fractions, Satoko avait perdu.
Si elle a mangé tous les morceaux, il n'en reste plus du tout ! La réponse est donc 0.
Chacun partit de son côté.
Comme elles connaissaient toutes le terrain, elles savaient bien mieux que moi où elles pouvaient se cacher.
Je réalisai très vite que j'étais désavantagé.
Dans ce genre de situations, il faut pouvoir suivre celui qui a le plus d'expérience dans ce genre de choses.
Dans ce cas précis, Mion.
Si seulement j'avais pu y penser au début du jeu...
Je risquai un regard dans la cour. Satoko venait de se lever.
Et elle avait l'air furax.
Bien fait pour toi, gamine !
Ça t'apprendra à te faire avoir par une question toute simple.
Pour l'instant, j'étais au coin du bâtiment.
J'avais un bon angle de vue sur deux directions, ce qui me permettrait de pouvoir réagir rapidement si je devais voir des zombies s'approcher.
Je repris mon souffle, puis essayai de me remettre dans la bonne condition mentale.
Keiichi Maebara, reste calme. Zeeeeen.
Si tu étais le chat, qu'est-ce que tu ferais ?
Le moyen le plus rapide pour gagner, c'est d'augmenter le nombre de chats.
Donc d'abord, il faut trouver les plus faibles à ce jeu.
Ce qui veut dire... Moi ?!
— Alors, alors, où êtes-vous donc, Keiichi ?
Ne croyez pas que je vais vous laisser filer !
J'en étais sûr... en même temps, je la comprends.
Mais comment elle va s'y prendre pour me chercher moi et pas un autre ?
Il lui faudrait une piste... Des traces de pas ? Mon odeur ?
Quelle que soit la piste, si je parviens à la brouiller, je devrais pouvoir l'éviter sans problèmes...
Mais bon, en même temps, à moins d'être de la police, elle aura du mal à retrouver ma trace...
— Tomita, Okamura !
Vous avez vu Keiichi ?
QUEEEEEOUA ?
On n'arrête pas le progrès, ma parole ! Les zombies sont habilités à mener des interrogatoires, maintenant ?
Tomita et Okamura montrèrent du doigt l'endroit où je me cachais.
Lorsque je vis Satoko venir dans ma direction, je quittai le nid et pris la poudre d'escampette.
C'était pas évident d'éviter tous les autres enfants.
Ma méconnaissance du terrain fut du coup encore plus à mon désavantage !
OK... Ils veulent la guerre des informations ? Ils vont l'avoir !
Je fis signe à un groupes de petites filles qui jouaient avec une balle.
— Vous pouvez me rendre un service ?
Allez dire que les parents de Satoko Hôjô sont devant les grilles de l'école,
s'il vous plaît.
— Un message ? Aahahahahahaha !
D'accord !
Je les arrêtai avant qu'elles puissent partir.
— Attendez, c'est pas tout !
Il y en a aussi un pour Mion Sonozaki.
Dites-lui que la maîtresse veut la voir et qu'elle doit l'attendre devant l'entrée.
Héhéhéhé, je suis fort quand même !
Si tout se passe comme prévu, elles tomberont l'une sur l'autre !
Évidemment, ce n'est pas dans mon intérêt de faire augmenter le nombre de chats, mais on parle de Mion, là.
Je parie qu'elle saura s'enfuir à temps.
Tu me diras, quelle que soit l'issue, ça m'est égal.
Il suffit juste que ça me fasse gagner du temps !
Héhéhéhéhé, dansez donc maintenant !
Vous n'êtes que des marionnettes dans mes mains ! HAHAHAHAHAHAHA !!!!!
Savourant mon statut temporaire de génie machiavélique, je cherchai de nouveau un endroit où me cacher.
À bien y réfléchir, cela ne me fera gagner que très peu de temps.
En fait, ça va même se retourner contre moi, si ça se trouve !
Elles vont finir par se rendre compte de la supercherie, et alors elles me feront parvenir de faux messages à moi aussi.
Satoko demandera sûrement à la personne qui me délivrera le message de me chercher par la même occasion.
Ce qui veut dire... qu'il y aura plus de zombies que de participants !
Ma mauvaise blague va se propager telle un virus dans toute l'école...
Tous ceux de la classe vont se transformer en zombie... et ils seront tous à mes trousses !
Finalement...
C'était pas si malin que ça...
Je cherchai frénétiquement un endroit où me cacher, attendant l'inévitable aboutissement de cette catastrophe biochimique...
Soudain, je découvris une petite remise près de l'incinérateur de l'école.
Je grimpai sur le toit et me mis à plat ventre, puis attendis la suite. J'essayai de respirer sans bruit.
Pas mal comme cachette.
J'ai une bonne vision sur ce qui se passe dans le coin, et en plus j'ai le choix dans trois directions si jamais il me faut fuir !
Le coin devenait agité.
De jeunes élèves passaient en courant tout près de la remise.
— Je ne trouve pas Maebara.
Tu as été voir par là-bas ?
— Il n'est pas là-bas non plus.
Où est-ce qu'il peut être ?
Son père l'attend devant l'entrée !
Ben voyons.
Le message utilisait les mêmes mots que moi.
C'était sûrement Mion qui essayait de se venger...
J'avais agi le premier et cela m'avait donné l'avantage.
Désolé, les enfants, mais vous allez devoir me chercher jusqu'à la fin du cours !
— Dites, vous n'auriez pas vu Keiichi ?
Sa mère est allée à l'hôpital, il paraît que c'est grave !
— Moi aussi j'ai un message pour lui.
Il paraît que sa maison brûle ! Il faut qu'il se rende à l'entrée tout de suite.
— Il paraît qu'un Boeing 757 s'est crashé dans leur maison !
— Les flics veulent lui faire passer un interrogatoire !
N'importe nawak.
— Il paraît qu'il passe son temps à espionner les gens sous les douches.
Hein ?? Pardon ?????
— C'est vrai qu'il se balade la nuit dans le village à la recherche de sous-vêtements ?
Mais qui est ce qui...????
— Il paraît qu'il met les culottes des filles sur sa tête et qu'il les renifle !
Mais qu'est-ce que c'est que ces conneries ???
— La déléguée de classe m'a dit qu'il l'avait déjà fait avec sa culotte !
— QUEEEEEEEOUAAAAAAA ????
ROOOOooooongntudjuuuuuu !!!!!
Mion, tu vas me le payer !
Garde ton calme, Keiichi Maebara !
Ce n'est qu'un plan de Mion pour te faire sortir de ton trou !
Sois fort !
Les enfants devraient comprendre que je ne peux pas être un pareil pervers rien qu'en réfléchissant deux secondes !
Sauf que ! Ces enfants n'étaient sûrement pas encore en âge de comprendre. Ils ont pris apparemment tous ces messages pour argent comptant...
Ils se mirent à nouveau à ma recherche.
Huhuhuhuhu...
Hahahahahahahahaha !
J'ai gagné, Mion !
J'ai gagné !
HAAAA-hahahahaha !
J'essuyai les larmes qui coulaient inexplicablement sur mon visage en savourant la joie délirante de ma victoire.
— T'as entendu la dernière ?
Il paraît que le nouveau, le Maebara, là, ben c'est un gros cochon !
Aahahahahaha !
Cette victoire avait un prix, un prix assez conséquent je dois dire...
Ah !
...
... Quelqu'un approche...
Rena et... Rika ?
— Hou, haa, haa, hou...
Rika, ça va ? Toujours pas attrapée ?
— ... Je me débrouille.
— Pfou...
Je crois bien que Mii est devenue un chat, par contre...
Mion ?
Naaaan... Elle s'est fait avoir ?
Ceci explique le sadisme avec lequel elle a lancé tous ces messages...
Mais si c'est le cas, c'est mauvais pour moi.
— J'ai réussi à éviter Mii, mais je ne sais pas où est Satoko.
— Pas de problèmes. Satoko est allée voir près des gros tubes en béton. Nous serons seules ici un moment.
Je dois avouer que ça me rassurait. J'eus un soupir de soulagement.
Rena essayait de reprendre son souffle. Elle était agenouillée, et Rika s'en approchait doucement, lentement... Silencieusement.
Rika marche toujours très silencieusement, mais cette fois-ci, quelque chose clochait...
Comme si...
Oh !
— Hein ? Héééé !
Rika ?
Mais qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qu'il y a !?
...Haoh...!?
— Ne t'inquiète pas, ça ne fera pas mal...
Un sourire extrêmement inquiétant se dessinait sur ses lèvres.
— Mais... Mais pourquoi tu t'approches comme ça ? Hein ?
Tu n'es pas un zombie, quand même...? Dis-moi que tu n'es pas un zombie !
— N'aie pas peur, voyons.
Je ne te ferai pas mal...
Je vais juste te maaaangeeeer...
— C'est-c'est-c'est une blague, hein ?
Tu n'es pas vraiment un zombie, Rik-AAAAh !
Rena était dos au mur. Rika s'avança très lentement vers elle, les bras tendus en avant, comme un vrai zombie de film d'horreur...
Rena colla son dos complètement au mur.
C'était super impressionant...
J'aurais pu croire qu'une vraie attaque de zombie se déroulait sous mes yeux !
Et là, Rena croisa mon regard.
— Kei, Keiichiiii ! Au secours, aide-moi !
La mignonne petite zombie tourna la tête à 180 degrés et me fixa d'un regard impavide.
— Ah ! Il est là !! Kei, on t'a trouvé !
Mion était debout près du mur des poubelles et bloquait le passage.
Uh oh... c'est pas bon, ça. Cette cachette était bien quand il n'y avait qu'un zombie, mais si ils m'entourent à plusieurs, je suis foutu !
— Quoi, vous l'avez trouvé ??
J'entendis le cri de surprise de Satoko au loin.
Rika avait laissé filer Rena et s'avançait maintenant dans ma direction.
— Uuuuueeeeeeeehhhhh.... Aaaaaaaauuuuuuuuu...
— Deeeeessssceeeeeends de làaaaaaa... Keeeeiiiiiiiiichiiiii !
Mion était dans un trip façon exorciste ou shaman... et mes trois zombies marchaient en cercle autour de la remise.
— Eh, arrêtez ça, c'est pas marrant, je vous jure !
Nan, sérieux, ça fait peur, là !
— Je me demande quel goût ont vos intestins, Keiichi...
Keiichiiiiiii !!!
— Keiichi... Rejoins le côté obscur de la Force...
— À l'aiiide ! Au secouuuuuurs ! Je vous en supplie, aidez-moi !
Je vis au loin Rena se retourner et s'excuser à force de courbettes.
Elle s'excusait.
Elle demandait pardon.
Mais alors...? Elle me laisse crever ????
REEEENAAAAAAAAAAAAAAAA !
Saisi d'une peur panique, je me jetai du toit
et me ramai la gueule par terre.
Satoko et Rika se jetèrent immédiatement sur moi... et me firent des chatouillis.
— HAHAHAHAhahahahahAHHA !
Arrêtez ! Stop ! Pitié ! Ahahahahaha ! Nooon ! Stop !
Ahahahahahahaha !
— Bon, il ne reste donc plus que Rena.
Il ne reste plus beaucoup de temps...
— Rena...
On peut rire et sourire et pourtant être un scélérat !
...
Je comprenais tout doucement ce sentiment d'impuissance que devaient avoir les zombies...
— Ahh là là, pauvre petit.
Mais maintenant, tu es des nôtres, Keiichi.
Comme la victime d'un vampire, je devenais moi-même vampire...
C'était pas désagreable de voir ses anciens ennemis vous accueillir et vous considérer commme l'un des leurs.
— Le chat zombie... c'est plus qu'un simple jeu...
— Allons, allons !
Il nous faut capturer Rena, maintenant !
— Le directeur est dans le couloir !
C'est bientôt la fin du cours !
Je n'avais plus le choix. Si je voulais prendre ma revanche, il me fallait utiliser tous les moyens.
Je me sentais être plus qu'un simple zombie...
J'étais devenu un noble guerrier des ténèbres !
Je décidai d'utiliser les autres élèves à mes propres fins...
Je commençai par les rassembler tous.
— Hé ! Écoutez-moi tous !
Il s'est passé quelque chose de grave !
Il faut absolument que vous trouviez Rena, c'est très, très important !
— Plus grave que le 757 qui s'est crashé chez toi ?
Ah oui, c'est vrai, je l'avais oubliée celle-là...
Pendant ce temps, Mion essayait de sifflotter innocemment.
— Tu parles ! Un 757, c'est rien !
Chez Rena, tu devineras jamais ce qui est tombé !
La colonie spatiale !
— La-la-LA COLONIE SPATIALE ?????
— Ouais ! Tu te rends compte ??
Le cratère de l'impact fait des kilomètres de diamètre !
Mais c'est pas le pire, parce que ça, c'est que le début !
En fait, c'est une manœuvre destinée à cacher le coup d'état de l'armée Zeon !
Mes jeunes camarades faisaient des yeux ronds, incapables d'appréhender l'ampleur des événements.
— Mais alors, que va-t-il se passer ?
La Fédération Terrestre va perdre ?
— À ce rythme-là, oui, nous allons perdre !
La seule personne au monde qui puisse battre la Comète Rouge,
c'est Rena Ryûgû !
Je les vis avaler un grand coup.
Apparemment, ils s'imaginaient que la survie de la planète dépendait de Rena.
— Allons, dispersez-vous, camarades ! Il vous faut retrouver Rena au plus vite !!!
Les enfants poussèrent un grand cri puis se mirent à courir à toute vitesse.
... Tiens ?
Il en reste un.
— Mais.... Mais je croyais que le canon à multiples lasers du vaisseau principal de l'Armada n'avait aucun effet sur l'Empire de la Comète ?
— Toi, tu confonds avec la Comète Blanche...
En plus, le canon n'a pas eu d'effet car le vaisseau ne visait pas au bon endroit.
Mais Rena saurait où viser, elle...
— La vache... Elle est super forte, Rena...
Elle partit à son tour.
Brave petite. Celle-là a un avenir prometteur...
— Eh ben mon p'tit gars... C'est vachement impressionnant...
Je sais pas pourquoi, mais je ne pense pas que ce soit un compliment... mais passons.
— En tout cas, on peut compter sur vous, mon cher !
Vous savez y faire !
— Regardez-moi tous ces zombies...
On est sûrs de gagner !
— Tu aurais dû te porter volontaire pour être le chat dès le début.
Je préférai ne rien dire.
Rena était douée, mais avec tous les élèves à sa recherche, elle ne pouvait pas rester cachée bien longtemps.
Après une recherche au peigne fin, Rena se retrouva acculée au mur dans la remise du gymnase.
— C'est plus marrant, là, vous faites peur !
Keiichi aussi !...
J'ai peur, là !!!
Je me doute bien que ça doit faire peur d'avoir tout le monde à ses trousses.
Les élèves voulaient persuader Rena de sauver notre planète, et ne la lâchaient pas d'une semelle.
— Mais je ne comprends rien à ce que vous me racontez !
Je ne sais pas piloter un robot, je vous dis !
— Reeeenaaaaaaaaa... Tu as osé m'abandonner !
Es-tu prête à subir ton châtiment ?
— Je suis terriblement désolée pour tout à l'heure, Keiichi, mais je n'avais pas le choix !
— Rendez-vous... et laissez-vous manger !
— Oui, mangeons-la.... tous ensemble, dans la joie et la bonne humeur...
— Prête, Rena ? Fais tes prières !
AAAAHAHAHAHAHHAHAHAHA !
Rena, les larmes aux yeux, se recroquevilla sur l'un des matelas de sport, tremblante.
Je m'approchai d'elle.
La situation était plutôt équivoque, et toute une ribambelle d'images me défilèrent dans la tête, faisant battre mon cœur de plus en plus vite et de plus en plus fort.
Satoko et Rika tendirent les bras des deux côtés.
Elles avaient sûrement l'intention de la chatouiller.
Rena savait cela, et apparemment ça ne lui plaisait pas du tout. Elle était raide de peur.
— Kei... Keiichi... tu ne me feras rien de méchant, toi au moins ?
Hein ?
— Aaaaah, je sais pas.... J'me tate...
— Uuuh.... ... ... ... ... Hauuuu....
— Ça y est ? Tu es prête à accepter ton sort ?
— Oui... Si c'est toi...
Mon cœur s'emmêla les pinceaux en voyant son visage.
— Je sais que tu... ne me feras pas de mal...
... Mon.... mon corps... ne réagit plus. Elle vient sûrement de lancer un sort de prêtresse avec bonus contre les morts-vivants.
En une seconde, ma bonne conscience mit mes velléités KO.
Soudain, j'entendis la cloche sonner. La partie était terminée !
— OUAIS !!!!
Je l'ai fais ! Je l'ai fais !
J'ai survécu !
Ouaiiiis !
Rena explosa de joie et se lâcha complètement.
— Au dernier moment, la lumière du soleil apparut, et l'armée des ténèbres fut réduite en cendres et poussières...
Bah, l'héroïne survit toujours à la fin, c'est comme ça dans les films. C'était écrit...
— Rien du tout, oui !
Vous avez simplement été long à la détente, c'est ça la triste vérité !
— ... Cela mérite le châtiment suprême.
Satoko et Rika me prirent à revers et m'infligèrent à nouveau la torture des guilis-guilis.
— Aaaaa, AHAHhahahaaAHAHaaarrêtez, arrêtez ! Non, pitié, j'en peux plus ! AhahhahahHAHAhaha !
— Bien ! Le prix de la survie est attribué à Rena Ryûgû et à moi-même, Mion Sonozaki. Yeah !
— Hein ? Mii, t'étais pas un zombie ?
— Eeh non, je faisais juste semblant. Tu connais le proverbe... Si tu veux tromper tes ennemis, commence par tromper tes amis !
— Oh !!!!!!! Mion, je- tu- oooooooh !!!!!
— Oui, ça va, on a compris.
Allez tous vous changer, le prochain cours va bientôt commencer !
Perdez pas de temps !
— Satoko, Rika, lâchez-moi !
AHAHAHAhaha, arrêtHAHAha !
Après avoir ressenti jusque dans ma chair l'horreur indicible des activités de notre club, je me jurai de me venger un jour sur Mion...
De retour chez moi, je fis mes préparatifs.
Après tout, j'avais promis à Rena de l'aider à déterrer la fameuse statue du colonel Sanders.
— Dis voir, M'man, tu sais pas où on aurait des gants de travail ? Il me faut aussi une serviette.
— Regarde dans la commode de l'entrée pour les gants.
Les serviettes sont près du lavabo, comme toujours.
OK, j'ai tout ce qu'il faut.
Je levai la tête et vis ma mère me jeter un regard inquisiteur.
— Et bien, Keiichi ?
Tu comptes aller où avec tout ça ?
Si je n'y vais pas aujourd'hui et que quelqu'un rajoute encore des trucs sur le tas, on ne l'aura jamais, cette statue...
et je parie que Rena irait illico devant le prochain Fried Chicken pour avoir ce qu'elle veut.
— Je dois aller creuser pour aider quelqu'un de ma classe.
Je ne veux pas qu'elle devienne une criminelle.
— ???? Mouais. ... Ne rentre pas trop tard, d'accord ?
Elle retourna dans la cuisine, mais n'avait pas l'air convaincue de ma bonne foi.
Alors que je passais par le raccourci dans la forêt pour aller au barrage, une ombre surgit brusquement devant moi.
C'était Tomitake.
Je me demande s'il avait pu faire de bonnes photos par ici.
... J'espère qu'il ne fait pas que photographier de jeunes hommes taciturnes dans le soleil couchant ??
— Ah, on s'est vus l'autre jour, non ?
Tu t'appelles... Keiichi, c'est bien ça ?
— Oui, merci encore pour l'autre fois.
Je décidai d'oublier mes doutes à son sujet.
— Ah, au fait...
Tu la connais, la fille là-bas, hein ?
Il parle sûrement de Rena.
Si j'en juge par son air effaré, il a dû se passer quelque chose...
— Tu sais ce qu'elle fait, là ?
Elle se promène avec une hache, sans fourreau !
Mais le pire, c'est qu'elle a un sourire jusqu'aux oreilles !
Aaaah, oui, c'est bien de Rena dont il parle.
Elle doit être toute excitée à l'idée d'avoir sa statue ce soir, alors forcément, ça doit se voir...
— Je me suis caché en vitesse, parce que j'ai tout de suite su que quelque chose clochait, mais...
...
Tu crois que je devrais appeler la police ?
Quand on la voit faire tournoyer cette hache comme un bâton de majorette avec cet air surexcité,
C'est vrai qu'une fille de son âge qui se balade le soir avec une hache défourrée, ça a de quoi étonner. Tomitake est donc tout à fait normal.
— Maiiiis laissez-la donc,
ce n'est rien.
Elle est simplement à la recherche de sa prochaine victime.
Cette remarque eut l'air de le faire paniquer encore plus.
Bah, je suppose que les gens normaux ne peuvent pas la comprendre.
Autant jouer le jeu et rajouter une grosse couche de mystère...
— Si jamais on vous retrouve mort dans le coin, je suppose que ce sera elle l'assassin.
À votre place, je ne laisserais pas mon nez traîner un peu partout...
J'y ajoutai un petit rire sardonique avant de me diriger d'un pas ferme vers le barrage.
Je fus très surpris lorsque Tomitake prit la parole.
— Keiichi... Est-ce que c'est ta façon de donner un “petit conseil d'ami” à un étranger comme moi ?
Il ne comprend pas l'humour, celui-là. Je vais le lui dire autrem-
— Ha ha ha ha ha !
J'ai compris, je ferai attention.
Il tourna les talons aussi sec et l'instant d'après, il n'était plus là.
Un étranger, lui ?
On n'est pas dans un film de série Z, là, je déconnais...
J'avais juste voulu lui faire une blague, mais là, j'avais l'impression d'avoir surtout fait une belle boulette...
— Keiichi !
Tu es en retard ! C'est pas grave... Allez, on y croit !
Je comprends la peur de Tomitake.
On comprend, croyez-moi.
— Tu devrais pas te balader sans le fourreau de la hache,
les gens vont s'imaginer des trucs !
— Apparemment, on l'a perdu... en tout cas il n'était pas avec.
À bien y réfléchir, ce n'était pas si grave.
Tout le village était au courant de son comportement si... particulier.
Je suis sûr que personne ne s'est étonné outre mesure de la voir se balader dans le village avec une hache à la main...
— Bah, tant pis.
Allez, ce soir, ce sera la bonne !
Plus qu'une poutre et on pourra le tirer de là.
J'ai tout ce qu'il faut...
Alors laisse-moi faire !
— Tiens !
Je pris la hache qu'elle me tendait et descendis la pente instable de la décharge.
— Un peu de patience, mon petit Sanders...
Keiichi va te sortir de là...
— Ok, reste en retrait.
Je vais en faire une bouchée !
On entendit un grand “toc” très sec, qui se réverbéra tout à la ronde.
— ... Alors ?
Tu penses que tu y arriveras ?
Si c'est trop dur, te force pas...
— Si j'arrive à la casser, on pourra se débrouiller pour la sortir.
Aujourd'hui, il fait beau, je me suis préparé et je suis en forme !
On l'aura !
... Sauf que. L'ennemi était quand même nettement plus coriace que ce que j'avais imaginé.
D'une, il se trouve que je n'avais jamais utilisé une hache auparavant.
J'avais voulu le faire une fois pendant une excursion avec l'école, mais finalement je n'avais pas gagné le droit de le faire.
De plus, le sol n'était pas plat, et donc il m'arrivait de perdre l'équilibre en tendant la hache en arrière. Je décidai de faire une pause.
Rena avait ramené une nappe, un peu de thé noir et quelques gâteaux qui avaient l'air très sucrés...
— T'inquiète pas, va !
J'en ai plus pour longtemps.
Ce soir, tu pourras lui faire la bise avant d'aller au lit.
— Oh...
Merci...
Je lui ferai... la b- la bi- la bise... hau...
— Au fait, tu disais l'autre jour que tu venais juste d'emménager ?
Tu habitais où avant ?
Je posais la question tout en portant ma tasse de thé à mes lèvres.
Je croyais qu'elle avait toujours habité ici...
— Hm ?
Plus à l'est, dans le Kanto.
Ce n'était pas la campagne comme ici, mais ce n'était pas la ville non plus...
— Mais alors pourquoi avoir déménagé ?
Surtout pour venir à Hinamizawa.
C'est quand même un coin vachement paumé !
— Et toi alors, pourquoi vous êtes venus emménager ici ?
Ça a un rapport avec ton père ?
— Ouais, il voulait avoir son atelier.
Il a toujours dit qu'il voulait en avoir un près des montagnes, pour l'inspiration.
— Un atelier ?? Mais alors... Ton père crée des œuvres d'art ?
— Il ne fait que peindre des paysages.
Il paraît qu'il fait une expo, environ deux fois dans l'année, je sais pas trop où.
Au début, les expos étaient placées dans le fameux Plazza du district de Ota, à Tokyo, mais en ce moment il a ses expos dans le site de Makuhari.
Il aimerait exposer dans un centre international un jour, si possible près de la mer.
— En tout cas, ça a l'air super impressionnant...
Il faudra que tu nous montres ses tableaux un jour !
Comment pourrais-je lui avouer que je ne sais pas du tout ce que peint mon père ?
Je lui donnai la réponse la plus vague possible puis me levai pour couper court à toute discussion.
— Ça n'a pas été trop dur pour toi ?
Tu changes d'école en pleine année scolaire, quand même.
— Bof, ça va.
De toute façon, j'en avais marre de vivre en ville.
Au final, c'est moi qui fît les questions et les réponses.
Je repris la hache en main et me réattelai à la tâche.
Le soleil commença à descendre à l'horizon, et l'air devint frais.
Les cigales se mirent à chanter, semblant vouloir nous indiquer l'heure de rentrer chez nous.
Il faut absolument qu'on ait fini ce soir.
Plus qu'un effort !
Au début, je discutais encore avec Rena, mais maintenant je ne pouvais plus me le permettre.
— Prends ça !
Et ça !
Meeerdeee ! Va chier !
Encore et encore, je frappais de grands coups de hache.
Parfois,
des éclats de bois volaient.
— Après l'avoir tué à coups de machette et de pioche.
Soudain, une phrase me revint en tête.
Pauvre homme. Sa tête a dû voler en éclat dès le premier coup...
Il ne faut jamais, mais alors au grand jamais frapper quelqu'un avec une hache... ou quoi que ce soit d'autre dans le genre, d'ailleurs.
Enfin, la poutre céda.
La hache, emportée par la force du coup, frappa malheureusement aussi la statue du colonel, qui était juste en dessous.
Il y eut un bruit assez désagréable, et l'un des bras se détacha.
Il roula jusqu'à mes pieds.
— Euh...
— Ça va Keiichi ? Tu ne t'es pas blessé !?
— Aaah, désolé, Rena, je...
J'ai cassé un bras de la statue...
— C'est tout ? Ouf, tant mieux, je croyais que tu t'étais coupé avec la hache...
La culpabilité devait se lire sur mon visage.
Rena repris avec le sourire :
— C'est rien voyons, je réparerai ça et je lui mettrai des habits dessus,
personne n'en verra rien !
— Je vois... Bon, ben on peut commencer à le tirer, je pense.
Tu prends l'autre côté ?
— Ouais !
— La police n'a jamais retrouvé le deuxième bras, c'est bien ça ?
C'est peut-être pour cela que j'ai été aussi surpris par le bras cassé. C'est un signe de mauvais augure. Je décidai d'en rire... mais je rigolai jaune.
Rena et Mion savaient que cette affaire n'était pas très plaisante à raconter.
C'était pour ça qu'elles faisaient semblant de ne pas savoir.
J'ai voulu le savoir, et maintenant que je sais... j'ai les chocottes.
Bien fait pour ma gueule...
— Keiichi Maebara, tu es ridicule ! Ressaisis-toi, bordel !
OK, Rena, c'est parti !
À mon signal, tu tires un grand coup, d'accord ?
À la une, à la deux... trois !
— Ouais !
Ça y est, on l'a ! On l'a eu, Keiichi !
Ouais !!
Enfin !
Après deux journées entières d'efforts acharnés, nous l'avions.
Il était sale et usé et s'apprêtait à connaître une fin horrible, condamné à pourrir ici, mais finalement, une nouvelle vie commençait pour lui.
Tu as de la chance. Ton nouveau maître, c'est quelqu'un de bien.
— Oooh, Colonel Sanders tu es si mimiiii...
Il était sale comme tout, mais ça n'avait pas l'air de déranger Rena outre mesure. Elle se frottait à lui, joue contre joue.
J'étais crevé comme tout, mais en voyant son visage resplendissant, je me sentis quand même bien récompensé.
— Bon, je vais t'aider à le porter jusque chez toi. Si tu devais le transporter toute seule dans le noir, je crois que les gens appelleraient la police...
— Oui, tu as raison !
Merci encore, Keiichi. Je n'oublierai pas ce que tu as fait pour moi aujourd'hui !
— T'inquiète pas, je te ferai payer ça plus tard. Cher, si possible. Je vais y réfléchir.
— Ouh là... Je me demande comment je vais pouvoir te rembourser ça...
Comment ?
Je fis l'un des sourires les plus vicelards que je pouvais et la laissai penser ce qu'elle voulait...
Finalement, nous décidâmes d'entourer la statue avec la nappe et de la porter à deux jusque chez elle.
J'espérais de tout cœur que Tomitake n'était plus là et qu'on ne rencontrerait personne.
Dans la pénombre d'un petit chemin de montagne, juste à la tombée de la nuit, un homme et une femme transportaient une grande forme allongée et une hache luisante.
Si par hasard il nous avait vus, il aurait sûrement pris des photos...
Nous aurions dû le supprimer... Hé hé hé hé...
— Est-ce que c'est ta façon de donner un petit “conseil d'ami” à un étranger comme moi ?
C'était bizarre, cette phrase. Sa réaction était beaucoup trop sérieuse par rapport à ma mauvaise blague. Cela cachait sûrement quelque chose...