C'était le troisième jour d'absence de Satoko.

L'autre salope de maîtresse avait encore appelé.

Il lui avait gueulé dessus et raccroché au nez.

Sauf qu'elle était chiante et coriace.

Elle irait sûrement téléphoner aux services sociaux.

Teppei ne voulait pas laisser la gamine aller à l'école, parce qu'il craignait de la voir en profiter pour porter plainte contre lui.

Oh oui, elle avait joué le jeu lors de la visite des services sociaux, mais c'était juste parce qu'il avait été à côté d'elle.

Sans sa présence constante, elle n'hésiterait pas à le trahir.

Et là, les services sociaux débarqueraient illico.

Ce serait peut-être pire, si la gamine parlait à la police, il serait emmené au poste.

Il savait que parfois, les deux entités travaillaient ensemble sur les affaires de mineurs.

Teppei avait déjà assez de gens à ses trousses.

Si les flics s'en mêlaient, il était bon pour la taule,

et ça, c'était hors de question.

Il lui fallait des sous.

S'il pouvait mettre la main sur le livret de famille de son frère, il serait tranquille.

Il savait que les gens le regardaient quand il sortait se promener, c'est pour ça qu'il restait enfermé chez lui.

Mais il n'avait rien à faire ici, alors il lui fallait des potes, pour jouer au mah jong.

Mais pour ça, il lui fallait au moins trois personnes.

Et donc souvent, il arrivait pas à avoir assez de monde pour jouer, alors il devait s'occuper comme il pouvait, en regardant la télé ou autre.

Et donc au bout d'un moment, il s'est mis à faire sa chasse au trésor.

De toute manière, s'il foutait tout en désordre, il n'avait qu'à donner un ordre à la gamine et elle rangeait tout.

Et puis, il comptait se barrer.

Ça le gênait pas de casser les meubles.

Teppei ouvrit le placard mural, en jeta tout le contenu sur le mur d'en face, il enleva certaines plaques du plafond.

Il ouvrit et jeta tous les tiroirs des commodes, les perça pour être sûr qu'ils n'avaient pas de double-fond.

Les gens qui étaient près de leurs sous savaient cacher leur pactole.

Il savait qu'il devrait faire pire s'il voulait mettre la main dessus.

Passant d'une pièce à l'autre,

il monta à l'étage et commença par la première pièce qui lui tomba sous la main.

Mais au moment où il voulut ouvrir la porte, Satoko se jeta sur son dos.

Satoko

— Non, vous n'entrerez pas dans la chambre à Totoche !

Teppei

— Qu'esstu fais, sale conne, lâche-moi !

Satoko

— Non, je vous interdis cette pièce, pas la chambre à Totoche !

Au début, Teppei pensa qu'elle disait ça parce que l'argent s'y trouvait.

Il la jeta par terre et tenta d'y entrer de force.

Mais Satoko se mit à hurler comme une folle et se dressa devant lui.

Il trouvait cela amusant de la voir enfin tenter de se rebeller,

mais en même temps, c'était tellement inhabituel qu'il se dit que cela vaudrait peut-être le coup d'écouter ce qu'elle avait à dire.

Satoko

— ... C'est huste que... c'est la chambre à Totoche.

Elle doit être impeccable pour quand il rentrera. Tout doit être comme avant, rien de cassé, rien de changé.

Ugh... ugh...!!

Teppei

— Et alors, c'est juste parce que c'est la chambre à ton frère que tu m'chies une pendule ? Tu sais même pas s'il est pas déjà crevé.

Satoko

— Totoche est VIVANT ! Et il RENTRERA !

Waaaaaaaah !!

Vous pouvez pas entrer, vous pouvez pas tout casser chez lui !

Teppei

— Mais j'ai pas dit que j'allais tout casser.

Teppei

Tu vois cette chambre ?

Teppei

Je veux la ranger, c'est pas la même chose.

Teppei

Y a pas besoin de garder une chambre impeccable pour quelqu'un qu'est pas là.

Teppei

Je veux ranger tout ce qu'il y a dedans.

Satoko

— Non !

Noooooon ! Je vous interdis ! Naaaaaaaaaaaaah !

Totoche ! TOTOCHE !

AAAAAAaaaaaaaah !

Teppei

— Non mais ça va pas ? Ça te défrise tellement ? J'ai pas la gale, quand même !

En voyant la réaction hystérique de sa nièce, Teppei comprit qu'il valait mieux calmer le jeu.

Il était un pro dans l'art de faire chanter les gens.

Il savait que les plus faibles étaient les plus prompts à faire des conneries en cas de gros stress.

S'il entrait dans cette pièce, la gamine était capable de passer outre son autorité et d'aller voir les flics.

Elle était chiante à avoir tout le temps dans les pattes, mais il ne pouvait pas se permettre de la laisser partir non plus.

Teppei

— OK, c'est bon, j'ai compris ! Si tu te tiens sage, je rentrerai pas.

Ça te va ?

T'es contente, maintenant ?

Satoko

— Oui... Oui, merci...

Teppei

— Par contre, que ce soit clair une bonne fois pour toutes :

si tu me mets en colère, je rentre et je jette tout dehors.

Teppei

On n'a pas besoin d'avoir toute une chambre de prise juste pour Monsieur, alors qu'on ne sait même pas s'il rentrera ou pas, c'est du gâchis !

Teppei

Alors si tu ne reviens pas de l'école ou si tu tiens pas ta schnabel, eh ben tu peux dire adieu à cette pièce, t'as compris ?

Je te le dirai pas une deuxième fois, Satoko !

Satoko

— Oui, oui, merci, merci beaucoup, merci, merci beaucoup...

L'argent était très certainement dans cette pièce.

Il lui fallait le trouver, mais sans laisser de traces, sinon, la gamine lui ferait des misères.

D'un côté, la promesse qu'il lui avait faite était très chiante, mais de l'autre, il avait son silence absolu et il n'avait rien besoin de faire à part garder cette porte fermée, c'était pas cher payé.

D'ailleurs, à bien y réfléchir, il la tenait tellement bien qu'il pourrait même la laisser repartir à l'école.

Si elle manquait encore un jour d'école, l'autre salope de maîtresse viendrait encore les emmerder.

Il avait gardé Satoko ici parce qu'il avait peur de la voir parler.

Mais désormais, il pouvait être sûr d'avoir la paix, elle ne parlerait pas. Donc il valait mieux la laisser repartir à l'école, maintenant.

Et puis, sans la gamine sur le dos, il pourrait rentrer en cachette dans la pièce.

Teppei

— Satoko. Tu as été sage ces derniers jours, et ta fièvre a dû tomber.

À partir de demain, tu retournes à l'école.

Satoko

— ... Merci beaucoup, merci, merci beaucoup, merci, merci, merci mille fois, merci beaucoup...

Elle était chiante à toujours dire merci. On aurait dit une machine cassée.

Elle était vraiment stupide, cette gamine.

Teppei

— Bon alors, t'as fini, oui ou merde ?! Et ta gueule, connasse, tu m'casses les oreilles !

... Rah, putain, mais j'ai vraiment pas de bol, moi, merde !