— Oui, un instant, je vous prie. Oryô ? C'est une personne du conseil régional qui vous demande au téléphone.
— ... Oui, allôh ?
— Bonjour Mme Sonozaki, ici M. Sôta, du Conseil Régional.
Merci pour les gâteaux de riz de l'autre jour, ils étaient excellents.
— Bah, c'est rien, va. C'était pour dire merci, vous aviez aidé avec la fête de la culture.
Oh, merci pour le grand parasol en bambou, d'ailleurs.
Combien qu'il a coûté, donc ?
Non parce qu'on en a besoin tous les ans, mine de rien.
— Bah, vous savez, c'était un cadeau, hein, je ne suis pas sûr d'en retrouver un aussi bon. Mais j'avais un peu regardé à l'époque, un bon parasol de par chez nous coûte 200 000 Yens.
On trouve aussi des modèles faits en Chine, qui sont très ressemblants, mais moins bons. Ceux-là coûtent dans les 80 000 Yens.
— Ohff, vous savez, moi, qu'ils sortent de Chine ou de la lune, j'm'en fous, hein, mais faudrait pas que les invités se sentent insultés, c'est tout.
— C'est déjà commandé. Vous voudrez probablement finaliser vôtre choix après l'avoir examiné en mains propres.
— D'ailleurs, ça fait trois ans qu'on invite un maître du thé de l'école Senke d'Edo.
Il faudrait penser aux autres, sinon ils vont encore se plaindre. Je suis pas trop regardante, un Senke d'ailleurs ou bien même un de l'école Urasenke, ça me convient, mais pas le même chaque année, quoi.
— Oh... Euh, oui, bien sûr, je comprends.
Oui, bien entendu, bien entendu !
Je vais voir si je peux inviter quelqu'un d'autre.
Oh, mais j'allais oublier, est-ce que vous sauriez me renseigner ?
— Oui, je m'excuse de vous ennuyer avec mes parasols. Il vous faut quoi ?
— Eh bien, je me demandais si vous saviez ce qu'il arrive à cette charmante Satoko Hôjô, elle habite bien à Hinamizawa, n'est-ce pas ?
— ... Satoko HÔJÔ ?
Pah ! La gamine de ces hérétiques !
Qu'essella encore fait ?
— Oh, eh bien, à vrai dire, il paraît qu'elle vit à nouveau avec son oncle,
mais j'ai reçu des messages indiquant qu'il la battrait, je ne sais pas quoi en penser. Vous n'auriez pas entendu quelque chose à son sujet, par hasard ?
— Son oncle ? À qui donc, à Satoko ?
Mais j'en sais rien moi, je suis pas sa nourrice !
— Ah non mais ce n'est pas grave, je ne vous fais aucun reproche, voyons. C'est juste que l'assistante sociale a été avisée de cela, et je m'en étonnais.
Il paraît que des gens seraient venus se plaindre, et très malpolis, en plus de cela !
Et sur ces entrefaits, je me suis dit que si cette histoire vous préoccupait vous aussi, nous devrions peut-être accélérer les procédures, mais...
— Mais qu'esstu m'chantes avec cette gamine, j'en sais rien, moi, j'y comprends rien à ton charabia ! Et puis d'abord, pourquoi j'irais me soucier de la gamine des Hôjô, c'étaient des culs-terreux, leur gamine peut pas être bien mieux !
Les Sonozaki sont pas au courant, et pour être franche, ils s'en moquent bien !
— Oh... Mais alors, l'association de quartier n'en a jamais parlé ? Ni même le comité des communes ?
— Meuh non, bien sûr que non, petzouille ! Mais de quoi qu'tu causes !
Kimiyoshi irait pas soutenir une traître, et encore moins sans m'en parler, va !
Non mais où va le monde ? Et d'abord, qui est l'imbécile qu'est allé se plaindre !?
— Oh, il me semble bien que c'était un groupe d'enfants, des élèves de sa classe. Je vois, c'est donc une action uniquement organisée par les camarades de classe de cette enfant. Ni vous ni les comités n'êtes liés à ce dossier, donc ?
— Non mais encore heureux, eh ! Mais tu crois quoi, toi, tu nous prends pour qui ?
Non, non et non, le village n'a rien à voir là-d'dans, j'te dis !
Cet appel téléphonique fut retransmis au centre de protection de l'enfance.
Donc, si Oryô Sonozaki n'était pas au courant, le dossier n'avait pas besoin d'être traité en urgence.
Le chef de service alla voir les employés au guichet et leur fit bien comprendre que s'ils revenaient demain, il faudrait les écouter,
mais ne rien leur promettre.
— Keiichi Maebara, hein ?
Sacré lascar. Je parie que plus tard, il sera recouvreur professionnel de dettes !