Kumadani

— Je commence à avoir faim, pas vous, Chef ?

Vous voulez pas qu'on aille d'abord manger un morceau quelque part ?

Ôishi

— Hmmm, voyons voir.

Ôishi

Il est quoi, presque 20h ?

Ôishi

Aah, oui, j'avais oublié. Il faut dire que nous avons mangé tard à midi, je n'y pensais plus.

Ôishi

Bah, on ira après. Je veux d'abord entendre ce qu'elle veut nous dire. On pourra aller chez la vieille, après, ça te dit ?

Kumadani

— Vous aviez envoyé quatre officiers, non ?

Il serait temps de les faire remplacer, ils doivent commencer à trouver le temps long.

Kumadani

Avec un peu de chance, mademoiselle Furude les aura pris en pitié et leur aura offert de quoi manger.

La voiture des deux inspecteurs passa la zone urbaine d'Okinomiya et s'engagea enfin sur le chemin qui menait à Hinamizawa.

Elle s'engouffra à toute vitesse sur le chemin sombre et quasiment sans lampadaires.

Kumadani

— Je me demande bien ce qu'elle va nous dire. Qu'est-ce qu'elle aurait pu nous cacher ?

Ôishi

— Oh, je parie que ça va être une histoire énorme, à n'en pas douter.

Ôishi

Tu sais, ce village, autrefois, il s'appelait Onigafuchi, “le village des abysses des démons”.

Ôishi

Les abysses des démons, c'est le nom du marais. Donc le village est nommé d'après le marais, en fait.

Kumadani

— Oui, ça nous promet des histoires enfouies profondément sous la merde.

... Et pour sa protection, on fait quoi ?

Ôishi

— Ça va dépendre de ce qu'elle va nous raconter, mais il faudra l'emmener dans une planque.

Ôishi

Le village n'est pas sûr, elle serait en danger partout si elle restait là-bas.

Ôishi

Et puis, on ne sait jamais ce qu'il pourrait se passer.

Ôishi

Il faudra aviser une fois qu'elle nous aura parlé.

Kumadani

— Le chef de clan des Furude est en danger de mort et l'héritière des Sonozaki veut la protéger.

Je ne vois pas qui pourrait en vouloir à la gamine, dans ces conditions.

Kumadani

Il n'y a guère que le clan des Kimiyoshi qui pourrait rassembler des hommes.

Ôishi

— Oui, mais les Kimiyoshi sont réglos.

Ôishi

Je ne sais pas trop, ça doit être un truc avec des extrémistes religieux, je ne vois rien d'autre, et encore, même ça c'est tiré par les cheveux.

Ôishi

Je me demande bien quelle histoire elle va sortir des marais vaseux de Hinamizawa...

La voiture passa quelques champs de riz.

Dans le rétroviseur, Ôishi observa un instant l'endroit où ils avaient retrouvé le corps de Jirô Tomitake.

Kumadani

— C'est elle qui l'a abandonné ici, je pense que c'est suffisamment clair,

mais je me demande franchement comment ils ont fait pour sa mort.

Notre vieux médecin-légiste a dit qu'il n'avait rien trouvé, n'est-ce pas ?

Ôishi

— Non, il n'a trouvé aucune trace de produits louches, mais ça ne veut pas dire qu'elle n'en a pas utilisés.

Ôishi

Je parie qu'il y a des tas de drogues aux effets bizarres dont personne n'a jamais entendu parler.

Ôishi

On ne pourra jamais vérifier la présence ou l'absence de tous les produits connus et inconnus.

Ôishi

Mais en même temps, c'est pas parce que nous ne connaissons pas quelle drogue a été utilisée que cette drogue n'existe pas.

Ôishi

De toute façon, vu la façon de mourir de la victime, il y a forcément un produit louche là-dessous.

Ôishi

Je te parie qu'il y a une drogue qui pousse les gens à se trancher la gorge.

Quand on aura le coupable dans les mains, je te jure que je le ferai parler.

Ôishi

Si Rika Furude pouvait justement nous en raconter plus là-dessus, ce serait un hasard bien pratique pour nous. Éhhéhhéhhé !

Ôishi

... En tout cas, Nounours, j'espère que cette histoire t'aura appris à ne pas bâcler les enquêtes, parce que ça peut mener loin dans les fausses accusations.

Kumadani

— Ahahahaha, oui, c'était vraiment moche à voir.

Si ce mec avait été chez nous, supérieur ou pas, je lui aurais défoncé toutes ses dents.

Ôishi

— Surtout que même mis devant les faits, il n'a rien voulu reconnaître, tu as vu ?

Ôishi

Je parie qu'ils vont camper sur leurs positions et déclarer que ce corps est bien celui de Miyo Takano.

Ôishi

Mais dans nos rapports, elle sera toujours présentée comme vivante.

Ôishi

Ensuite, nos chefs pourront se taper sur la tête et se mettre d'accord entre eux.

Ôishi

De toute façon, l'erreur est avérée, prouvée, documentée, je vois pas comment ils veulent mentir là-dessus.

Ôishi

Il a peut-être peur de prendre un blâme s'il reconnaît son erreur, alors il persiste et signe.

Ôishi

Je sais pas, c'est toute cette mentalité qu'il faudrait corriger...

La voiture eut une grosse secousse.

Le bitume s'arrêtait ici. Désormais, la voie carrossable était faite de gravier.

C'était un peu la frontière du village. À partir de là, ils étaient vraiment à Hinamizawa.

La voiture traversa une partie plus boisée.

Ôishi

— ... Nounours,

arrête-toi.

Kumadani

— Hein ?

Si Ôishi demandait à s'arrêter, ce n'était sûrement pas pour aller soulager sa vessie dans les bois.

L'inspecteur Kumadani enfonça la pédale de frein.

Les deux passagers partirent violemment vers l'avant, heureusement retenus par leurs ceintures de sécurité.

Kumadani

— Qu'essiya, Chef ?

Ôishi

— ... Regarde cette voiture. Qu'est-ce qu'elle peut bien faire ici ?

Ôishi tapota le rétroviseur intérieur.

Son collègue y vit une camionnette, stationnée bien sur le côté.

Elle était couverte de traces de boue. Elle servait sûrement aux menus travaux dans le village.

Mais même après un petit temps de réflexion, il ne vit aucune raison à sa présence ici.

Alors seulement, il se rendit compte de l'absurdité de la situation.

Il n'y avait personne au volant, ni même à l'intérieur. Par contre, dans la forêt, on pouvait distinguer des lumières qui bougeaient erratiquement.

Probablement des lampes de poche ou des lampes-torches.

Kumadani

— Oui, non, c'est louche, clairement, surtout à cette heure-ci.

N'empêche, bravo, j'avais rien vu, moi.

Ôishi

— Pourtant, j'arrête pas de te le dire,

Ôishi

un bon flic doit ouvrir l'œil, 24h sur 24.

Ôishi

Mais ça me dit toujours pas ce qu'elle fait ici.

Ôishi

Tu crois qu'ils jettent des choses ? Dépôt illégal d'ordures ?

Ôishi

J'espère qu'ils ne sont pas en train d'enterrer un corps !

Ôishi

Ça peut aussi être un jeune couple en quête d'un peu de piment.

Ôishi

Quoique, non, ce serait une berline si c'était un couple.

Ôishi

Central d'Okinomiya, répondez. Ici Ôishi, vous m'entendez ?

Ôishi

Éhhéhhéhhé, bonsoir les gens, et après ça je vous embête plus, c'est juré.

Commissariat d'Okinomiya

— Ici le Central d'Okinomiya, je vous reçois 5 sur 5

Ôishi

— Ah, j'aimerais des renseignements sur un numéro de plaque.

C'est le **,*,****

Commissariat d'Okinomiya

— Je répète, le **-*-****.

Laissez-nous une minute, je cherche.

Ôishi

— Merci.

Kumadani

— ... Ah, Chef, regardez la carte, il y a un bâtiment pour la maintenance des lignes du téléphone et de l'électricté.

Ôishi

— Un bâtiment de maintenance ? Mais c'est quoi au juste ?

Ce n'était pas un complexe avec des bureaux et des employés, mais plutôt une sorte de vaste pièce avec plein de machines bizarres.

Il y avait là-dedans d'immenses groupes de lignes avec des tableaux et des tas d'appareils de connectique. C'était ce qui reliait le village à la ville, et par extension, au reste du pays.

Ôishi

— C'est une bête camionnette, pourtant.

Ça m'a pas l'air d'être des techniciens de maintenance de la boîte qui s'en occupe.

Kumadani

— De toute façon, Chef, ils viendraient avec une camionnette à leur nom, non ?

Ôishi

— Ça peut être un contrôle, ou bien du travail de sous-traitance, on sait jamais.

Il vaut mieux leur demander directement, on sera vite fixé.

Mais même Ôishi n'y croyait pas vraiment.

À cette heure-ci, personne ne travaillait à moins d'une urgence, et ce n'était pas le cas.

Ôishi

— On y va ? On fait vite, hein,

mademoiselle Furude doit sûrement nous attendre avec impatience.

Kumadani

— Oui, vous avez raison.

Ôishi avait développé un flair particulier au cours de sa longue carrière de policier.

Son flair ne réfléchissait pas trop, il se contentait de le prévenir,

et c'était déjà pas mal.

Et Ôishi se fiait beaucoup à son flair pour trouver les coupables...

Bouscarle chanteuse 2

— *tschh* Bouscarle Chanteuse 2 à Bouscarle Chanteuse 1.

Une voiture s'est arrêtée.

Deux personnes sont descendues du véhicule.

... Probablement des policiers.

Ils vont à votre rencontre, contact dans moins d'une minute.

Malgré l'obscurité, un homme voyait très nettement les deux inspecteurs.

Il portait un masque très étrange, sûrement muni de lunettes de vision nocturne.

Bouscarle chanteuse 1

— Bien compris.

À toutes les unités :

Bouscarle Chanteuse 2 à 5, attendez le feu vert.

Bouscarle Chanteuse 7 et 8, vérifiez sur 100m en amont et en aval.

Bouscarle chanteuse 3

— En attente de vos ordres, bien compris.

Bouscarle Chanteuse 4 et 5, vous avez entendu ?

Bouscarle chanteuse 4

« Bouscarle Chanteuse 4, bien compris. »

Bouscarle chanteuse 5

« Bouscarle Chanteuse 5, bien compris. »

Bouscarle chanteuse 7

« Bouscarle Chanteuse 7, bien compris. »

Bouscarle chanteuse 8

« Bouscarle Chanteuse 8, bien compris. »

Bouscarle chanteuse 1

— ... Bouscarle Chanteuse appelle le Quartier Général, Quartier Géneral, vous me recevez ?

Bouscarle chanteuse 1

On a un problème au bâtiment du téléphone,

Bouscarle chanteuse 1

deux policiers en civil, sûrement pour un interrogatoire.

Bouscarle chanteuse 1

Demandons l'autorisation de tirer.

Quartier Général

— Ici le Quartier Général, bien reçu. Attendez l'autorisation.

Ôishi et Kumadani étaient surveillés depuis plusieurs postes d'observation.

Deux d'entre eux étaient des hommes équipés de jumelles.

Deux autres encore étaient des hommes équipés de fusils de précision avec visée infrarouge.

Il y avait deux équipes de deux pour assurer les arrières de l'équipe des chiens de montagne qui s'affairait dans le bâtiment des télécommunications.

Chaque équipe était placée dans un angle différent, de sorte que même s'il se cachait derrière quelque chose, Ôishi serait toujours en ligne de mire. Chaque équipe couvrait bien sûr les angles morts de l'autre.

De plus, les quatre hommes étaient en tenue de camouflage, couchés dans l'obscurité, à plusieurs dizaines de mètres, retenant leur souffle.

Les deux inspecteurs n'avaient aucune chance de découvrir leurs présences.

Les deux rayons infrarouges suivaient toujours les têtes de leurs cibles.

Ni Ôishi, ni Kumadani ne devait se douter

qu'ils étaient si près de la mort...

Les armes étaient bloquées par le cran de sécurité, mais celui-ci pouvait être retiré à tout moment d'un simple mouvement du pouce.

Ils étaient donc parés à tirer en cas de besoin...

Juste derrière la camionnette, un peu sur le côté, il y avait une vieille bâtisse presque recouverte par le lierre.

Une vieille pancarte rouillée proclamait que le bâtiment appartenait aux télécommunications et en interdisait l'accès au public.

Ôishi

— Coucou, bonsoir Messieurs !

Homme

— ... Ah, nous sommes en plein chantier, là, je peux vous demander de ne pas entrer, si possible ?

Quatre hommes en tenue de travail accueillirent les inspecteurs.

Ils avaient leurs boîtes à outils ouvertes au sol et semblaient faire des travaux sur les commutateurs.

Ôishi

— Désolés de vous déranger en plein travail, Messieurs !

Ôishi

Nous sommes de la Police.

Ôishi

Oh, ne vous inquiétez pas, c'est juste que nous avons vu votre véhicule à un endroit assez spécial, et que l'heure est elle aussi un peu spéciale. Nous nous sommes demandé s'il n'y avait pas un problème plus grave.

Homme

— Ah, je vois ! Ben écoutez, merci d'être consciencieux !

Pour nous, tout va bien, nous en avons d'ailleurs bientôt terminé.

Ôishi

— Et, vous êtes de quelle entreprise ?

Le véhicule, c'est pas celui des télécoms, on est d'accord ?

Homme

— Ah, oui, oui, à quoi qu'je pense, moi ?!

Homme

Je travaille pour les services et équipements Okonogi.

Homme

Attendez, je... Eh ? Ah ben zut alors...

Homme

Rah, chuis désolé, mais j'crois bien que j'ai pas de carte de visite dans cet uniforme-là.

Ôishi

— Les services et équipements Okonogi, ça se trouve où ?

Homme

— Pardon ?

Euh, eh bien... à Okinomiya, bien sûr.

Ôishi

— Oui non mais d'accord, mais j'aimerais l'adresse et le numéro de téléphone.

Homme

— ... Mais ça vous servirait à quoi ?

Ôishi

— ...

Vous ne connaissez pas

votre propre numéro de téléphone ?

L'inspecteur Ôishi plissa des yeux.

Les réponses qu'il obtenait étaient clairement anormales.

Les camionnettes des techniciens sont toujours pleines d'outils et de petites choses, de bouts de plastiques, ferrailles, pour pouvoir tout remplacer en cas de besoin.

Mais la camionnette garée ici était vide, ou presque.

Et puis, les véhicules de professionnels ont toujours le nom de la boîte sur la carosserie, pour faire de la pub.

Or là non plus, rien du tout.

Mais en fait, ce n'était pas ça qui lui avait mis la puce à l'oreille.

Le truc énorme qui le gênait, c'était l'impression qu'ils dégageaient.

Ils n'étaient pas bronzés comme ils devraient l'être au vu de leur profession -- ils faisaient un travail en plein air, en juin, sans bronzer ?

Et puis, ils n'avaient pas l'air de vraiment savoir ce qu'ils faisaient avec leurs outils...

L'heure ne collait pas, et pourquoi envoyer quatre personnes dans un si petit local ?

Ils étaient louches, carrément suspects.

Mais Ôishi n'en découvrit malheureusement pas plus.

Il avait du flair, mais pas assez pour comprendre instinctivement à qui il avait affaire ou pour se demander quel genre de travaux ils effectuaient.

L'homme récita alors un numéro de téléphone.

L'inspecteur Kumadani dut le noter sur un morceau de papier, et Ôishi lui ordonna de demander confirmation.

Homme

— Mais enfin, nous ne sommes pas des criminels, voyons !

Ôishi

— Éhhéhhéhhé !

Je sais pas qui vous êtes,

mais vous n'êtes clairement pas réglos.

Ôishi

Si vous étiez des remplaçants, vous auriez plein de photos officielles pour vous montrer exactement quoi faire.

Mais là, vous n'avez rien.

Et puis, vous ne vous comportez pas comme des techniciens.

Homme

— ... Écoutez, M'sieur l'agent, soyez sympa, on aimerait rentrer à la maison, nous aussi.

Laissez-nous finir de bosser. La journée a été suffisamment longue comme ça.

D'après ce qu'il pouvait voir du chantier, ils étaient loin d'avoir fini.

Au contraire même, il avait l'impression qu'ils venaient de commencer...

Ôishi

— Éhhéhhéhhé !

Allez, gamin, arrête un peu, vous êtes grillés.

La prochaine fois que vous voulez vous faire passer pour des ouvriers, pensez à aller d'abord travailler dans la branche.

Ôishi durçit le ton.

Les chiens de montagne comprirent qu'ils étaient réellement démasqués, et ils se firent plus calmes et silencieux.

Ce qui n'échappa pas au vieil inspecteur.

Il se mit à rire sournoisement, prêt à en découdre.

Malheureusement pour lui, il y avait une chose qu'il ne savait pas.

Il croyait qu'il pourrait faire face à ces hommes, quel que soit leur but réel.

Mais il ne savait pas qu'en fait, il avait cherché des poux à des gens contre lesquels il n'avait absolument aucune chance...

Kumadani était en route pour leur véhicule.

Il voulait demander confirmation au central.

Eux se chargeraient d'appeler l'entreprise et de vérifier les emplois du temps,

pour lui donner ensuite les résultats.

Et comme ça, lui et Ôishi seraient fixés.

Quartier Général

— Quartier Général à Bouscarle Chanteuse 1.

Vous avez l'autorisation de tirer.

Bouscarle chanteuse 7

— Bouscarle Chanteuse 7, cible en vue.

Bouscarle chanteuse 8

— Bouscarle Chanteuse 8, cible en vue.

Kumadani avait maintenant la main sur la poignée de la portière ; le rayon infrarouge de visée était toujours parfaitement pointé sur sa tête.

Mais le cran de sécurité qui avait jusqu'à présent préservé sa vie n'était plus en place.

Un index vint se placer sur la détente.

La main était gantée, mais le gant était découpé de façon à laisser seul l'index dépasser librement.

Le doigt sortant de ce gant était sans pitié.

Il lui suffirait d'une légère flexion pour détruire la vie à l'autre bout de la ligne de mire.

Bouscarle chanteuse 1

— Bouscarle Chanteuse 1 aux unités de tir, tous les indicateurs sont au vert, vous pouvez y aller.

Kumadani eut l'impression d'entendre un petit bruit, très court.

Il avait entendu un bruit semblable il y a très longtemps, c'était celui des cordes en nylon quand elles fendaient l'air.

Ce fut sa dernière pensée consciente avant de passer de vie à trépas.

Il tomba comme une masse sur les graviers du sol,

et ne bougea plus.

Même pas un spasme, plus rien du tout.

Ôishi

— ... Hgg... *kheu* aahhhh...

Ôishi avait eu la poitrine transpercée et était tombé au sol sur le dos.

Son sang avait rempli ses poumons, et il se mit à le vomir.

Ôishi ne voyait plus droit vers l'horizon. Il comprit seulement qu'il s'était fait tirer dessus.

Un homme en tenue de travail entra dans son champ de vision et sortit une arme pour la braquer sur lui, mais c'était le dernier de ses soucis...

Commissariat d'Okinomiya

— Central d'Okinomiya à Ôishi.

Nous avons trouvé le numéro. ...

Ôishi, à vous.

... ... Ôishi, répondez, s'il-vous-plaît.

Bizarre…

Commissariat d'Okinomiya

Les ondes passent pas ?

Ôishi, répondez.

Commissariat d'Okinomiya

— Il ne répond pas.

Détective

— Ôishi a demandé une plaque ?

Mais à qui ?

Commissariat d'Okinomiya

— La voiture appartient à un habitant du village.

Une personne tout à fait normale.

Détective

— Probablement que non,

Ôishi est pas du genre à demander les numéros de plaques de n'importe qui.

Commissariat d'Okinomiya

— La colonne des notes particulières est vide,

et le numéro est pas classé S.

Et elle a tous ses points de permis.

Détective

— Hahahaha, je parie qu'elle lui a parlé de travers pendant la fête et qu'il est encore énervé contre elle !

Ôishi est pas rancunier, mais il a une bonne mémoire quand il veut !

Bouscarle chanteuse 1

— ... Bouscarle Chanteuse appelle le Quartier Général.

Les deux cibles sont éliminées.

Poursuivons les opérations.

Quartier Général

— Ici le Quartier Général, bien reçu.

Faites très attention quand vous vous débarrasserez du véhicule.

Mon Commandant, l'unité Bouscarle Chanteuse a éliminé les deux policiers. Ils poursuivent l'opération.

Takano

— Bonne nuit, Inspecteur Ôishi.

C'est dommage, vraiment, vous étiez si près du but !

Hmpfhfhfhf...

Je peux avoir un autre café ?

Phénix 4

— Je vous en prie.

Phénix 4

En tout cas, la situation est devenue préoccupante.

Phénix 4

Il y a toujours des policiers en faction et d'autres civils chez R.

Phénix 4

... C'est comme si elle avait deviné qu'elle se ferait assassiner ce soir.

Phénix 4

Il y a forcément une taupe parmi nous qui a laissé filtrer des informations.

Phénix 4

Vous êtes sûre que vous ne voulez pas repousser l'opération ?

Takano

— Non, son corps doit être retrouvé demain matin.

Les ordres viennent de très, très haut, c'est la seule date qui passe pour maquiller l'opération.

Nous n'avons pas le choix, nous devons mener à bien cette mission.

La mort de Rika Furude -- et ce qu'il se passait après -- était la partie la plus importante de l'opération finale.

On ne pouvait pas la tuer n'importe quand,

il fallait calculer le meilleur moment pour le faire, et la fenêtre était ténue.

Phénix 4

— Vous pensez qu'elle aurait eu des soupçons à cause de la protection trop importante que nous lui avons accordée ?

Takano

— ... Non, vous n'y êtes pas du tout.

Takano

Il n'y a eu aucune fuite.

Takano

Elle l'a simplement su, elle l'a prédit.

Takano

Elle a su me détailler la mort de Tomitake et me donner des détails spécifiques sur le corps qui me servait de couverture, alors que même moi je n'étais pas au courant.

Takano

Cette petite fille est la reine mère.

Takano

Elle est un être surnaturel placé en maître absolu sur le village, à la fois reine, prêtresse, et descendante directe de la déesse Yashiro.

On ne peut pas tromper un dieu, donc forcément, le Destin lui a été révélé.

Takano

J'aurais dû me douter qu'il serait absolument impossible de tuer Rika Furude sans se faire démasquer.

Ahahahaha, d'accord, Rika, très bien, comme tu voudras.

Takano

Battons-nous l'une contre l'autre pour savoir qui est digne d'hériter des légendes de la déesse Yashiro.

Takano

Ta mort viendra mettre un point d'orgue à la malédiction de la déesse Yashiro, et deviendra en soi le grand final des légendes du village.

Takano

Et le scénario que j'ai imaginé deviendra alors un exemple concret de la véritable malédiction.

Hmpfhfhfhfhf, ahahahahaha !

Il était désormais 20h passées.

En fin de compte, Mion avait commandé à manger pour tout le monde et mis la facture sur les comptes du clan.

Elle avait pris aussi à manger pour les quatre policiers en faction, et nous avions tous commencé à manger qui des nouilles udon, qui des nouilles sautées, qui des bols de viande.

Il avait été prévu de nous séparer après la discussion avec Ôishi, mais celui-ci n'était toujours pas arrivé.

Comme nous savions tous qu'il n'était pas censé ne pas venir, tout le monde prenait son mal en patience.

Et puis, l'heure avait son importance.

À Hinamizawa, il n'y avait quasiment aucun endroit où acheter des repas tout faits.

Il s'était sûrement arrêté en route pour manger un morceau.

Par contre, nos quatre amis policiers étaient moins décontractés.

Ils avaient une famille et n'avaient reçu aucune indication sur l'heure à laquelle ils seraient relevés. Ôishi ne leur avait rien dit ce matin.

Selon toute vraisemblance, Ôishi viendrait avec des renforts pour les remplacer.

Ils appelèrent le commissariat, mais n'apprirent pas grand'chose. Ôishi avait prévenu qu'il irait directement à Hinamizawa en rentrant de Gifu.

Le chef de section leur demanda de rester sur place jusqu'à son arrivée.

Rena

— ... Il est en retard, quand même.

Mion

— Bah, sûrement pris dans les embouteillages.

Il est parti à l'heure des retours du boulot, tu sais.

Satoko

— Certes, mais ses hommes sont ici depuis ce matin.

Il serait temps de les remplacer, les pauvres.

Keiichi

— Ouais,

c'est pas facile de bosser quand on ne sait pas l'heure à laquelle ça va finir.

Shion

— On peut leur demander de se reposer et monter la garde entre-temps, aussi.

Satoko sait poser des pièges, ça devrait déjouer toute attaque surprise.

Satoko

— Ooohhohhohho !

Ma chère, vous êtes bien naïve.

Vous êtes ici en notre demeure, voyons !

Vous devriez vous douter qu'il y a déjà de très nombreux pièges de posés dans les environs !

Rena

— Ah bon ?

Mais alors, il faudra faire attention où je mets les pieds en rentrant...

Une fois le ventre bien rempli, nous redevinmes disposés à engager la conversation.

Oh, bien sûr, il était très dangereux de relâcher notre attention, mais nous étions persuadés que l'inspecteur serait là sous peu, ce qui rendait peu enclin à monter la garde.

... Mais il était indéniablement en retard.

Il était un homme de parole, s'il disait “à dans une heure”, vous pouviez être sûr de le voir débarquer une heure après.

Mion restait persuadée qu'il était bloqué dans les embouteillages, mais ce n'était pas mon avis.

Il m'avait sûrement dit une heure parce qu'il pensait que même avec le trafic,

il serait là dans une heure.

Il avait donc maintenant presque une heure de retard par rapport à ce qu'il m'avait annoncé.

Oui, peut-être qu'il avait fait une pause pour manger sur la route, mais à vrai dire, je pensais à cela plus pour me rassurer qu'autre chose...

Mais vers 23h, il fallut se rendre à l'évidence.

Il n'était toujours pas arrivé.

Les policiers en factions avaient beaucoup de mal à rester concentrés.

Quelques-un restèrent sur la place du sanctuaire, à fumer pour tromper leur ennui.

Mais mes amis aussi avaient du mal à tenir.

Satoko bâillait à s'en décrocher la mâchoire.

En temps normal, nous serions couchées depuis bien longtemps.

Les autres aussi étaient fatigués. Peu à peu, chacun se mit à discuter moins et à s'occuper avec des activités plus silencieuses. Certains regardaient la télé, d'autres lisaient.

Moi, aussi, la nervosité m'avait lessivée. La fatigue menaçait de me faire oublier complètement que j'étais censée être assassinée aujourd'hui.

Bientôt, cette journée finirait.

Le jour de ma mort prendrait fin, mais sans ma mort.

Je n'étais pas sûre de pouvoir dire que j'avais vaincu le Destin simplement en survivant pendant un jour de plus.

Au contraire, il me faudrait continuer à me battre, demain, après-demain, et tous les jours encore.

J'aurais dû normalement chercher ce soir avec l'inspecteur Ôishi le meilleur moyen d'organiser ce combat.

Mais sans lui, je ne voyais vraiment pas ce que je pourrais faire...

Le silence de la soirée fut brisé par la sonnerie déchirante du téléphone.

Keiichi

— Tu crois que c'est M. Ôishi ?

Rika

— ... Allô, ici Rika Furude.

Komiyama

— Ah, désolé de vous déranger aussi tard. Je suis l'inspecteur Komiyayama, du commissariat d'Okinomiya.

Est-ce que l'inspecteur Ôishi est là ?

Rika

— ... Non,

nous l'avons attendu toute la soirée, mais il n'est pas encore arrivé.

Komiyama

— Je vois...

Komiyama

Très bien, alors j'aurais juste un message, que j'aimerais faire passer aux agents déjà en place chez vous. Dites-leur que je suis en route avec des renforts pour les remplacer, et qu'ils pourront bientôt rentrer chez eux. Je peux compter sur vous ?

Rika

— ... Oui. Oui, bien sûr.

Mais... où est Ôishi ?

Komiyama

— La dernière chose qu'il nous a dit était qu'il irait directement chez vous. Je dois dire que nous pensions tous qu'il était chez vous à discuter comme une pipelette, sans faire attention à l'horloge.

Komiyama

J'étais censé le remplacer, lui et les hommes déjà là-bas, à son retour de chez vous, mais il commence à se faire tard et je n'ai pas eu de nouvelles...

J'avais envie de poser les questions et d'obtenir mes réponses, mais après tout, il ne me servirait à rien de m'engueuler avec lui au téléphone.

Je lui assurai de faire passer son message et raccrochai.

Apparemment, mes amis avaient suivi notre conversation.

Satoko

— Je me demande bien ce qu'il a pu se passer.

C'est une chose que d'être en retard, mais encore faut-il savoir faire preuve d'un minimum de décence...

Mion

— Vous croyez qu'il a eu plus urgent à faire et qu'il est coincé quelque part ailleurs ?

Rena

— Non, il aurait appelé pour nous prévenir.

Il nous avait appelé pour nous annoncer son arrivée.

S'il lui arrive un truc et qu'il sait qu'il sera plusieurs heures en retard, alors il appellerait.

Keiichi

— Vous croyez que Tôkyô l'a attaqué ?

Shion

— Allons bon, eh ! Ahahahahahahaha !

Shion

Nan, je voudrais bien te charrier, mon cœur, mais si Tôkyô est aussi dangereux que nous l'a dit Dame Rika, alors ce n'est pas impossible. C'est assez flippant de ne pas pouvoir se dire que ça doit forcément être autre chose.

Mion

— ... Il a sûrement eu un imprévu.

Mion

C'est pour ça qu'il n'a pas pensé à nous appeler.

Mion

Vous savez, c'est un adulte majeur et vacciné, et pas n'importe qui, il est très balèze, Ôishi.

Mion

Ils ne pourront pas le supprimer aussi facilement, c'est moi qui vous le dis !

Satoko

— Oui, eh bien en attendant, il pourrait se hâter...

Haaaaaaaw......

Satoko poussa à nouveau un bâillement formidable.

Les autres éclatèrent de rire, mais je vis bien l'un ou l'autre essayer de s'empêcher de bâiller aussi.

Nous ne pouvions pas rester éternellement éveillés.

Il fut décidé d'en rester là. Les autres rentreraient chez eux lorsque la relève policière serait sur place.

Je pense que j'ai dépassé l'heure à laquelle j'aurais dû mourir.

Et je suis sûre que c'est grâce aux policiers qui ont monté la garde que cela a été rendu possible.

Ou bien alors, Takano et les chiens de montagne sont vraiment de mon côté et m'ont protégée, eux.

Je ne saurais pas trop dire qui avait influé sur le cours des événements.

Ou bien alors, rien n'était encore fait. Ma mort surviendra seulement plus tard.

En tout cas, quelle que soit l'équipe à qui je devais ce résultat, j'étais pour l'instant bien vivante, et c'était tout ce qu'il m'importait.

Après une longue attente, nous finîmes par entendre le crissement de pas sur les graviers de la cour du sanctuaire.

Quelqu'un dit que c'était Ôishi, mais je n'y croyais pas.

Si jamais je m'imaginais que c'était lui et que ce n'était pas lui, je...

Eh, mais ? Je pense comme Hanyû, maintenant ! Rah, c'est pas vrai...

Komiyama

— Bonsoir, je suis l'inspecteur Komiyayama.

J'arrive de ce pas du commissariat d'Okinomiya.

Finalement, ce n'était pas Ôishi, mais deux de ses collègues.

Ils vinrent se poster dans le rez-de-chaussée chez nous, et les quatre policiers en place depuis ce matin purent enfin rentrer chez eux.

D'ailleurs, les policiers enjoignirent tous mes amis à rentrer chez eux aussi.

Komiyama

— Nous sommes là, désormais, et nous prenons les choses en mains.

Je vous en prie, rentrez chez vous, vos familles doivent commencer à s'inquiéter.

Rika

— ... Merci pour tout, les amis.

La Police est là maintenant, je pense être en sécurité.

Mion

— Tu es sûre que ça ira, toi ?

On peut dormir ici aussi, si tu veux !

Rika

— Non, merci.

De toute manière, je n'ai pas de couette supplémentaire à vous offrir.

Rena

— Bon, eh bien alors, à demain.

Il faudra faire en sorte de venir chez toi le plus souvent possible désormais.

Je propose que l'on fasse les jeux du club chez vous !

Satoko

— Oh, mais ce serait formidable, oui !

Rika

— ... Miaou.

Mon pauvre plancher, vous allez me casser le sol si jamais nous jouons à l'intérieur...

Keiichi

— Ahahahahahaha, c'est clair !

Shion

— Bon, eh bien alors bonne nuit, Dame Rika.

Faites très attention à vous.

Essayez de ne jamais rester seule dans l'obscurité, si possible, d'accord ?

Rika

— ... Oui, je ferai attention.

Rena

— Allez, salut !

À demain.

Rika

— Oui.

À demain.

À demain.

Je me demandais franchement si effectivement, je les reverrais.

Même maintenant, si tard le soir, je ne savais toujours pas à quoi m'en tenir.

En un peu plus de cent ans, j'avais déjà un peu tout vécu et tout essayé.

La plupart du temps, j'avais déjà vécu telle ou telle chose dans un autre monde, alors je savais à quoi m'en tenir.

Mais c'est justement pour ça que le jour de ma mort me faisait toujours peur. Comme je perdais mes derniers souvenirs, je ne savais jamais ce qu'il allait se passer...

Je ne savais même pas si j'avais échappé au Destin ou non.

Tout ce qui paraissait certain, c'était que mes nuits d'angoisses allaient être longues, et ce, jusqu'à obtenir la certitude d'avoir passé le danger...

Alors que je me préparais à aller au lit, Satoko m'arrêta et déclara qu'il valait mieux dormir tout habillées au lieu de mettre nos pyjamas.

Elle pensait qu'il serait plus facile de fuir si jamais l'on nous attaquait pendant notre sommeil.

Je trouvais qu'elle exagérait vraiment, mais après tout, c'était sa manière à elle de me prouver qu'elle s'inquiétait pour moi.

Je décidai de suivre son conseil sans rechigner.

Elle avait été si fatiguée à peine quelques minutes auparavant, mais maintenant, elle m'expliquait avec assurance que de très nombreux pièges étaient posés un peu partout autour des bâtiments du temple,

et que nous saurions immédiatement si des gens essayaient de pénétrer de nuit dans le sanctuaire.

Alors oui, elle se vantait beaucoup avec ses pièges, mais je pense surtout qu'elle essayait de me rassurer.

Elle avait forcément dû remarquer mon air anxieux lorsque les autres étaient partis.

Elle faisait ce qu'elle pouvait, les autres aussi avaient tenté de me rassurer.

Finalement, j'avais eu bien raison de leur en parler.

Même si au final, cela ne changera peut-être quand même rien à mon sort.

Hanyû

— ... ... Rika ?

Hanyû avait réapparu.

Elle avait l'air sombre, comme toujours. Elle pensait que j'allais me faire tuer d'un instant à l'autre, je pouvais le lire sur son visage.

Pour ma part, je commençais justement à me calmer, à dire vrai.

Peut-être que je mourrai demain au lieu d'aujourd'hui, la différence était bien maigre, mais au moins, j'avais l'impression que cette nuit serait calme.

Alors, c'est vrai que l'absence de l'inspecteur Ôishi ce soir était inquiétante.

Mais d'autres policiers étaient venus à sa place. Et ils passeraient toute la nuit à veiller dans le local, au rez-de-chaussée.

Donc tant qu'ils seront là, je pourrai dormir tranquille.

Rika

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Tu as faim, peut-être ?

Il n'y avait pas beaucoup de sucreries dans le repas du soir, c'est vrai.

Je peux boire du jus d'orange, si tu veux ? Il doit en rester dans le frigo.

D'habitude, elle adore le jus d'orange, elle se réjouit toujours quand je lui dis que je veux en boire.

... Et pourtant, elle n'eut aucune réaction.

Son visage était pâle, blafard même.

Elle avait un air grave, sérieux...

non, dévasté sur le visage.

Elle n'était absolument pas dans son assiette, quelque chose clochait.

Rika

— Alors, dis-moi ! Qu'est-ce que tu as ?

Hanyû

— ... C'est... C'est bientôt l'heure, Rika.

C'était plus qu'une annonce fracassante, c'était une déclaration solennelle.

Pourtant, Hanyû aussi perd ses souvenirs les plus récents lorsque nous changeons de monde.

Donc normalement, il n'y a aucune raison pour qu'elle sache quand nous allons mourir.

Et pourtant, elle avait l'air formelle.

Peut-être que quelque part, les cellules de notre corps s'en souviennent.

Peut-être qu'elles savent mieux que nous ce que notre Destin nous réserve...

La confiance que j'avais ressentie ce soir, ce sentiment de pouvoir m'en sortir si tous les autres m'aidaient, se dégonfla comme une bouée percée.

Il ne me servait plus à rien de m'y agripper, je réussissais à peine à me maintenir la tête hors de l'eau, manquant à chaque instant de me noyer dans la mer de mon désespoir.

Non, non, je ne dois pas me laisser emporter par mes émotions !

Il faut y croire, y croire !

Rika

— ... Ne t'en fais pas, Hanyû.

Je compte bien me défendre.

Même si je devais me faire tuer demain, au moins, je ne mourrais pas ce soir !

Hanyû

— ... ...

Hanyû ne fit que me dévisager d'un œil triste, le regard morne.

Comme si mon attitude positive ne lui faisait que plus mal, au vu de ce qu'il allait bientôt se passer.

Je tournai le regard vers Satoko, qui me parlait encore de ses pièges si merveilleux.

Si je suis censée mourir très bientôt, dans les instants qui viennent, alors elle aussi est en danger.

Je finis par lui demander gentiment d'arrêter un peu de se vanter.