Keiichi

— Même aujourd'hui, quand il y a un détail bizarre, il m'arrive de me demander s'il n'y a pas une aiguille quelque part.

Mais c'est juste dans ma tête pendant quelques secondes, c'est tout !

Keiichi

Et puis, je vais pas non plus passer vos repas au peigne fin avant de me servir quand vous m'en proposez, ce serait très malpoli.

Keiichi

Et d'abord, je sais que vous n'êtes pas du genre à cacher des aiguilles dans la nourriture, c'est trop dangereux. Alors du coup, je me sers sans me soucier de ma peur.

Rika

— ... Mais vous avez quand même un peu peur, donc ?

Keiichi

— Hmmm...

J'imagine que si je n'arrive pas à l'oublier, c'est que quelque part, j'en ai encore un peu peur.

Rika

— ... Et donc ?

Dans les gâteaux qu'elle vous avait ramenés…

Vous en avez trouvé une.

...

Rika

— … Il y avait une aiguille à l'intérieur, n'est-ce pas ?

Keiichi

— ... Oui.

Oui, il y en avait une, effectivement.

Comme je l'avais pressenti,

j'avais senti la présence d'une aiguille en prenant une bouchée.

... Mais pourquoi est-ce que je prends cette histoire au sérieux ?

Je ne suis pas encore tombé malade à Hinamizawa. Ni Mion, ni Rena ne peuvent être venues me rapporter des gâteaux.

C'est une erreur, un dysfonctionnement de mon cerveau.

Mais ça n'avait pas l'air de convaincre Rika.

Elle voulait toujours en savoir plus.

Rika

— Keiichi, avez-vous peur de trouver une aiguille dans ces gâteaux-ci aussi ?

C'est pour ça que vous n'y touchez pas ?

Je remarquai soudain que Rena et Mion nous observaient.

Elles avaient l'air de se demander pourquoi je regardais le gâteau en tirant une tête pareille.

Mion

— ... T'aimes pas les gâteaux de riz, p'tit gars ?

Te force pas, hein, c'est pas grave...

Non, Mion, ce n'est pas ça.

Elle avait l'air de s'en vouloir, comme si elle m'avait forcé à manger un truc dont je ne voulais pas.

Je ne sais pas ce qu'il y avait dans son regard, mais ça m'a fait mal au cœur.

Shion

— C'est parce qu'il te connait, il sait que tu a mis une saloperie dedans pour lui faire une crasse !

En entendant sa sœur parler, j'ai automatiquement répondu.

Je savais que personne ne comprendrait.

Même moi, je ne savait pas trop ce que je voulais dire par là...

Keiichi

— Non, non, je peux affirmer sans hésiter que dans ceux-là, il n'y a pas d'aiguilles.

Mion

— Des aiguilles ?

Mais t'es pas bien dans ta tête !? Non mais tu me prends pour qui ?!

Keiichi

— Hahahahaha ! Ouais, je sais.

Keiichi

Je veux dire, t'es pas du genre à venir comme une jeune fille en fleur toute dévouée.

Keiichi

Si tu ramènes quelque chose, tu le fourres au tabasco ou tu mets de la harissa dedans, je sais pas, moi.

Keiichi

Mais pas une aiguille. Tu sais que s'il y a un accident avec, ce sera fini de rigoler.

T'es pas du genre à faire ce genre de conneries.

Je saisis le gâteau dans une main.

Alors que je le portai à ma bouche, la peur, enfin, m'envahit. Pendant un court instant, je fus incapable de refermer la bouche.

Alors, je décidai de mettre les points sur les i avec moi-même, une fois pour toutes.

Hé, ducon !

Tu comptes te pisser encore longtemps dans le froc ?

Tu crois pas qu'il serait temps de passer à autre chose ?

Ce gâteau, il vient de Mion ! T'as pas à en avoir peur ! Il n'y a rien de louche dedans !

Je mordis à pleines dents, prenant une très grosse bouchée.

Keiichi

— ... ... Fmuh ? Mais ils sont super bons, tes gâteaux !

Mion

— J'espère bien, eh, l'autre !

Alors, cette aiguille, tu l'as trouvée au moins ?

Keiichi

— Non, j'ai rien vu.

Faut croire que t'en avais vraiment pas mise, alors.

Désolé, j'ai été un peu con sur ce coup-là.

D'un seul coup, je ressentis à nouveau quelque chose.

Du plus profond de moi, une phrase retentit dans mon cerveau.

Elle n'avait pas de rapport direct avec la conversation, mais je sentais que c'était ce que je devais dire, maintenant, absolument.

Keiichi

— Eh, Mion ?

Mion

— Hmm ? Quoiquigna ?

Keiichi

— Tes gâteaux... Ils étaient super bons.

Mion

— ...

Mion

Ben tant mieux, alors ! Ça valait le coup de prendre un sac aussi lourd !

Je n'étais pas trop sûr de savoir pourquoi je devais le dire.

Mais apparement, Mion avait compris le message.

Et alors, enfin, ma nervosité disparut, et je me sentis nettement mieux.

Shion

— Allez, allez, Satoko !

Regarde, prends exemple sur Keiichi ! Mords dans le potiron, un tout grand morceau !

Ne t'inquiète pas, je l'ai fait cuire pendant longtemps, la chair est toute tendre !

Satoko

— Décidément, très chère, vous faites une fixation sur cet aliment ! Il y en a dans tous vos repas !

Vous voulez me traumatiser, ma parole !

Rena

— Ahahahaha !

Eh bien alors, Shii, tu te donnes vraiment du mal pour lui enlever ses mauvaises habitudes !

Mion

— Oui, elle met beaucoup de cœur à la tâche !

C'est comme si elle se prenait déjà pour sa belle-sœur ! Héhéhéhé...

L'ambiance ne mit vraiment pas longtemps à retourner à la normale.

Rika

— ... Keiichi,

imaginons.

Keiichi

— Hein ?

Imaginons quoi ?

Rika

— Imaginons que vraiment, il y ait une aiguille dans l'un des gâteaux.

Vous feriez quoi ?

Keiichi

— Ça n'arrivera pas, Rika.

Pas la peine d'essayer, tu ne me feras pas peur.

Rika

— … Keiichi.

J'ai dit IMAGINONS que tu en trouves quand même une.

Elle, me tutoyer ? Elle n'était vraiment pas d'humeur à rigoler aujourd'hui, ma parole.

Elle était d'ailleurs encore une fois toute sérieuse en me regardant.

Keiichi

— T'es pénible, tu sais.

Je t'ai dit que ça n'arriverait pas. Je n'y croirai plus.

J'en avais terminé avec mes peurs de gosse.

Et j'en avais marre de ses questions, alors je lui répondis sur un ton un peu plus sec.

Rika

— ... ... Bon, d'accord, très bien.

Rika

Keiichi, je...

Rika

Désolée d'avoir insisté.

Rika

Mais si jamais vous en trouvez une, fermez les yeux et concentrez-vous. Vous verrez bien que ce n'est que votre imagination qui vous joue des tours.

Rika

Mii n'est vraiment pas du genre à faire des mauvaises blagues dangereuses.

Keiichi

— Donc en gros, tu veux que je lui fasse toujours confiance ?

Ben j'espère bien, ma grande ! Je ne remets jamais mes amis en question !

Je ne doute jamais d'eux !

Je lui montrai mon poing pour lui prouver à quel point j'étais sérieux.

Elle le regarda un moment, puis finit par sourire.

Elle avait l'air presque... rassurée.