Je pensai d'abord lui donner un indice,

mais décidai finalement de croire en lui.

La dernière fois que j'avais vécu cette scène, Keiichi avait donné la poupée à Rena.

Mion avait accusé le coup, mais s'était tue. Et finalement, c'était ce qui avait déclenché la tragédie.

Normalement, si je n'intervenais pas, tout devrait se passer de cette manière.

Mais j'étais sûre que Keiichi s'en était bien voulu, par la suite, dans l'autre monde.

Qu'il avait beaucoup regretté cette mauvaise décision.

Même si son cerveau ne pouvait pas en avoir le souvenir... Son âme, elle, savait peut-être ce qu'il ne fallait pas faire.

C'était le pari que je devais faire. Je devais croire en lui.

C'est pourquoi je me tus,

et j'attendis son choix...

Après avoir jaugé Mion, puis Rena…

Keiichi se décida enfin à dire quelque chose.

— Mion, dis voir, si moi je passe pour un détraqué avec cette poupée, à qui je pourrais la refiler ?

T'sais pas ?

— Co-co-comment veux-tu qu'je l'sache ?

Moi je dis juste que c'est pas un truc pour un garçon, c'est tout, hein ?

— Ah ouais ? Ben alors tu sais quoi, t'as le droit de te démerder avec.

Attrape !

Keiichi lança la poupée vers Mion comme un ballon de basket, la lui plaçant de force dans les mains.

Comme si, après un gage, il lui avait refilé son cartable pour le lui faire porter.

Le visage de Mion devint tout rouge.

Keiichi lui tourna le dos, toussant pour se redonner une contenance.

Encore une fois, je restai sidérée.

Keiichi avait à nouveau accompli un miracle.

Alors qu'il n'avait aucun souvenir des autres mondes !

Il avait réussi à obtenir un résultat différent,

malgré les mêmes conditions de départ.

— ... ... ... Keiichi...

— Rika, attends, ne t'emballe pas trop vite.

Ce n'est peut-être lié qu'à une probabilité.

On peut comparer l'inexorabilité du Destin à la résolution d'une volonté. Si la “faiblesse” de Keiichi lui faisait choisir Rena, “parce qu'il prendrait trop la honte à la donner à Mion”, alors forcément, cela impliquait l'existence d'un autre choix, lorsque Keiichi aurait plus de volonté.

Mais je ne pensais pas que cela était lié à une quelconque variable ou probabilité.

Je suis sûre que sans le savoir, il se souvient. Que si lui ne sait pas, son âme, elle, a grandi, et saura le guider.