Le temple des reliques sacrées du sanctuaire Furude renfermerait entre autres un objet très précieux.
On le surnomme “le trésor interdit”. Son vrai nom est “Le cerisier pleureur pourfendeur de démons”.
Il y a fort longtemps,
à l'époque des dieux, lorsque la terre était encore considérée comme “un monde chaotique” de par la cohabitation forcée entre humains et démons, il y a fallu employer cette épée magique pour terrasser la divinité maléfique qui était la source de tous ces désordres.
Cela fait maintenant environ mille ans que personne n'a vu cette épée.
La légende raconte que l'épée a été placée à l'intérieur de la statue de la déesse Yashiro gardée dans le temple des reliques sacrées.
La statue ayant été scellée lors de sa construction, l'épée sera inaccessible tant que le culte de la déesse Yashiro sera perpétué. Cette épée est considérée comme un objet de culte interdit.
De plus, l'existence-même de cette épée n'est consignée que dans certains parchemins religieux tous mis au secret.
Autant dire qu'hormis le chef de clan ayant fondé la lignée des Furude, quasiment personne n'a été au courant de son existence, depuis maintenant plus de mille ans.
Plusieurs anciens parchemins mis au secret décrivent cette épée comme “pareille à un saule laissant tomber ses branches”.
Quelques prêtres et prêtresses de la lignée des Furude ont laissé des illustrations à l'encre d'après leur imagination,
mais elles sont toutes bien différentes les unes des autres -- ce qui tend à prouver qu'elles sont toutes fantasmées et que personne n'a vu le modèle réel.
La légende raconte qu'une jeune fille pure nommée Ôka aurait eu une révélation divine qui lui aurait intimé l'ordre d'éliminer la source du chaos.
C'était une divinité maléfique qu'aucune épée humaine ni qu'aucune épée démoniaque ne pouvait blesser.
Il lui fallait donc une arme ni entièrement humaine, ni entièrement démoniaque.
Une arme que seule une personne étant à la fois un humain et un démon pourrait utiliser.
(*Des sources innombrables disent que les anciens habitants de Hinamizawa étaient mi-hommes, mi-démons,
mais historiquement, la première personne que l'on pense être née d'un humain et d'un démon est justement Ôka Furude -- qui aurait vécu plus de mille ans auparavant, aucune date précise n'est avancée. D'ailleurs, le texte de cette légende est le seul indice qui laisse entrevoir cette caractéristique.)
Les cieux donnèrent à Ôka un sabre magique.
Celui-ci ressemblait à une branche de saule pleureur.
Elle était divisée en trois, représentant l'harmonie entre le monde des cieux, celui de la terre, et celui des êtres humains. C'était le symbole de l'union entre les dieux, les démons et les humains.
Ôka se rendit aux abords des marais où se cachait la divinité maléfique et la terrassa grâce à son sabre divin.
(*Selon la source, les écrits diffèrent énormément sur ce point.
L'un parle de “punir”, l'autre de “chasser”, un autre dit simplement “rabrouer”. On ne sait presque rien de ce qu'il advient de la divinité maléfique par la suite.
La source la plus ancienne dit que “le sabre lui trancha les cornes”, mais cette description est absente de tous les autres parchemins.)
Le sabre divin fut sacralisé et par la suite obtint le nom de “cerisier pleureur pourfendeur de démons”.
Mais Ôka plaça le sabre au plus profond du temple et cacha son existence pour l'éternité.
(*Certains pensent que puisque cette arme était un lien tangible entre les humains et les dieux, elle était trop importante pour rester en ce monde et devait être éloignée des hommes, qui auraient été trop tentés par son immense pouvoir.
Mais rappelons aussi qu'Ôka était probablement la propre fille de la divinité maléfique qu'elle avait terrassée. Il lui fallait donc bannir l'arme du parricide.)
Certains pensent aussi que dans les premiers temps du culte de la déesse Yashiro, la divinité à qui l'on vouait le culte était en fait cette divinité maléfique de la légende.
Elle était la source du désordre, du malheur et du chaos.
On pense qu'au début, les êtres humains décidèrent de lui vouer un culte pour tenter de lui ôter le besoin de montrer sa puissance en s'incarnant dans leur monde.
(*C'est une sorte de culte sataniste.
Au lieu de lui demander santé ou protection, les fidèles tentent de l'apaiser et d'éloigner d'eux sa malédiction. Cela se recoupe avec le culte actuel de la déesse Yashiro.
Mais cela s'éloigne du culte constaté sur une période plus proche de nous, dans laquelle la déesse devient la protectrice du village, allant même jusqu'à accorder amour ou fécondité.)
C'était une façon de penser dans laquelle les humains avaient le beau rôle. Tous leurs malheurs et leur discorde venaient d'une entité extérieure : la déesse Yashiro.
Puis, lentement mais sûrement, la légende a changé, pour arriver à la forme que l'on lui connaît aujourd'hui : celle qui prône une déesse facilitant l'harmonie entre les deux peuples.
Mais à notre époque, la plupart des écrits concernant les premiers temps du culte de la déesse Yashiro sont considérés comme confidentiels -- et en particulier tous les parchemins laissés par le fondateur du sanctuaire.
L'image contemporaine d'une personne pleine de compassion et de miséricorde qui aurait été élevée au rang de déesse ne correspondait pas à l'image qu'en donnaient les premiers parchemins -- celle de la mère de tous les maux.
On pense que c'est à cause de cela que les prêtres à la tête des Furude ont dû cacher ces rouleaux -- il devenait trop difficile de prêcher sa parole.
De plus, si ces vieux rouleaux disaient vrai, alors les Furude avaient sur leurs mains le sang de leurs propres ancêtres -- ce qui aurait dû en faire des parias, maudits sur plusieurs générations.
Oui, si ces rouleaux disaient vrai, alors le culte actuel de la déesse était quasiment l'opposé du culte fondé par les Furude il y a un millénaire.
L'un des chef de clan des Furude s'est permis, il y a quelques siècles de cela, d'écrire un message dans une partie vierge de l'un des parchemins interdits.
Le sabre de la légende, le cerisier pleureur pourfendeur de démons, est le symbole du crime des Furude et des péchés des êtres humains.
En ces temps reculés, les hommes n'étaient pas assez éclairés pour régler leurs problèmes autrement qu'en blâmant quelqu'un et en tuant cette personne.
C'est pourquoi le fondateur du sanctuaire Furude prit sur ses épaules toute la responsabilité du chaos et du désordre qui régnait en ce bas-monde, et ordonna à sa propre progéniture de lui ôter la vie, pour ainsi purifier le mal partout présent.
1 : La plupart des sources désignent Ôka Furude comme étant la prêtresse ayant fondé le sanctuaire, mais les sources les plus anciennes, elles, indiquent que c'est sa mère.
Le fondateur de la lignée et la divinité maléfique serait donc une seule et même personne, ce qui, pour les Furude, devait être une souillure terrible à vivre.
Il est très intéressant de constater que malgré cela, il ait existé un chef de clan pour reconnaître cet état de fait.
Si jamais d'aventure les humains devaient à nouveau se chercher un coupable et devenir des démons...
... Alors le culte de la déesse disparaîtrait, et des entrailles de la statue de la déesse, le sabre divin surgirait, éblouissant, étincelant.
Et cette résurrection pourra rappeler au clan des Furude le souvenir des fautes et des péchés qu'ils ont volontairement oubliés...
La divinité maléfique de la légende n'est-elle qu'un personnage imaginé,
ou était-elle une personne bien réelle ?
Certains rouleaux relatent que très rarement, il arrive qu'un enfant naisse avec des cornes de démon sur la tête. Ces enfants étaient appelés l'engeance du chaos et ils étaient systématiquement maltraités.
Ô toi, futur descendant des Furude qui lis ce parchemin !
En vérité, plusieurs rouleaux racontent la légende de la déesse, mais tous relatent des faits bien différents.
Pourtant, il te faudra ne pas te laisser berner par cet écran de fumée.
Car chaque rouleau, chaque parchemin, essaie, à sa manière, de te transmettre un élément essentiel sur ce qu'il s'est passé.
Réfléchis donc à ce qui a pu motiver Ôka Furude à sceller et à interdire à tout jamais l'accès au cerisier pleureur pourfendeur de démons.
Car c'est cette sagesse qui doit devenir la tienne pour remplir ton rôle en tant que chef de clan des Furude.