Keiichi

— Ah ouais carrément, c'est ça, l'école ?

La vache, on est à la campagne, ça se voit.

Ichirô

— Keiichi, ne te moque pas sans savoir.

Pour les élèves qui vivent ici, c'est une école, un point c'est tout.

Ce fut mon tout premier commentaire sur ma probable nouvelle école.

Déjà, c'était pas une école. La plaque à l'entrée disait :

Bâtiment des Eaux et Forêts de Hinamizawa

Directeur

— Ahahahahahaha !

Bah, oui, mon garçon,

que veux-tu, notre école doit louer ses locaux à l'administration de l'État, c'est comme ça !

Un homme qui se faisait appeler le directeur de cet endroit partit d'un grand éclat de rire.

Cie

— Peu importe le bâtiment, puisqu'il sert à la même éducation.

Je pense que nous avons des règles différentes des autres écoles où tu es allé, Maebara. Tu pourras t'en sortir ?

Keiichi

— Ah, euh, oui Madame !

On m'avait prévenu que tous les élèves de toutes les classes étaient dans la même salle, mais je n'y avais pas cru. Sauf qu'une fois arrivé sur place, eh ben en fait, ils s'étaient pas foutus de ma gueule, c'était vraiment ça !

Ils étaient presque tous plus jeunes que moi, donc l'ambiance avait un côté jardin d'enfants très prononcé, mais c'était plutôt rigolo.

En tout cas, c'était plus intéressant que de voir toujours les mêmes uniformes et les mêmes tronches de cake !

Cie

— Lorsque tu nous rejoindras ici, tu seras le plus âgé des garçons.

Cie

Il te faudra être assidû dans tes leçons, mais aussi montrer l'exemple aux plus jeunes.

Cie

Si tu leur montres des bêtises ou si tu te comportes mal, tu peux être sûr qu'ils feront comme toi.

Cie

Je fais très attention à ce genre de choses, alors fais toujours bien attention à ne pas devenir un mauvais exemple.

Keiichi

— Ah, oui, bien sûr Madame.

Je vais essayer.

Ichirô

— Keiichi,

les leçons ne se trouvent pas que dans les livres de classe, tu comprends ?

Parfois, il te faudra montrer aux autres le chemin.

Keiichi

— Ouais nan mais c'est bon, j'ai compris !

Plus tard, la maîtresse, une certaine Mme Cie, me ramena à nouveau dans la salle de classe, vide cette fois, pour me montrer mon pupitre.

À cause de la différence d'âge, il y avait des élèves de toutes les tailles.

C'est pourquoi dans la classe, je vis aussi des chaises sur lesquelles je ne tiendrais jamais, et d'autres bien plus grandes qui seraient parfaites...

Il y avait moins de trente places, ici.

Mais vu qu'il n'y avait aucune distinction, ça devait être un joyeux bordel.

Au mur, il y avait des leçons et des dessins pour tous les goûts et tous les âges.

C'était très différent de toutes les autres écoles que j'avais vues dans ma vie.

Ça me rappelait un peu l'époque où j'aimais aller à l'école...

Keiichi

— Papa,

je crois que ça me plaît, ici.

J'préfère venir ici plutôt que l'école en ville.

Ichirô

— Apparemment, mon fils préfère cette école.

Enfin, de toute façon, c'était chez vous que je voulais l'inscrire.

Cie

— Ah bon ?

Vous savez, l'école d'Okinomiya a bien plus d'équipements, et puis, il y a plusieurs professeurs.

La maîtresse disait ça, mais je voyais bien que ça lui faisait plaisir de m'accueillir ici.

Les adultes repartirent dans le bureau du directeur, pour régler la paperasse.

Pendant ce temps-là, je restai dans la classe à regarder les dessins au mur.

... En fait, moi, j'm'en foutais un peu de déménager.

Ce que j'avais fait était terrible, et franchement dit, la vie ne m'intéressait plus des masses.

D'ailleurs, depuis longtemps, j'avais bien du mal à me traîner hors du lit.

Quand mes parents m'avaient proposé de déménager,

je m'étais dit que ça ne changerait rien à ce que j'avais fait, que je n'allais pas repartir à zéro aussi facilement.

Mais depuis que nous étions ici, j'avais changé d'avis.

Je devais absolument essayer de repartir sur des bases saines.

Histoire de devenir celui que j'avais toujours espéré être.

Ici, dans cette école, ça devrait être possible.

Je ne me comporterai plus jamais comme un gamin capricieux.

Je ne me prendrai plus pour le roi du pétrole simplement parce que j'avais la meilleure moyenne de la classe.

En fait, j'avais complètement ignoré certaines des choses que seule l'école pouvait m'apprendre.

Et ici, à Hinamizawa, je savais que la leçon passerait mieux.

J'osais jamais le dire, tellement ça me faisait honte.

Mais c'était important.

Un adulte qui ne sait pas ça ne peut rien devenir de correct.

Et ici, j'étais sûr que les élèves savaient déjà ça, instinctivement.

Mais moi, je devais encore apprendre.

Je devais comprendre comment me faire des amis.

Comment m'amuser avec d'autres enfants.

Comment m'amuser tout court, d'ailleurs.

Apprendre à assimiler des choses qui ne se transmettent que par le jeu.

Apprendre à accepter les autres,

apprendre à perdre,

je sais pas, moi. La liste était longue.

Au premier abord, ça paraissait facile.

Mais je savais qu'il me faudrait du temps pour tout assimiler.

Jusqu'à présent, j'avais joué au singe savant. J'avais appris des tas de choses, toutes plus inutiles les unes que les autres.

Je ne dis pas que les leçons des livres de classe ne sont pas importantes, mais il ne faut pas non plus les prendre pour des écritures saintes.

Il ne faut pas croire que le plus important est de savoir apprendre, non plus, faut pas déconner.

En tout cas, dans cette école, je devrais pouvoir repartir à zéro.

Je deviendrai celui que j'avais voulu être...

Keiichi

— ... ... ?

Je vis les têtes de deux petites filles qui m'observaient à la fenêtre, depuis l'extérieur.

Elles avaient été en train de jouer dans la cour avec tous les autres, jusqu'à présent.

Peut-être qu'elles m'avaient vu tourner dans la classe.

En même temps, elles avaient raison de s'intéresser à ce que je faisais,

j'étais un intrus, j'étais suspect.

Je devrais peut-être leur dire que je serais dans cette classe à partir de lundi...

Rika

— ... Enfin, te voilà.

Je commençais à en avoir assez de t'attendre.

Hanyû

— Oh oui, oui oui.

Mais enfin, les choses vont changer.

Keiichi, c'est un 6 en puissance.

Rika

— ... Oui, c'est un 6, mais il lance souvent des 1.

Hanyû

— Mais oui, mais c'est pas de sa faute, à lui ! Keiichi n'y est pour rien !

Rika

— ... Le pire, c'est que t'as raison,

tout est de ta faute, Hanyû.

Alors excuse-toi !

Hanyû

— Méé euh, mais non, mais c'est pas juste !

Keiichi

— Euh...

Comment vous connaissez mon nom ?

J'avais pas rêvé, elles savaient toutes les deux comment je m'appelais !

Non, c'est pas possible...

c'est la première fois que je les vois... j'ai dû mal entendre.

Rika

— Nipah☆!

Salut, alors, bientôt chez nous ?

Keiichi

— Hein ?

Euh, ouais, ouais !

Salut,

moi, c'est Keiichi Maebara.

Je serai transféré ici normalement lundi prochain.

J'espère qu'on va s'entendre !

Hanyû

— Mais oui, mais oui !

Il faut qu'on soit amis !

Rika

— ... En l'honneur de votre arrivée, Keiichi, je vais vous faire une prédiction, en ma qualité de prêtresse du sanctuaire. Ouvrez grand vos oreilles !

Le jour de votre arrivée, le plus dur sera la porte d'entrée.

Rika

Faites attention en entrant, et aussi en vous asseyant, il pourrait y avoir des punaises dans votre dos, et aussi une grenouille dans votre pupitre.

Hanyû

— ... Et pourtant, tu tombes à chaque fois dans le panneau, Keiichi.

Tu me fais déjà de la peine pour lundi, mon pauvre, pauvre petit...

Rika

— Hmpf,

Rika

allons, c'est bien pour ça qu'il est intéressant.

Rika

Tu pourrais aussi briser les chaînes de ce destin-là de temps en temps, histoire de varier les plaisirs.

Rika

Héhé.

Rika

Tu nous apprendras.

Rika

C'est pas comme si tu savais pas le faire, hein ?

Keiichi

— Quoi ?

Mais de quoi vous parlez ?

Ce ne serait que le lundi d'après, à cause d'une petite peste avec des quenottes bizarres et une verve truculente mais délicieusement erronée, que je comprendrais qu'elles venaient toutes les deux de tenter de sauver mon honneur.

... Mais bien évidemment, je ne m'en rendrais compte que lorsqu'il serait trop tard.

Enfin, peu importait. Cette école me plaisait.

Je m'appelle Keiichi Maebara.

Je recommence tout à zéro, mais cette fois-ci, je veux y aller sans faire de concession !

J'ai oublié d'apprendre pas mal de choses,

mais je compte bien rattraper mon retard.

Et comme ça, je pourrai devenir celui que j'ai toujours rêvé être.

Il me faudra peut-être longtemps pour apprendre à le devenir.

Mais je me donnerai à fond jusqu'à y arriver !