Les heures auxquelles les malades de l'hôpital ont le droit de répondre au téléphone sont fixes.

Elle savait donc qu'il n'appellerait plus aujourd'hui.

Elle l'avait un peu provoqué hier, alors il avait sûrement dû hésiter encore et encore, avant de finalement rater sa chance de l'appeler.

C'était plus crédible que d'invoquer l'excuse de la surcharge de travail.

Elle savait bien qu'il était comme ça.

Yukie soupira en souriant.

Une musique se mit à résonner dans l'hôpital -- elle annonçait la fin des horaires des visites.

Elle vit plusieurs visages connus la saluer -- la famille de ses voisins de chambre.

Un petit garçon passa tout joyeux, impatient de voir sa mère sortir de l'hôpital. Son sourire l'émerveilla.

La mère du garçon était juste dans le lit à côté du sien.

Il aurait un frère ou une sœur, et il ne pouvait pas cacher sa joie et ses attentes. Il en rêvait toute la journée...

C'était la joie simple de voir la famille s'agrandir.

Yukie se doutait de ce que c'était. Elle avait passé les derniers mois à regarder son ventre s'arrondir, à le caresser, à lui parler.

Elle lui en avait parlé pour savoir combien il voulait d'enfants.

Ils avaient ri en pensant qu'avec trois enfants, l'appartement serait presqu'un peu trop vivant.

Mais elle avait eu un peu peur ; il ne fallait pas se voiler la face, sa complexion fragile ne lui permettrait sûrement pas de survivre à plusieurs grossesses.

Yukie

— Et pourtant, je suis sûre qu'aucune mère ne refuserait une grossesse à cause de cela...

Se parlant à elle-même, elle caressa gentiment son gros ventre.

Il était agent au service de la Direction de la Sécurité du Territoire.

C'était là que son instinct et son sens de la justice l'avaient finalement conduit.

Pourtant, il était si fragile et si sensible...

Il ne lui en parlait pas souvent, mais elle était sûre qu'il n'était pas fait pour ce travail.

Mais bon, tant qu'il continuerait à s'obstiner dans cette voie, elle avait l'intention de le regarder faire et de veiller sur lui.

Yukie

— Tu sais, ton papa, il travaille beaucoup, et il se donne toujours beaucoup de mal.

Ooooh oui, oui oui oui oui oui, il se donne du mal...

Yukie eut un grand sourire.

Puis, soudain, elle regarda au dehors.

Il ferait bientôt nuit, le coucher de soleil était déjà bas sur l'horizon.

Il y a très longtemps,

quand elle n'était encore qu'une toute petite fille, à cette heure-là, chez sa grand-mère, elle écoutait toujours les cigales chanter le soir, cachées dans les champs et les prairies.

Mais ici, elle était en plein milieu de Tôkyô.

Il n'y avait sûrement pas la moindre cigale à des kilomètres à la ronde.

Et pourtant, curieusement, elle était prise d'une furieuse envie d'entendre les cigales chanter...