Membre du gouvernement

— Euh... oui.

Et donc la veillée funèbre sera demain à 18h, et la cérémonie officielle se tiendra après demain, de 12h à 13h.

Ce sera dans le grand centre de cérémonie funéraire d'Okinomiya.

Oryô

— ... Je vois.

C'est pour le petit-fils du sous-officier Ikezawa, il faudrait y aller.

Mion, vas-y pour moi.

Mion

— Compris.

Je mets une tenue de deuil ou j'y vais avec l'uniforme de l'école ?

Je mets combien dans l'obole ?

Oryô

— Reste en uniforme de l'école, faut pas en faire trop, ce serait pas naturel.

T'as recousu le bouton, au moins ?

Oryô

Pour l'obole, mets 50 000.

Hmmm, non, mets plutôt 100 000,

Oryô

il nous a souvent été utile dans sa carrière.

Mion eut un sifflement d'appréciation.

Oryô

— Tu sais, Ikezawa était un homme efficace, depuis la période où il travaillait encore comme directeur à Okinomiya.

Les officiers et les gens de la haute administration ne viennent que devant la porte.

Oryô

Mais pas lui, il venait toujours prendre le thé avec moi.

Il prenait le temps de discuter un peu. Il était poli, lui au moins.

Les deux invités restaient souriants, tête baissée, à se comporter comme des béni-oui-oui.

Ils faisaient tellement honte à voir, à essayer de tout faire pour ne pas froisser la vieille Oryô, que Mion avait du mal à cacher son envie d'éclater de rire.

Oryô

— Et son petit-fils, alors, il avait quel âge ?

Membre du gouvernement

— Euh…

11 ans, je crois bien.

Oryô baissa les yeux, secouant la tête tristement.

Oryô

— Il m'avait dit qu'il n'avait qu'un seul petit-enfant...

Aaah, le pauvre.

C'est le pire, ça, quand les enfants meurent avant les parents. C'est le plus grand affront qu'ils peuvent faire.

Mion

— Ahahahahaha !

Oh, mamée, t'es bien gentille quand c'est les autres, dis voir !

Si moi ou Shion devions crever, tu serais bien contente !

Oryô

— Qu'esstu racontes, 'tite conne !

Tu vas nous apporter le malheur, encore ! Si j'pouvais me lever, j'te f'rais un cul bleu !

Mion partit d'un grand rire, apparemment satisfaite de la réaction de sa grand-mère.

Les deux invités se regardèrent, très gênés, incapables de savoir s'ils devaient rire aussi ou pas...

Membre du gouvernement

— Eh bien, euh, nous allons vous laisser, alors...

Nous vous ferons parvenir un chauffeur demain vers 17h.

Merci encore pour votre présence.

Ne vous gênez pas pour nous, nous connaissons le chemin...

Les invités partirent à reculons, avec moult courbettes, et partirent en direction de l'entrée.

Mion leur fit au revoir d'un petit signe de la main.

Mion

— Enfin partis.

Quelle bande de toquards, on sent qu'ils viennent jouer les suce-boules.

Ils auraient pu nous le dire au téléphone, pas la peine de se déplacer...

Heh heh heh...

Oryô Sonozaki n'était pas n'importe qui. Elle dirigeait tout le clan.

Son avis pesait pour plusieurs milliers de bulletins de votes dans les élections.

Le maire d'Okinomiya se faisait tout petit ; en même temps, on ne lui laissait pas le choix.

À la différence de Mion, Oryô regardait le paysage, d'un air mélancolique.

Mion

— Ben quoi ?

Eh, la vioque ?

Ahahahaha !

Oryô

— Oh, je me disais juste... c'est vraiment triste, ce genre de situations. Pour tout le monde, d'ailleurs…

Elle poussa un profond soupir de tristesse.

Mion la regarda, surprise. Elle s'était attendue à des réprimandes...

Oryô

— Mion...

Tu sais, le... le jeune du ministre, là.

Ça fait combien de temps qu'il a disparu ?

Mion

— Hmmm,

je sais pas, 4 jours, je crois bien.

Oryô poussa encore une fois un long soupir.

Oryô

— Je sais qu'il est notre ennemi, mais... j'ai de la peine pour lui.

Mion

— ... ... ... ... Ah ouais ?

Oryô

— Je pense qu'il a compris la leçon.

On devrait penser à le lui rendre.

Mion

— ... ... ...

Mion prit un visage très sérieux, calme, composé, froid, calculateur.

Elle chercha le regard de sa grand-mère et le soutint pendant quelques secondes, histoire de lire dans ses pensées.

Oryô en faisait de même, faisant ainsi passer un message important à sa future héritière.

Oryô

— ... ... Oh, j'ai soif, d'un seul coup.

Ramène-moi du thé. Et un petit chocolat aussi.

Mion opina du chef, puis tourna les talons.

Mion

— Shimiko, vous êtes là ?

Servez un thé pour ma grand-mère, je vous prie !

Au loin, on entendit la servante répondre.

Une fois que Mion eut la certitude que la servante avait compris les ordres, elle alla prendre le téléphone.

Mion

— ... Ah, allo ?

C'est Mion.

... Oui.

Mon père est là ?