Une voiture s'approchait. Il y eut le couinement de freins, puis le moteur s'arrêta.

L'homme vautré sur la chaise longue se remit instantanément debout, puis alla se placer contre le mur, à côté de la fenêtre. Il jeta alors très prudemment un regard au dehors...

... ... C'était la voiture de son complice.

Mais il ne pouvait pas encore relâcher son attention.

Enfin, des bruits de pas.

Toc…

toctoctoc !

C'était le signal.

Homme

— Chuis d'retour.

Ouvre, c'est moi.

Homme

— Ouais, salut.

Bouge pas.

Il défit la serrure et ouvrit la porte, laissant apparaître un homme portant de grands sacs de provisions dans les mains.

Il revenait du Seven's Mart, avec plein de pains au chocolat, de biscuits et de briques de lait.

Il sortit les provisions et les étendit sur une couverture, au sol.

Homme

— J't'ai ramené des nouilles sèches, fais bouillir l'eau.

Y fait quoi l'petiot ?

Homme

— Hmm ?

Oh, il dort.

Tant mieux, il est pas bruyant.

Si, quand il doit chier, mais sinon, ça va.

Homme

— Le laisse pas se pisser dessus.

L'odeur met la puce à l'oreille.

Homme

— ... Ouais, je sais.

Homme

— Vérifie le muzel de temps à autre.

On peut pas lui enlever,

mais si y s'étouffe, on est mal.

Homme

— Je sais, putain.

Eh, elle est où la bouteille pour le réchaud ?

J'ai plus de gaz, moi.

Homme

— Tu pouvais pas l'dire, couillon d'la lune ?

Homme

— Rah, merde putain,

chier !

Il repartit vers le réchaud et le secoua dans tous les sens, histoire de tenter de l'allumer quand même.

Celui qui venait de faire les courses poussa un long soupir.

Puis, surveillant l'autre des yeux, il se rapprocha du coin de la pièce.

Le jeune garçon qu'ils avaient enlevé était là, jeté sur des couvertures.

Homme

— ... ... Gamin ?

T'en sors ?

Bien sûr, il ne pensait pas que le jeune pouvait l'entendre.

En effet, il avait un bandeau et des boules quies, scotchés en place.

On lui avait aussi installé un garrot de bouche et une muselière.

C'est pourquoi il était forcé de rester la bouche ouverte, et qu'il avait de la salive qui lui coulait partout.

Bien sûr, ce n'était pas tout.

Il avait les deux bras tirés en arrière, et une ceinture en cuir retenait ses poignets fermement attachés l'un à l'autre.

Homme

— Pour l'instant, tout se passe bien.

Te bile pas, on te tuera pas.

Si ton papé avait fait le dur, on lui aurait envoyé une de tes oreilles,

Homme

mais pour l'instant, on a ordre de ne pas te faire de mal, donc j'dirais qu'ça s'passe pas trop mal.

Si c'était pas le cas, le clan principal hésiterait pas

Homme

-- c'est des monstres.

Homme

— Il prépare le terrain pour retirer le plan.

Je pense que le projet va être repoussé ou gelé et remis à plus tard, genre, jamais.

Je me demande quand est-ce qu'on va le relâcher.

J'aimerais faire une pause, moi.

Homme

— Ils disent qu'ils voient à peu près quand est-ce qu'on le saura, ça devrait plus tarder maintenant.

Je sais pas quand ce sera, mais bientôt...

Homme

— Ah ben alors, t'entends, gamin ?

Tu seras bientôt libre ! Heh...

Ils ne pensaient pas que leurs voix lui parvenaient.

De toute façon, le jeune garçon n'avait que le sommeil pour fuir sa situation. C'était la seule manière de protéger son équilibre mental…

Homme

— Ouais bon, c'est pas le tout, mais on n'a plus de gaz, putain !

Tu pouvais pas l'dire, merde,

on peut même pas bouffer !