— ... C'est déjà demain...
— Hmmm ?
... Oh, le jour de notre mort, tu veux dire ?
— ... Cette fois encore, ce sera la même issue.
— Oh, je ne sais pas.
... Ça ressemble beaucoup à plein d'autres fois, c'est vrai, mais il y a des différences notables, cette fois-ci.
Keiichi s'est souvenu d'une autre fois, tu te rends compte ?
— ... Ce n'est pas possible.
Il ne peut pas s'en souvenir, il ne peut pas ne serait-ce qu'en avoir conscience.
— Ahaha, aah,
plus tu dis que c'est strictement impossible, et plus je me rends compte que c'est vraiment un miracle, en fait.
— De toute façon, c'est en fini, maintenant.
— Oh, je ne sais pas.
— Ce sera bientôt fini.
Et ce sera la fin de tout.
... À l'heure du sanglot des cigales.
... Je ne suis pas si sûre que tout sera fini.
Plus on lance un dé, plus on tend vers la valeur moyenne des faces.
Si on le lance 100 fois de suite, et même si l'on a quelques 6 qui sortent l'un après autre, lorsqu'on additionne le tout à la fin et qu'on fait la moyenne, on n'est pas très loin de la valeur moyenne.
Les petits miracles, les 6 qui se suivent, ne sont finalement que peu de chose -- il suffit de noyer le poisson en relançant le dé pour annuler leur effet sur la moyenne.
Mais quand on y réfléchit, si on lance 100 fois le dé, on peut faire n'importe quel score compris entre 100 et 600.
Donc même si la mécanique du hasard veut que le total tende vers une moyenne,
il n'empêche que plus on lance le dé, plus il y a de futurs qui peuvent exister.
Si on lance le dé 100 fois, on peut obtenir 500 futurs différents -- ou 501 ? Peu importe.
Si on lance le dé 1000 fois, cela fait 5000 futurs différents que l'on peut atteindre.
Il y en a peut-être un parmi tous ceux-là dans lequel je tombe sur la case de l'arrivée, et dans lequel nous ne mourons pas.
Le miracle que Keiichi m'a montré m'a ouvert les yeux : il n'est pas inutile de continuer à lancer le dé, encore et encore, sans perdre espoir.
La valeur moyenne, après tout, qu'est-ce qu'on en a à foutre ?
— ... ... ...
— ... Tu m'énerves à me tourner le dos, tu sais.
Je sais que tu as abandonné, c'est pas la peine de bouder dans ton coin.
— ... ... ...
— Tu sais, moi aussi, je ne me fais pas d'illusions, c'est foutu.
Mais je ne veux pas abandonner. Je veux continuer à tenter ma chance, jusqu'au bout.
Keiichi m'a donné une sacrée leçon, cette fois-ci.
Il y a quelque chose de différent cette fois, je le sens.
Alors, je veux y placer mes espoirs. Je veux y croire.
— ... Rika... Tu es vraiment devenue très forte mentalement.
— Bah, c'est rien, tu sais.
Et puis, je suis beaucoup plus jeune que toi, il faut dire.
— ... Hmmm...
Hmn ?
Rika ?
— Miaou.
— Que faites-vous donc encore éveillée
Hhhaaaahhh
à cette heure indigne ?
— Excuse moi, Satoko, je ne voulais pas te réveiller.
J'avais un peu de mal à m'endormir, alors je regardais les étoiles.
Je vais aller me coucher, maintenant.
— Oui, faites, faites, ma chère...
Bonne nuit, Rika...
— ... ... Bonne nuit, Satoko.