Au moment où je sortis de la cabine téléphonique, après mon appel à l'inspecteur Ôishi…
il y a un truc qui fit “clic” dans ma tête, et je fus prise de frissons, horrifiée.
Cette cabine téléphonique était un puits de lumière perdu au milieu de nulle part.
Quelqu'un devait forcément m'avoir vue là-dedans.
Je dirais même plus...
Quelqu'un m'a observée, et m'observe encore.
Je vis des reflets, des paires d'yeux au milieu des ténèbres, qui me regardaient en silence, intensément.
... Ce ne sont pas des yeux d'humains.
J'ai la berlue, peut-être ?
Non, ce n'est pas possible.
De toute façon, je sais déjà bien ce que c'est...
Ce sont eux. Ceux qui, réellement, dirigent les actes des trois clans fondateurs, régnant ainsi sur Hinamizawa.
Leurs yeux sont très bas... et leurs silhouettes très fines.
... De toute façon, c'est bien connu, ils sont maigrichons, il y a déjà eu des rapports pour le prouver.
Ces silhouettes n'étaient résolument pas humaines ; d'ailleurs, elles avaient l'air fantaisistes, tout sauf réelles, et pourtant...
Surtout la tête, d'ailleurs. La forme du crâne était vraiment particulière, très protubérante, c'était clairement pas une tête humaine.
... De toute manière, leur apparence m'est familière : l'autre cahier de Miyo était rempli de descriptions très précises.
Leurs globes oculaires étaient rouges comme le sang,
leur corps sentait l'ammoniaque,
et malgré les plusieurs spécimens capturés de par le monde,
ils disparaissaient toujours sans laisser de traces, comme s'ils se liquéfiaient pour s'évaporer...
... La seule chose qui restait, à chaque fois, c'était une trace, une faible preuve qu'ils étaient descendus parmi nous...
Soudain, l'une des silhouettes irréelles tapies dans l'ombre devant moi fit un pas en avant.
puis un autre,
et j'entendis ses pas crisser sur les cailloux.
Ce bruit sur le sol, je ne l'avais pas imaginé, il était réel, et il me remit les idées en place et les yeux en face des trous.
— N'approchez pas, sales monstres !
Il y eut soudain plusieurs bruits à la fois.
Les gravillons sur le chemin semblaient exploser pour se reformer et être à nouveau éparpillés dans tous les sens. C'était une mélodie, presque, très étrange et angoissante.
Je l'entendis se rapprocher de plus en plus de moi.
Submergée par la peur, je ne pus que répéter mon ordre.
Et là, la porte de la cabine téléphonique vide, dans laquelle je venais de passer tant de temps, se mit à battre, à bouger toute seule,
encore,
et encore...
Poussant un hurlement de peur à me déchirer les tympans, je partis en flèche, courant comme une dératée.
Lorsque mes poumons menacèrent d'exploser tellement ils me brûlaient le corps, je ralentis et me retournai : il n'y avait plus personne. Ils ne m'avaient pas suivie...
... ... Est-ce que j'aurais pu rêver cette présence ?
Non, non, c'est pas possible, les gravillons et les petits cailloux n'ont pas bougé tout seuls ! Et la porte de la cabine téléphonique non plus !
OK, Rena, calme toi ma grande, c'est pas le moment de te pisser dans la culotte.
... À la rigueur, je peux toujours faire semblant de ne rien avoir vu ni entendu. Il faut juste que je me calme.
De toute façon, il faudra bien que tu te battes contre eux un jour où l'autre.
La prochaine fois qu'ils t'approchent, passe à l'attaque.
Tu as une machette, alors sers-t'en ! Un coup bien au milieu du crâne, ça va leur faire tout drôle !
Je protègerai ce village. Je ne sais pas faire beaucoup de choses, mais ça, je peux faire !
Les gens comptent sur moi, de toute façon. Ça ne se passera pas comme ça, ils ne feront pas ce qu'ils veulent !
Rah, ça me gratte toujours, ce cou, c'est pas vrai... Aaaah... Hmmm.... Rahh, purée, ça part pas...