Serveuse

— Bonjour ! Bienvenue à l'Angel Mort.

Aujourd'hui est un jour spécial. Avez-vous un ticket d'entrée ?

Rena

— Non, nous n'avons pas de ticket, mais on nous a dit de venir et de donner simplement nos noms à l'entrée.

Voici Rena Ryûgû, et je m'appelle Keiichi Maebara.

Serveuse

— Veuillez m'excuser un instant, je vais vérifier dans nos registres.

Je reviens tout de suite.

Vu le nombre probablement impressionnant de gens pas nets parmi leurs clients les plus enthousiastes, je parie qu'ils doivent faire face à de nombreux menteurs et autres contrefaçons.

Et puis quand on voit le genre de gusses qu'il y avait devant les portes, cette manière de filtrer les entrées était tout à fait compréhensible.

Keiichi

— N'empêche, ils n'étaient pas piqués des hannetons.

Les gens normaux n'oseraient jamais entrer ici.

Rena

— Ahahahahaha ! Oui, tu as raison.

Rena

Mais tous ceux qui se placeront sur le chemin de mes mains avides seront punis, sans aucune exception ! Hauuuu☆!

Keiichi

— Ouais, tu mets quand même de sacrés coups, tu sais.

C'est quoi au juste, tes coudes ? Tes genoux ?

Et tu réussis à les placer bien dans la tronche... C'est assez flippant.

Ç'avait été surréel de la voir défoncer cette masse grouillante avec ses crochets supersoniques, comment voulez-vous prévoir les trajectoires de ses poings ?

Brrr, rien que d'y penser...

Rena

— Mais oui, mais ils faisaient rien qu'à m'empêcher d'aller voir les petites choses toutes mimii dans le restaurant☆!

Rena

Et ça, c'est pas gentil ! Je suis sûre qu'elles sont toutes les trois super trognons, je les ramène toutes à la maison !

Keiichi

— Les pauvres, contre toi en mode mimii, ils n'avaient aucune chance.

Enfin, ils ont pris une sacrée déculottée, donc j'imagine qu'ils vont abandonner sans trop de regrets.

Rena

— Mais tu sais, tu as été impressionnant aussi, Keiichi.

Rena

Je les ai vus te fondre dessus et t'entourer, j'ai pensé qu'ils t'avaient eu, mais en fait non, tout est devenu super silencieux, d'un seul coup, et quand j'ai tourné la tête pour voir ce qu'il se passait, ils étaient tous en train de pleurer en t'ouvrant le passage.

Rena

Je peux savoir pourquoi ?

Keiichi

— ... Ben... Je sais pas, j'ai rien dit de spécial.

Je leur ai dit que j'entrerais ici pour eux, que je les représenterais.

Keiichi

Que même si c'était dur et injuste, ils devaient simplement retenter leur chance pour la prochaine fois.

Keiichi

Enfin, je leur ai dit ça avec un peu plus de verve, mais en gros, voilà, quoi. Ils se sont montrés coopératifs, c'est tout...

Rena

— ... Tu es vraiment doué pour haranguer les foules, j'ai l'impression.

Tu arrives à captiver ton public et à le prendre par les sentiments. Tu ferais un sacré agitateur...

Oui, tu es notre tombeur aux lèvres magiques !

Keiichi

— Vous pourriez pas arrêter avec ce “tombeur aux lèvres magiques” ?

Vous n'avez pas un autre surnom à me donner ?

Rena

— Ahahahahahaha !

Hmmm, je sais pas trop, je vais y réfléchir !

Éclatant de rire, Rena mit habilement fin à cette conversation.

Serveuse

— Excusez-moi de vous avoir fait attendre.

Vos noms étaient bel et bien sur la liste,

je vais donc vous conduire à vos places.

Si vous voulez bien me suivre...

Une serveuse dont l'uniforme était, pour ne pas changer, extrêmement tendancieux et affriolant, nous amena à une table et nous enjoignit à nous asseoir.

Le café était surbondé.

Toute cette agitation était déjà en soi déroutante.

Mais en plus, quasiment tous les clients d'aujourd'hui étaient du même acabit douteux que ceux qui étaient restés aux portes.

L'atmosphère était survoltée, chaude, sentait presque la transpiration.

Et pour couronner le tout, des phrases incompréhensibles et intriguantes fusaient de partout.

Homme

— Franchement, moi je dis, l'uniforme de l'Angel Mort,

il roxxe du poney !

Homme

— La nourriture se goûte avec la langue,

mais ici, on mange avec les yeux, si j'ose dire !

En parlant de pudding et de boing

boing,

y a de la serveuse pulmonée par ici ?

Homme

— Allons, allons, petit scarabée !

Homme

Il faut toujours étudier les heures de service, c'est le minimum syndical !

Homme

Ceux qui aiment la pastèque…

doivent venir le mardi,

et le jeudi,

mais seulement après

17h !

Homme

Et ceux qui préfèrent les DFC doivent réserver le vendredi après 17h, si possible !

... Mes aïeux, on a vraiment choisi notre jour pour venir...

Et en même temps,

je dois dire que je suis super content de ne pas avoir perdu hier.

Les autres membres du club ne vont pas en mener large, j'admets, mais elles y survivront.

Alors que moi, si j'avais dû venir subir le gage ici, je me serais fait lyncher par les clients...

Ah, pour ceux qui n'auraient toujours pas compris, je ne suis pas venu ici aujourd'hui pour manger en tête à tête avec Rena.

Le gage d'hier, c'était de servir les clients ici, pendant un jour spécial, avec un uniforme composé au hasard.

Le vainqueur pouvait ainsi déguster les desserts, entourés par une petite armée de serveuses dévouées.

Lorsque j'avais appris les détails du gage,

ma première pensée avait été qu'avec ma poisse habituelle, je serais sûrement parmi les perdants.

En plus, j'avais perdu plusieurs fois de suite récemment, donc c'était d'autant plus crédible.

Je parie que Rena avait pensé la même chose.

Qui aurait parié sur nous deux ? Qui eût osé imaginer notre éclatante victoire ?

Je suis trop fort, putain !

Vive moi ! VIVE MOI !