Ôishi

— ... ... Tiens ?

Mais ce sont les...

Kumagai

— Deux d'entre eux avaient des insignes de député, si j'ai bien vu.

Ôishi

— Ahh, alors ce sont les Sonozaki. L'un est député du canton et l'autre de la province.

Kumagai

— C'est marrant, ça, tiens.

Ils sont de la même famille et tous les deux députés ?

Ôishi

— Ben tu penses, ils trichent comme des salauds.

Ils se mettent d'accord sur leurs programmes respectifs et tout.

Ôishi

Pendant que l'un est élu à un endroit, l'autre fait des discours et des réunions ailleurs, et inversement. Ils font campagne l'un pour l'autre.

Ôishi

Et ils n'ont même pas honte.

Kumagai

— Je suis pas vraiment au courant des lois, mais c'est pas interdit, ça ?

Ôishi

— Tant que l'on ne remarque pas qu'ils se sont donné le mot, ils peuvent faire campagne autant qu'ils veulent.

... Mais dis voir, Nounours, comment tu ferais si tu étais nommé en observateur pour les élections ?

Ôishi

Tu pourrais au moins apprendre les lois sur le vote !

Kumagai

— C'est pas moi qui irai à la répression de la délinquance astucieuse, c'est clair.

Je suis un peu con sur les bords, il faut bien dire ! Ahahahaha !

Il y avait les deux députés Sonozaki.

Il me semblait avoir vu le maire de Hinamizawa aussi.

Tous à la botte du clan des Sonozaki, comme par hasard.

... Je n'aime pas ça.

Kumagai

— Les larbins pour leur tenir la porte, ce sont notre chef de section et le Chef Adjoint du Commissariat.

Aaaah, je crois que je sais pourquoi ils sont venus.

Ce soir-là, quand le chef de section m'invita à manger un morceau, je compris que j'avais vu juste.

Takasugi

— M. Ôishi, je sais que vous avez beaucoup d'amis, alors peut-être que vous êtes déjà au courant ?

... Vous n'avez rien entendu aujourd'hui ?

Ôishi

— Non,

on ne m'a rien dit de spécial.

Takasugi

— Patron, des boulettes de tofu avec du poisson frit.

Les députés sont venus gueuler chez le chef du commissariat aujourd'hui.

Ôishi

— Ouh là, vraiment ?

Ah, patron, encore un bol, s'il vous plaît.

Les deux Sonozaki sont du genre à faire des menaces pour obtenir ce qu'ils veulent.

Le chef de commissariat est un jeunot obnubilé par sa carrière... Ce petit rendez-vous galant avec ces deux-là, mi-politiciens, mi-yakuzas, ça a dû bien l'impressionner...

Takasugi

— Ils sont venus porter plainte nommément contre toi à propos de ton enquête sur les incidents survenus à Hinamizawa.

Ôishi

— Quoi, ils étaient là à cause de moi ?

Qu'est-ce que j'ai fait ?

Takasugi

— Ne joue pas au plus malin avec moi, Ôishi.

Je parle des affaires des années précédentes. T'es encore en train de fouiner là-dedans,

n'est-ce pas ?

Ôishi

— Voyons ! J'ai déjà suffisamment de mal avec le meurtre de Tomitake, je n'ai pas le temps de m'occuper de l'histoire ancienne !

Elle est bien bonne, tiens !

Takasugi

— Ah bon ?

Si c'est vrai, alors c'est bon, ça ira...

Il y eut un silence.

Chacun de nous s'occupa à manger son plat et finir sa bière.

Ôishi

— Ben écoutez, merci de m'avoir invité, c'était rudement bon.

Et puis il faut dire que ce mois-ci, la chance ne me sourit pas au jeu, alors, je dois avouer que ça me dépanne bien.

Merci encore !

Takasugi

— Mais, c'est rien, va.

La prochaine fois, il faudra que tu me redonnes un tuyau pour les chevaux.

Je miserai sur le même que toi !

Ôishi

— Aahahahahaha !

Ah, ces derniers temps, rien ne va plus.

Je ne mise jamais sur le bon en ce moment...

... Hep, taxi !!!

Je devais rentrer en train.

Mon chef avait un chauffeur.

C'est dur d'avoir sa propre voiture pour les déplacements privés.

Je ne pouvais pas me permettre d'être pris à conduire bourré, ça m'aurait coûté ma retraite.

Le chef parlait encore très bien, mais ses jambes ne le portaient plus.

Je l'installai dans le taxi et donnai son adresse au chauffeur.

Ôishi

— Bon, eh bien, à demain.

Bonne année !

Takasugi

— Ôishi...

Ôishi

— Oui, je sais.

Takasugi

— Les affaires du passé ont été réglées séparément, c'est clair ?

Ne t'avise pas de chercher un rapport entre tous ces meurtres.

Les villageois croient vraiment en cette histoire de malédiction, tu sais.

Ôishi

— Oui, mais moi, je n'y crois pas.

Takasugi

— Mais pourtant, t'es à deux pas de la retraite, non ? C'est ta dernière année, c'est bien ça ?

Takasugi

Je croyais que ta retraite te servirait à rembourser le crédit de ta maison pour pouvoir déménager avec ta mère dans le Nord ?

Ôishi

— Oui, ma mère veut absolument retourner à Hokkaido, car c'est là-bas qu'elle est née. Elle n'arrête pas de me le demander en pleurant, vous savez...

C'est la dernière chose que je puisse encore faire pour elle.

Ôishi

Quant à l'argent de ma retraite, eh bien, je trouverai bien le moyen de le dépenser en m'amusant dans les casinos à Susukino !

Ahahahahahahaha !

Takasugi

— Le Haut Commissaire m'a dit qu'il considérait te donner une augmentation exceptionnelle pour ta carrière.

Les agents de la fonction publique perçoivent une retraite dont le montant est calculé sur le montant de leur salaire à la date de leur retraite.

Une augmentation exceptionnelle correspond à l'augmentation perçue en 2 échelons, soit 2 années d'expérience.

Dans les régions loin de la capitale, on a coutûme de l'octroyer pour gonfler un peu le montant de sa retraite.

Ce n'est pas le genre de coutûme dont on devrait être fier, mais bon...

Il va sans dire qu'avec deux échelons de salaire en plus, le montant de la retraite change du tout au tout.

Ôishi

— On voit bien que M. le Haut Commissaire vient de l'intelligentzia, ce qu'il propose là est exemplaire.

... Bah, enfin, bon.

Ôishi

Nos retraites sont payées par les impôts,

donc je suppose que c'est l'évolution naturelle des choses qui veut ça...

Il n'y avait franchement pas de quoi rire, mais je décidai d'en rire quand même et de faire comme si de rien n'était.

Takasugi

— Oh, moi non plus, je ne pense pas que cela soit vraiment honnête vis-à-vis de nos concitoyens.

Mais il faut bien avouer que vous avez mené une carrière exemplaire au service de la Nation.

Takasugi

Je serais très heureux de te voir obtenir cette promotion, car à mon avis, tu la mérites amplement.

Ôishi

— Si vous me la donnez, je ne dirai pas non !

Ahahahahaha !

Takasugi

— Oh, mais tu l'auras, Ôishi.

Si tu te comportes en adulte responsable, cela va de soi.

Ôishi

— Ah, chauffeur, je suis désolé de vous avoir retenu.

Je compte sur vous pour le ramener à bon port !

Je fermai la porte avec élan, coupant mon chef en plein discours.

Mon chef avait l'air de vouloir me dire encore quelque chose, mais il se résigna à sourire d'un air gêné et me fit signe. Je lui fis signe de même.

Le taxi prit de la vitesse et se fondit instantanément dans la circulation.

Ôishi

— Ahaha ! Aaaaah...

Bordel de merde.

Comment je vais faire pour rembourser mon crédit, moi...