Mion

— Mais dis voir, Kei, je croyais que tes parents étaient blindés de fric ? C'est pas le cas ?

Keiichi

— De quoi tu parles ?

Je suis jamais venu à l'école en limousine, que je sache ?

Mion

— Tu reçois combien d'argent de poche dans le mois ?

Keiichi

— 1000Y.

Satoko

— Oh... Nous avons ici affaire au petit peuple...

Rika

— Son panier-repas est tout ce qu'il y a de plus normal.

Il ne vit pas dans une famille de riches.

Mais de quoi elles parlent ?

Qu'est-ce que c'est que cette histoire de sous ? Pourquoi ça tombe sur moi ?

Rena

— Ahahahaha ! Ah, désolée, ce n'est rien !

Remarquant mon regard suspicieux, Rena éclata de rire.

Mion

— Tu vis dans une grande maison. Je veux dire, une très grande maison, vraiment.

Depuis le moment où les travaux ont commencé, les gens du coin l'ont appelée la villa Maebara, c'est dire.

Pardon ? La villa Maebara ???

Rena

— Les gens se demandaient quel genre de riches pouvaient se permettre de faire construire une maison grande comme celle-là.

Aaaaah, je comprends...

Effectivement, oui.

C'est vrai que la maison a une sacrée surface au sol.

Je suppose que ça induit les gens en erreur.

Satoko

— D'après ce que je peux constater en vous regardant, vous avez tellement investi dans la construction de cette maison que vous en êtes devenus pauvres !

Rika

— Ooh, pauvre, pauvre petit... Aaah, mon bien pauvre ami...

La petite Rika me caressait la tête en prenant l'air le plus affligé du monde... ou pas.

En un instant, j'étais passé de Crésus à Job...

Keiichi

— Euh, désolé de casser l'image que vous vous faites toutes de moi, mais je ne suis ni riche ni pauvre.

Nous vivons dans des conditions des plus normales et des plus banales qui soient.

Mion

— Allez l'autre, eh, t'as regardé votre maison ?

C'est un truc de dingue, avec un vestibule immense et un portail à l'entrée qui pourrait accueillir une grosse berline !

C'est tout sauf normal !

Elles s'imaginent apparemment que la taille de la maison reflète le standing social...

C'est vrai que la maison est grande, mais c'est parce que mon père y a installé son atelier de peinture.

Il a plusieurs châssis et autres supports de toile ainsi qu'une partie réservée à ses anciennes œuvres...

et certaines d'entre elles ne sont pas petites.

Au bout du compte, la partie où nous vivons ne représente qu'à peine un tiers de la maison, et encore !

Il voulait absolument pouvoir exposer dans son atelier, c'est pour cela qu'il a fait très attention au portail d'entrée et au vestibule.

Au fait, nous avons deux vestibules. Celui dont parle Mion est celui de l'atelier, il est très spacieux pour pouvoir accueillir de nombreux visiteurs, mais ce n'est pas celui que nous utilisons en privé.

Le nôtre, le vrai, est tout rikiki... un peu comme chez tout le monde en fait.

Enfin bref, il vaut mieux ne pas se fier aux apparences.

Mion

— Il faut absolument qu'on aille un jour explorer ta maison !

J'imagine déjà le truc, une baraque immense avec toi à côté en train de nous répéter que non, c'est une maison tout ce qu'il y a de plus banal...

Mion

Je me demande ce qu'elle peut receler comme trésors !

Rena

— S'il pouvait y avoir un truc mimi, ce serait bien... Hauuuuu...

Satoko

— Ils n'ont sûrement plus rien pour acheter des meubles. Je parie que toutes leurs pièces sont spartiates !

Rika

— S'ils ont une salle avec des tapis tressés, j'aimerais bien pouvoir me rouler dessus...

Rena

— Oh ouiiii ! Ça ce serait vraiment super ! Moi aussi je veux me rouler dessus !

Elles sont complètement dans leur délire, là...

M'enfin bon. C'est vrai que je pourrais peut-être les inviter un de ces quatre.

En plus mon père ne sait pas dire non aux femmes, donc je pourrai leur faire visiter l'atelier.

Les grillons poussaient la chansonnette et le ciel sans nuages semblait s'étendre à l'infini.

L'air chaud mais pur chatouillait mes narines. L'été avait bel et bien commencé.