— Dis, M'man, raconte-moi voir !
Pourquoi tu t'es engueulée avec la vieille folle ?
Si elle t'a déshéritée, c'est que c'était pas rien !
— Tu aimes vraiment tout ce qui est stupide et sans intérêt, toi.
... Bah, je suppose que tout doucement, je peux bien te le dire.
En fait, quand je lui ai dit que j'allais me marier avec ton père, elle a dit non.
— Quoi ? Nan mais attends-là, c'est quoi le délire ?
— Ben, à l'époque, je n'étais pas très sage, hein, je vivais comme une sauvageonne, et elle ne savait plus quoi faire.
Et puis un jour, je me pointe et je lui annonce que je comptais me marier avec un futur yakuza en puissance,
alors tu imagines sa tête ?
Elle a dit que le chef de clan déciderait de qui serait mon futur mari.
Alors aussi sec, je lui sors un Qu'esstu veux qu'ça m'foute, vieille conne ? J'vais te couper en deux, t'a'ar !
Et là j'ai pris l'un des sabres qui étaient accrochés au mur, et elle a pris l'autre,
et on a fait des étincelles !
Hahhahhahhahha !
— Ouah, la vache...
Tu l'as engagée au sabre ?
Eh ben putain...
— Ouais, bah, tu sais,
je n'en ai plus l'air, mais à l'époque, j'étais une violente.
Et puis, ta grand'mère et moi sommes expertes en kendô, alors je ne te raconte pas la tête des gens à côté,
ils ont vraiment eu peur, c'était très drôle.
— Je vois...
Et c'est à cause de ça que tu as été déshéritée ?
— Oui ! Je lui ai dit que c'était pas un problème,
j'ai pris ton père par la main et nous sommes partis en lune de miel.
Bon, ensuite, j'ai dû y laisser les ongles de la main gauche, c'était déjà moins marrant.
Regarde-les, ils sont pas droits.
— Ouah...
Laisse tomber comme t'as dû déguster. Pas étonnant que tu lui fasses la gueule depuis tout ce temps...
— Ahahahahaha ! Mais tu sais, Shion, je ne lui fais pas la gueule !
Elle non plus d'ailleurs,
nous sommes très proches.
— HEIN ?
Naaaan, tu te fous de moi ?
— Ta grand'mère doit faire attention à son image aux yeux des gens.
Vu qu'elle m'avait déshéritée, elle ne pouvait pas ensuite me reprendre à la maison et faire comme si de rien n'était.
Alors depuis ce temps, je reste un peu en retrait pendant les réunions.
Mais parfois, je vais lui rendre visite, quand je sais qu'elle est toute seule, et on discute autour d'un thé et d'une boîte de chocolats.
— Non, c'est pas vrai, tu mens ! J'y crois pas !
— Je vais te dire un truc, mais c'est un secret, hein ?
Ta grand'mère aussi a été forcée à s'arracher elle-même les ongles quand elle était plus jeune.
La prochaine fois, regarde sa main gauche, tu verras.
— Sans déconner ?!
Mais qu'est-ce qu'elle a fait ?
— Alors ça !
J'en ai aucune idée☆!
— Hein ? Naaaan, toi, tu le sais, j't'ai calée !
Reviens ici ! Raconte-moi ! Allez, quoi !