Satoko était en train de pleurer, cachée derrière mon dos.
Elle était collée à moi, et mon dos était mouillé par ses larmes et sa morve.
Quant à notre tante, elle n'avait apparemment enfin plus la force de continuer à lui hurler dessus comme une hystérique.
... Lorsqu'enfin, elle s'en alla, après une dernière insulte bien sentie,
la pendule indiquait presque 1h du matin.
Satoko était devenue silencieuse depuis bien longtemps déjà, épuisée d'avoir trop pleuré.
Même une fois notre tante partie, Satoko n'avait pas l'air de se rendre compte que c'était fini.
Alors je lui caressai la tête et je le lui fis savoir.
— Ne pleure plus, c'est fini maintenant.
... Satoko.
Elle se mit à trembler.
Des larmes fraîches lui remontèrent aux yeux.
... Puis elle leva la tête vers moi et chercha mon regard.
— ... ... ...
Elle savait ce que je voulais dire par là.
Mais elle voulait toujours me l'entendre dire à voix haute, juste pour être sûre.
Pour être franc, je commençais à en avoir vraiment par-dessus la tête.
Je ressentais même une pointe d'exaspération à devoir toujours tout lui dire plusieurs fois.
Mais je voulais surtout essayer de la réconforter,
alors je finissais toujours par lui répéter les mêmes choses, très doucement.
— ... Tata a fini de te crier dessus.
Allez, tu veux bien arrêter de pleurer ? Il faut dormir maintenant.
D'accord ?
Satoko, de grosses larmes sur les joues, replongea son visage sur mon torse.
Puis, faisant attention à atténuer sa voix, elle se remit à pleurer à chaudes larmes...
Ça me faisait mal au cœur de voir son dos trembler.
Chaque fois que je le voyais, ce dos frêle, je me disais que je devais absolument la protéger, que j'étais le seul à pouvoir le faire, car personne d'autre ne voulait le faire, aussi...
— Allez.
On se lave les dents, et on étale les futons,
et ensuite, au dodo...
Satoko me fit une esquisse de sourire en acquiesçant.
La tête me tourne.
Maintenant que le stress et la pression sont partis, plus rien n'empêche le marchand de sable de faire sa besogne.
Pendant que Satoko se lavait la figure, j'allai aux toilettes.
Je regardais ma pisse tomber dans les cabinets, fourbu.
Si je ne fais pas attention, je crois bien que je vais pisser à côté.
... En fait, c'est même pire, je pourrais m'écrouler la tête dans les chiottes tellement je suis fatigué.
... Non, y a rien à faire...
J'arrive pas à me rappeler pourquoi notre tante a commencé à lui crier dessus…