Partout dans le petit bureau, des livres et des dossiers s'entassaient en grand nombre, monopolisant la place.

Sur une chaise à moitié enfouie sous eux, un vieil homme bien en chair était assis, concentré, s'appliquant à l'écriture d'un long document.

Sur le tapis, l'on pouvait voir une petite fille, séparant diligemment les feuilles et les livres en des piles bien particulières.

Au premier regard, cette activité passait pour un jeu.

Mais son regard sérieux indiquait clairement le contraire.

Miyoko

— Pépé ?

Ça y est, j'ai fini.

Hifumi

— Ah ?

Bien, merci.

Et alors, quel est le résultat ?

Miyoko

— Regarde.

Voilà tous les gens qui ont eu les mêmes symptômes.

C'est beaucoup plus que la moyenne nationale, tellement que c'en est suspect.

Hifumi

— Je vois...

Oui, c'est bien ce que je pensais.

Hifumi

Je viens justement de trouver quelque chose d'intéressant ici.

Hifumi

C'est un traité de psychochirurgie qui parle des liens entre les coutumes de certaines régions et le nombre de lobotomies pratiquées.

Hifumi

L'auteur y pose le principe de l'existence de parasites pouvant influencer le fonctionnement du lobe frontal.

Miyoko

— Le lobe frontal, c'est la partie du cerveau qui fait qu'un être humain se comporte comme un être humain !

Hifumi

— C'est exact.

Hifumi

Ce n'est pas le cœur qui produit les émotions de l'être humain, c'est le cerveau.

Hifumi

Et encore, les émotions ne sont que le produit résiduel de la sécrétion par le cerveau de certaines substances chimiques. Un peu comme des effets secondaires.

Hifumi

Donc on peut imaginer que si un parasite qui avait de l'influence sur le lobe frontal venait à se propager à toute une colonie, on trouverait des comportements et des pensées similaires chez tous les individus de cette colonie infectée.

Miyoko

— Mais alors, c'est parce qu'un parasite se propage que les idéologies se propagent aussi ?

Miyoko

C'est ça qui provoque les guerres, alors ? Lorsque deux parasites se rencontrent et essaient de se battre pour la conquête d'un nouveau territoire ?

Hifumi

— Peut-être. Ou bien alors, on peut raisonner en terme d'aire de répartition.

Cela peut être le territoire pour une certaine religion,

ou bien celui d'une nation,

ou bien celui d'une race d'humains.

Hifumi

Si l'on pose l'existence d'une sorte de parasite qui viendrait influer sur nos comportements humains, cela pourrait expliquer pourquoi il y a autant de cultures différentes dans le monde, mais aussi pourquoi ces différences provoquent systématiquement des conflits.

Miyoko

— Alors, il y a des gens ailleurs dans le monde qui pensent la même chose que toi ?

Hifumi

— Oui, bien sûr.

Hifumi

Il existe un nombre incalculable de parasites sur la planète, qui vivent toujours en osmose avec leurs hôtes. Parfois même, ces parasites contrôlent leurs hôtes pour pouvoir influer sur leur survie, ou pour se reproduire, ou pour changer de territoire.

Hifumi

Et on a aussi découvert beaucoup de parasites chez l'être humain.

Hifumi

Et pourtant, tout le monde refuse obstinément d'admettre la possibilité d'un parasite chez l'être humain qui pourrait le contrôler.

Même dans la théorie.

Miyoko

— ... Mais pourquoi ?

Les êtres humains sont des animaux comme les autres, pourtant ?

Hifumi

— Parce que poser cette théorie revient à comparer les idéologies et les courants de philosophie à des épidémies.

Lorsque des idéologies s'affrontent à coups de joutes verbales et de livres et de traités écrits par des grands penseurs, tout va bien.

Hifumi

Mais si ces guerres des idéologies étaient menées comme des batailles contre des maladies graves, le monde serait effroyable.

Miyoko

— Les gens essaieraient de... “soigner” les mauvaises pensées et les mauvaises philosophies ?

Hifumi

— Prends l'exemple de la peste en Europe, au Moyen-Âge.

Hifumi

C'était une maladie terrible, qui a tué des millions de gens.

Hifumi

Pour endiguer l'épidémie, on a enfermé les pestiférés dans les hôpitaux de l'époque, et on ne les a plus laissés sortir jusqu'à leur guérison.

Hifumi

Sauf qu'on ne savait pas guérir la peste, alors les gens mourraient enfermés à l'hôpital.

On faisait brûler les corps,

et on faisait aussi brûler tous les objets qu'ils avaient touchés, juste par précaution.

Hifumi

Et on devait aussi enfermer leurs familles, aussi par précaution, au cas où ils les auraient infectées.

Miyoko

— Même les gens qui n'étaient pas malades, alors ?

Hifumi

— Exact, et maintenant, remplace la peste par n'importe quel courant de pensée.

C'est la même chose.

Hifumi

On ne laisse plus sortir les gens jusqu'à ce qu'ils arrêtent d'avoir certaines idées ou certaines convictions, on confisque leurs avoirs, on les brûle. On enferme leurs familles.

Miyoko

— Oui mais attends, penser, c'est quand même quelque chose qu'on est libre de faire, chacun pour soi, non ?

C'est pas comme la peste noire !

Hifumi

— Mais justement, si tu poses l'hypothèse qu'un microbe ou qu'un parasite peut influencer les pensées des êtres humains, alors les pensées deviennent des symptômes médicaux que l'on peut -- ou que l'on doit -- traiter ou endiguer, exactement comme la peste à l'époque.

Hifumi

Et donc, ça veut dire que l'on considère les idées ou les différentes religions commes des maladies épidémiques incurables.

Miyoko

— Et alors dans ce cas... On se mettrait à traiter les gens qui n'ont pas les mêmes idées que nous comme des pestiférés ?

Hifumi

— C'est exactement ça.

Hifumi

Et si l'on pousse la réflexion sous cet angle, alors on se rend compte que cela ne peut mener qu'à des exterminations de masse, à l'échelle de pays tout entiers, si ce n'est à l'échelle d'une race humaine ou d'une religion !

Hifumi

Et alors, les êtres humains finiront par se dire que c'est normal.

Hifumi

Et c'est pour éviter cela que depuis la fin de la guerre, il est devenu tabou de parler des infections parasitaires du cerveau.

Miyoko

— Tabou ? C'est quoi, “tabou” ?

Hifumi

— Un tabou, ou un sujet tabou, c'est quelque chose que l'on n'a pas le droit de toucher, ou bien dont il ne faut pas parler. Il ne faudrait même jamais y penser.

Hifumi

Donc personne ne fait d'études ou d'observations dessus.

Hifumi

C'est même pire, on essaie d'empêcher que ça puisse arriver.

Hifumi

On pose comme un dogme absolu, comme un axiome mathématique, qu'“il n'existe pas de parasite pouvant influer sur le cerveau du plus évolué des primates, car celui-ci est supérieur à tous les autres animaux”.

Miyoko

— Ahahahahaha !

C'est un peu stupide comme idée.

Pour prouver que quelque chose n'existe pas, il faut la preuve diabolique.

C'est impossible à mettre en pratique !

Hifumi

— Oui, tu as raison.

Hifumi

Il est facile de prouver que le Diable existe.

Hifumi

Il suffit de le prendre par la main et de le montrer à tout le monde.

Hifumi

Mais on ne peut pas prouver qu'il n'existe pas.

Hifumi

On ne peut pas prendre avec soi quelque chose qui n'existe pas, c'est absurde.

Miyoko

— Ahahahahahaha !

C'est comme si les parasites de notre cerveau nous manipulaient pour que surtout, nous ne puissions jamais pouvoir nous douter de leur existence !

Le vieil homme et sa petite fille partirent tous les deux dans de grands éclats de rire.

Hifumi

— L'être humain n'est qu'une espèce parmi la diversité du règne animal.

Hifumi

Il est bien présomptueux de s'imaginer être l'égal des dieux, simplement parce qu'il se trouve tout en haut de la chaîne alimentaire.

Hifumi

Il peut tout à fait être manipulé par des parasites, lui aussi.

Hifumi

Ce n'est pas parce que nous n'en avons pas encore découvert que nous pouvons affirmer que ce genre de parasites n'existent pas.

Hifumi

Au contraire, je suis certain que c'est le cas.

C'est plus qu'une évidence, c'est inévitable.

Miyoko

— Il y en a eu beaucoup, des choses que les sciences ont d'abord posées comme théoriques avant de pouvoir les prouver par la pratique ou par des observations directes.

Hifumi

— Oui, c'est vrai.

Hifumi

Bien souvent, les théories scientifiques ne s'avèrent exactes que bien après la mort de ceux ou celles qui les ont posées.

Hifumi

Certains ont même été traités de fous de leur vivant, pour ensuite être reconnus des dizaines voire des centaines d'années après.

Miyoko

— Mais moi, je...

J'espère que le monde verra que tu as raison pendant que tu seras encore vivant, Pépé.

Parce que sinon...

ce serait trop injuste.

Hifumi

— Ne t'en fais pas, voyons.

Dieu n'abandonne pas ceux qui se donnent du mal.

Les efforts sont toujours récompensés, un jour ou l'autre.

Miyoko

— Oui, mais quand ?

Hifumi

— Personne ne sait quel jour Dieu descendra sur la terre.

Tout comme personne ne sait à quelle veille le voleur doit venir.

C'est pourquoi tu devras toujours être prête et vigilante,

Hifumi

pour que la foi ne te fasse pas défaut lorsque le jour viendra.

Grand-Père aimait beaucoup à le dire.

Personne ne sait quand est-ce que nos efforts porteront leurs fruits.

Mais un jour, c'est sûr et certain, ils porteront leurs fruits.

C'est pourquoi il ne faut jamais baisser les bras, ni jamais ménager sa peine.

Pour ne pas le regretter plus tard.

Parce qu'un jour, nos efforts seront récompensés.

Miyoko

— Mais Pépé, tu crois vraiment que tes efforts porteront leurs fruits de ton vivant ?

Alors que l'Histoire montre que c'est une chose si rare, jusqu'à présent ?

Je pense que c'est ma jeunesse d'alors qui m'a fait poser cette question si cruelle.

Même si bien sûr, mon intention avait été tout autre.

Je savais bien que mon grand-père se donnait du mal, je pouvais l'observer tous les jours à la tâche. C'était bien pour ça, d'ailleurs, que je savais qu'il n'en avait plus pour longtemps à vivre, et que je voulais le voir reconnu de son vivant...

Hifumi

— Que sais-tu de la résurrection de Jésus, mon enfant ?

Miyoko

— Oh, tout !

Jésus a été crucifié, il est mort sur la croix, et il est ressuscité trois jours après !

Tu m'en as parlé très souvent, déjà.

Hifumi

— Et à ton avis, comment est-ce que ça s'est passé ?

Miyoko

— ... Il s'est levé comme si de rien n'était ?

Hifumi

— Sa dépouille mortelle a été enterrée après sa mise au supplice.

Il était donc recouvert de terre.

Miyoko

— ... Alors dans ce cas...

Je sais pas, il a poussé sa pierre tombale, comme un zombie ?

Hifumi

— Ahahahahahaha ! Non, non, bien sûr que non, voyons.

S'il avait fait ça, il ne serait pas réellement ressuscité.

Hifumi

Mais les pécheurs qui l'ont mis à mort pensaient que ce serait le cas. Ils avaient fait garder son tombeau par des soldats.

Le Christ avait déclaré, juste avant sa mise à mort, qu'il ressusciterait d'entre les morts trois jours après son passage de vie à trépas.

Alors les pécheurs l'avaient enterré, avaient bloqué et calfeutré sa tombe, et avaient posté des sentinelles devant pour l'empêcher de sortir de terre.

Mais lorsque le Christ avait annoncé sa résurrection, il n'avait pas parlé en ce sens-là.

Ce n'était pas son corps qui devait renaître à la vie, mais son enseignement.

Trois jours après sa mort, son enseignement juste et bon avait retrouvé sa place dans le cœur de ses fidèles.

Les gens qui cherchaient le droit chemin avaient repris ses idées et sa philosophie.

C'était en cela qu'il était ressuscité.

Il était vivant dans le cœur de ses fidèles.

Il n'était plus dans un corps de chair et de sang, quelque part sur la terre, non.

Il résidait dans les esprits.

Il avait donc atteint un stade d'existence supérieur à celui des êtres humains.

Hifumi

— Même si cela ne devait arriver qu'après ma mort, ce n'est pas grave.

Hifumi

Tant que les gens porteront un jugement honnête sur mes travaux, alors leur valeur sera reconnue.

Hifumi

Et ce jour-là, même si je suis déjà mort depuis longtemps, alors mon existence sera reconnue et mes efforts seront loués.

Miyoko

— Mais alors, tu seras comme Jésus ? Tu deviendras un dieu, toi aussi ?

Hifumi

— Eh oui, qu'est-ce que tu crois ?

Hifumi

Un jour, tu verras, mes recherches seront reconnues à leur juste valeur.

Hifumi

Et ce jour-là, ton vieux grand-père deviendra un peu un dieu, lui aussi.

Hifumi

C'est pourquoi je ne suis pas pressé d'être reconnu, il faut laisser le temps au Temps.

Hifumi

Je ne sais pas quand est-ce que les gens reconnaîtront ma valeur, peut-être de mon vivant, peut-être pas.

Hifumi

Et Dieu non plus ne le sait pas.

Mais ce jour viendra, oh oui, il viendra.

Et c'est pour ça que je continue à travailler dur, sans jamais remettre mon avènement en cause.

Miyoko

— ... ...

C'était triste de l'entendre dire ça de manière aussi directe. Il sous-entendait clairement qu'il n'en avait plus pour très longtemps à vivre.

Oh, il n'avait pas déclaré de maladie grave, et son médecin ne lui avait pas donné de mauvaises nouvelles.

Mais si l'on pensait à la longévité moyenne des hommes,

il approchait clairement de la fin.

Or, je n'avais plus que lui dans la vie.

C'est pourquoi je refusais toujours de m'imaginer le monde lorsqu'il ne serait plus là.

Peut-être a-t-il lui aussi senti que cette conversation me gênait.

Toujours est-il qu'il me fit un sourire attendri et qu'il posa sa main sur ma tête, caressant gentiment mes cheveux.

Hifumi

— Allons, ne t'inquiète pas. Tu sais, j'aimerais quand même mieux être reconnu de mon vivant, pour être honnête avec toi.

C'est pourquoi je me donne autant de mal.

Miyoko

— Oui, je comprends.

Moi aussi, je veux que les gens du monde entier reconnaissent à quel point tu es intelligent. Je t'aiderai autant que je pourrai !

J'évitai de préciser “avant ta mort”.

Pour une fois, je me rendis compte du faux pas que j'allais commettre.

Hifumi

— Oui. Oui, merci beaucoup. Ça me fait très plaisir, tu sais...

Il eut un large sourire de satisfaction.

Ses recherches n'étaient ni incongrues, ni chimériques. Il ne tentait pas d'expliquer les mystères de l'Univers.

Nous voulions simplement faire admettre l'existence de certaines bactéries qui pourraient éventuellement avoir une influence sur les comportements de l'être humain.

Ce n'était pas une idée révolutionnaire.

Et en plus, ce n'était pas seulement de la théorie.

Nous avions un exemple pour étayer cette thèse.

Le village de Hinamizawa, dans la préfecture de ****.

Tous les habitants natifs de ce village ont le mal du pays, à un niveau si fort qu'il frise la folie clinique.

Et s'ils ne rentrent pas assez vite au nid, alors ils ont des comportements irrationnels -- eux disent qu'ils sont frappés par la malédiction.

Et d'ailleurs, on peut déceler ici et là l'existence de lois très incongrues au village, depuis des temps immémoriaux.

Mon grand-père a par hasard fait une découverte en analysant tous ces éléments. Une sorte de point commun trop sordide pour être vrai. Alors il a posé l'existence d'un être vivant qui les contrôlerait.

Il a, depuis toujours, travaillé à cette thèse, épluchant les écrits et les traités de psychologie, et aujourd'hui, il a pu commencer à préciser sa théorie.

Au milieu des années Shôwa, les choses avaient changé au Japon.

On avait fini par découvrir que de nombreuses maladies que l'on pensait spécifiques à certaines régions étaient dues à des parasites.

C'était un domaine peu étudié alors, toujours un peu mal vu, mais il avait soudain connu son heure de gloire.

Les recherches de mon grand-père n'étaient qu'une étude de plus sur encore l'une de ces épidémies virales --

elle était donc destinée à être publiée en même temps que toutes les autres, et à être lue et critiquée par toute la communauté scientifique, dans les mois ou au pire les années qui allaient suivre.

Et puis même si par hasard,

ses recherches n'étaient pas reconnues de son vivant...

Alors, moi...

je prendrai la relève.

Je mènerai ses recherches à leur terme.

Mon grand-père m'avait appris une chose importante.

La résurrection n'était pas celle de l'enveloppe charnelle.

C'était la reconnaissance et les louanges données à des hauts faits d'armes, aux idées d'une personne.

Et lorsque cette reconnaissance avait lieu,

alors cette personne devenait un dieu et revenait à la vie.

Si jamais cela pouvait arriver pour lui, alors Grand-Père serait pour toujours à mes côtés.

Et je ne serais plus jamais seule.

Il serait toujours avec moi, toujours et pour toujours.

Et nos recherches seraient reconnues un jour à leur juste valeur.

Et nous deviendrons des dieux, et nous atteindrons la plénitude éternelle.

Je ferai de mon grand-père

l'égal d'un dieu.

Et moi aussi,

je deviendrai un dieu.

Et nous serons ensemble.

Pour les siècles et les siècles...

Le porte-clefs n'avait en tout et pour tout qu'une seule clef attachée au trousseau.

Il y avait inscrit dessus qu'elle ouvrait le poulailler, mais Eriko était en train d'essayer d'ouvrir une autre porte avec cette clef.

Normalement, le verrou aurait dû s'ouvrir comme de rien du tout.

C'était ce qui avait été prévu.

Sauf que non, la porte ne se débloquait pas.

Je vis bien qu'Eriko commençait à suer à très grosses gouttes.

C'était elle qui nous avait parlé de cette porte.

Si elle commençait maintenant à paniquer, c'était que l'heure était grave. Sa nervosité nous gagna toutes en un instant.

Miyoko

— On fait quoi ?

Si cette clef ne fait qu'ouvrir la porte du poulailler, il vaut mieux retourner au dortoir !

Allez, arrête, on rentre !

Eriko

— Moins fort !

Normalement, nous devrions être dans la basse-cour, en train de nettoyer le poulailler.

Si jamais les gens devaient apprendre que nous étions ici...

Et surtout s'ils devaient apprendre dans quel but nous étions venues ici...

... Alors cette fois-ci, c'était sûr, nous étions bonnes pour “le supplice des porcs sans pattes”...

Miyoko

— Eriko, ne t'énerve pas, psychote pas, c'est bon !

De toute façon, tu as essayé d'ouvrir la porte avec cette clef, non ?

Tu es sûre et certaine que ça va marcher ?

Eriko

— ... Mais putain les filles, la ferme !

C'est la bonne clef, faites pas chier !

C'est juste qu'elle est dure à ouvrir !

Elle nous avait presque crié dessus, d'une voix suraiguë.

Les battements de nos cœurs se mirent à cogner si fort que pendant un instant, je me suis demandée si leur bruit ne se propageait pas dans les couloirs...

Soudain, un bruit de pas qui ne pouvait pas être celui d'un enfant se fit entendre au loin.

Miyoko

— Arrête !

Y a quelqu'un qui vient !

Nous cessâmes presque aussitôt de respirer toutes les trois, sauf Eriko, qui semblait ne pas nous avoir entendues.

Elle était toujours en train de triturer bruyamment cette serrure,

comme si tous nos problèmes allaient disparaître dans un nuage de fumée rose dès qu'elle aurait réussi à ouvrir le loquet...

Miyoko

— Eriko, je te dis que quelqu'un vient, arrête !

Eriko

— Mais putain, vos gueules, merde, je vous dis que cette clef ouvre la porte !

Je l'ai pas rêvé ! Je l'ai essayée et je me suis retrouvée comme une conne avec le cadenas en main !

Eriko

Mais putain, sale porte de merde, tu vas t'ouvrir ? Mais pourquoi elle s'ouvre pas ?!

Ouvre-toi, bon sang, qu'on puisse s'enfuir d'ici ! J'en ai marre de vivre en enfer !

Miyoko

— Bordel de merde, ERIKO, Y A QUELQU'UN QUI VIENT !