Yukie

— ... Oh...

Tu n'as pas de chance.

Fais attention à toi.

Où dois-tu aller, cette fois-ci ?

Es-tu déjà sur place ?

Akasaka

— ... ...

Ces questions étaient banales, normales même.

N'importe qui les poserait, pas seulement ma femme.

Si je pars pour une région froide, elle me dira de ne pas oublier mon gros manteau.

Si je pars loin, elle me dira de faire très attention en chemin.

En soi, ce serait une conversation normale dans un couple.

Sauf que moi, je n'étais pas tout à fait normal. Je n'avais pas le droit de répondre. C'était déprimant.

Yukie

— Oh, pardon.

Vous avez des règles contre ça, c'est vrai. Eh bien alors…

Prends soin de toi, où que tu ailles.

Akasaka

— ... Pardon, Yukie.

Yukie

— Roh, mais dis-moi, depuis quand tu es redevenu un petit garçon qui s'excuse pour tout et n'importe quoi ?

Quand tu as commencé ce métier, tu avais l'air toujours en forme et exalté.

...Hee hee.

Elle se mit à rire.

Dans ces moments-là, j'avais l'impression qu'elle avait le pouvoir de lire dans mes pensées.

Yukie

— Hmm, c'est vrai que je suis entrée à l'hôpital depuis un moment maintenant.

Tu dois commencer à te sentir seul...

Akasaka

— Eh, te moque pas de moi !

J'ai passé l'âge...

Yukie

— Aaaah oui, tu es sûr de ça ? Vrai de vrai ?

Tu es un ours calin, petit menteur.

Si tu n'es pas avec moi tous les soirs, tu perds ta force...

Ahahahaha !

Akasaka

— Rah, mais enfin, Yukie !

Je parie que tu as des petites cornes qui t'ont poussé sur la tête, toi !

Tu as toujours été comme--

Yukie

— Tut-tut-tut, ne change pas de conversation, tu veux ?

Avoue-le que tu es tout triste et que tu veux que je m'occupe un peu de toi.

Je t'entends remuer la queue à l'autre bout du fil !

Hee hee hee…

Yukie se montre toujours très polie et réservée, alors les gens n'imaginent pas qu'elle puisse être joueuse comme ça. Il faut dire que c'est un côté qu'elle ne me montre qu'à moi.

D'habitude, je peux la faire cesser en lui chatouillant les côtes, mais au téléphone, ce n'était évidemment pas possible.

Et bien sûr, Yukie n'était pas stupide --

elle faisait exprès de me charrier au téléphone...

Yukie

— Aah,

je me demande quand est-ce que je me suis rendue compte que c'était si rigolo de te mettre mal à l'aise...

Akasaka

— Oh, s'il-te-plaît, arrête.

Tu sembles en forme, c'est le principal.

Yukie

— Ah, tu vois ?

Et alors ? Tu es rassuré ? Tu es de nouveau en forme ?

Je lui avais dit que je l'appellerais pour qu'elle ne se sente pas trop seule.

Mais évidemment, c'était une excuse pour pouvoir l'appeler.

Et évidemment, ma femme n'avait pas été dupe une seule seconde.

Akasaka

— ... ... Ouais, ça va mieux.

Yukie

— Rappelle-moi demain.

Si je ne peux pas répondre, mon père te parlera.

Yukie

Essaie juste de ne pas faire de courbette dans la cabine téléphonique quand tu lui diras bonjour, ça fait très mal !

Ahahahahaha !

Pendant encore plusieurs instants, Yukie continua de se moquer gentiment de moi, ne me laissant pas raccrocher...