— Il est mort du choc post-traumatique dû à l'hémorragie.
J'ai trouvé une sacrée dose de tissus sous ses ongles.
Et pas ceux de quelqu'un d'autre.
Il s'est coupé la gorge avec ses propres ongles.
Les empreintes correspondent.
— Oui,
ça crève les yeux, c'est un suicide.
— Je sais ce que tu penses et je sais ce que tu veux dire.
Tu veux savoir si on peut forcer quelqu'un à faire ça ?
— C'est pas comme s'il avait gratté un gros bouton dans son dos et qu'il s'était percé la peau sans s'en apercevoir...
Il lui manque un ongle.
Un ongle, ça s'arrache assez facilement, en fait.
Mais ça fait extrêmement mal.
C'est pourquoi les gens font généralement attention.
De plus, son corps présente de nombreux hématomes.
D'après leur forme et d'autres petits détails, on peut en déduire qu'ils sont dus à des coups portés à mains nues, par plusieurs personnes.
— D'après les sécrétions, le macchabée était dans un état d'excitation extrême.
— Il est donc devenu fou pendant qu'il se battait et s'en est arraché la carotide tout seul ?
Ses agresseurs ont dû avoir peur.
Il est vrai que l'être humain peut être amené à faire des choses absolument insensées lorsqu'il se trouve dans des situations extrêmes.
Ce sont évidemment des cas extrêmement rares.
— Écoute, Ôishi.
Tu te souviens de la branche en bois qu'on a trouvée près du macchabée ?
On pensait qu'il s'en était servi comme d'une arme, mais l'analyse des traces relevées dessus ne montre que de la terre et de la peinture, celle de la glissière.
— Il n'y avait rien à propos de l'agresseur ? Pas de tissus organiques, même pas de fibres des vêtements ?
— Rien du tout.
Il n'a pas touché son agresseur.
Ou bien alors il y avait un deuxième morceau de bois, et l'agresseur l'a pris avec lui pour le faire disparaître.
— À ce moment là,
il n'avait qu'à prendre les deux directement !
— Ahhahhahahhaha !
Ouais, t'as raison.
— Mais finalement, ce Tomitake, il est bronzé, il est bien musclé...
C'était un mec sportif, quoi.
— Hm ?
Moui,
je dirais qu'il était en grande condition physique.
Je n'arrive pas à voir quel sport il a pu pratiquer de son vivant, mais il avait l'air costaud.
Il n'aurait pas dû avoir de problème pour se battre.
Un type comme lui doit en voir des vertes et des pas mûres pour flipper complètement au point d'en perdre la raison.
Il a frappé de grands coups tout autour de lui, et il n'a même pas touché son agresseur. C'est impensable.
En plus, l'agresseur n'était pas armé.
Vu l'allonge de la branche, il aurait dû toucher son adversaire, ne serait-ce qu'une seule fois...
— D'après toi,
il faudrait combien d'hommes pour attaquer quelqu'un comme lui ?
— Qu'est-ce que j'en sais, moi ?
C'est toi l'expert.
Souviens-toi du temps où t'étais une petite frappe !
Combien aurais-je pris de potes pour aller lui casser la gueule ?
C'est une règle d'or, ça. Toujours être en grand nombre avant de chasser une grosse proie.
... À quatre, ça devrait aller.
Même si on n'est pas tous aussi forts que lui, on devrait pouvoir le maîtriser.
— Il y avait donc plusieurs agresseurs, c'est sûr.
Il faudrait trouver un groupe de quatre personnes ou plus, éméchées par la fête...
...Hmm. Au moins quatre.
Mais en même temps, s'ils étaient quatre ou même plus, pourquoi ne pas avoir déplacé le corps de façon à ce qu'il ne soit pas trouvé si facilement ?
Ou bien alors... peut-être s'est-il enfui ? Il serait mort en chemin...
Non, ça n'a pas de sens, il ne se serait pas suicidé.
De toute façon, il est mort d'une manière tellement louche, on croirait un scénario de film...
Il y a trop de choses incompréhensibles dans cette affaire.
— Oui, moi aussi c'est ce qui m'intéresse le plus.
J'ai vraiment poussé les analyses à fond, mais... Je doute que ça nous fasse découvrir grand'chose.
Ne t'attends pas à un miracle. C'est la première fois qu'une affaire pareille se présente.
— Ne t'en fais pas, je ne me fais pas d'espoirs.
Par contre, je suis curieux de lire le rapport du labo.
— M. Ôishi !
Le chef veut vous voir dans son bureau !
— Ah, désolé, il faut que j'y aille. On se voit l'année prochaine, même date, même heure ?
— Ouais.
Allez va, bonne et heureuse année !